En se fixant l’objectif d’atteindre 20 millions de Français ayant reçu une 1ère injection de vaccin anti-Covid mi-mai puis 30 millions mi-juin, l’exécutif s’est mécaniquement imposé une pression importante sur sa campagne vaccinale qui, depuis son lancement en début d’année, a essuyé, comme ailleurs en Europe, de nombreuses difficultés. Entre la polémique sur les effets secondaires des vaccins à vecteur viral AstraZeneca et dans une moindre mesure Janssen – qui ont suscité une défiance dans l’opinion – les livraisons de doses, le manque de créneaux dans certains centres, la campagne de vaccination française est éminemment complexe là où les variants du coronavirus nous obligent à aller vite. Mais elle avance, notamment avec l’ajustement du calendrier et l’élargissement à de nouveaux publics en attendant la date du 15 juin pour la vaccination généralisée. Et lorsque l’on regarde nos voisins européens, il n’y a pas à rougir.
Plutôt que le chiffre de 20 millions qui sera atteint dans quelques jours, il faudrait davantage se concentrer sur deux aspects qui touchent à la vaccination mais aussi à la sortie de crise. À l’heure où chacun est invité à se connecter sur Doctolib ou ViteMaDose pour réserver des créneaux, il ne faudrait pas oublier les publics en précarité numérique, personnes ne disposant pas de connexion à internet ou manquant de compétence de base pour manier les outils informatiques – cet illectronisme compte 13 millions de Français. « Les exclus du numérique seront-ils les exclus de la vaccination ? » s’interrogent ainsi les associations WeTechCare et Emmaüs Connect qui luttent contre la fracture numérique.
Autre élément à prendre en compte : les inégalités sociales et territoriales. On a vu ces dernières semaines des personnes âgées éligibles aux vaccins mais vivant seules dans leurs villages, loin des centres de vaccination. Heureusement, certaines collectivités ont lancé des vacci-bus pour les atteindre.
Prendre en compte ces publics fragiles, désireux de se faire vacciner, est non seulement une exigence d’égalité citoyenne mais aussi un élément clé pour tenter d’atteindre l’immunité collective. Une immunité collective de plus en plus compromise avec des variants qui repoussent le taux nécessaire de personnes vaccinées ou immunisées. D’où la nécessité de tout faire pour arriver à la vaccination pour tous, vite.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 12 mai 2021)