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Articles

Affichage des articles du mai, 2019

D'une fraude à l'autre

La fraude aux prestations sociales est un fléau et il est évident qu'il faut la combattre. Ceux qui trichent se mettent hors la loi en s'appropriant indûment l'argent des autres assurés et, surtout, ils pervertissent le principe de prestations pensé à la Libération et qui bénéficie depuis à tous les Français. Il est donc heureux que l'État, depuis une dizaine d'années, ait mis davantage de moyens pour permettre d'effectuer des contrôles. Ceux-ci sont d'ailleurs capitaux car ils permettent de séparer les allocataires de bonne foi qui, par oubli, inadvertance ou en raison de la complexité des documents administratifs, se voient verser un trop perçu, des fraudeurs «professionnels», qui, eux, mettent au point des stratagèmes insensés pour parvenir à s'accaparer des aides sociales qu'ils ne devraient pas toucher. Pour les premiers, un droit à l'erreur paraît logique et un meilleur accompagnement de ces personnes dans les arcanes administratifs

Le chemin de l'alternative

Une rapide analyse des résultats des élections européennes dimanche soir ne prêtait guère à la confusion : le Rassemblement national de Marine Le Pen et La République en marche d'Emmanuel Macron imposent leur domination sur le paysage politique français. À moins d'un point d'écart, les deux formations ont fait le vide autour d'elles. Comme une réplique de l'élection présidentielle qui avait laminé la gauche en 2017, le scrutin européen a lessivé cette fois la droite républicaine. Déjà absente du second tour de la présidentielle, la voilà dans les limbes d'un score à un chiffre historiquement bas, ses électeurs ayant fui vers LREM ou vers le RN. Les Républicains rejoignent ainsi un champ de ruines où l'on trouve désormais toutes les autres formations, y compris La France insoumise. Quant au bon score des Verts, on pouvait l'attribuer à la nature de cette élection européenne qui leur est traditionnellement favorable. Bref, pour les années à venir, la p

Ambition partagée

Le hasard aura voulu que trois jours après des élections européennes marquées par le questionnement sur l'avenir de l'Union, l'on fête ce mercredi les 50 ans d'Airbus. Certes, la date anniversaire du groupe aéronautique a été sélectionnée parmi d'autres possibilités, mais le choix de célébrer la signature, le 29 mai 1969, de l'accord gouvernemental entre Paris et Berlin pour lancer le premier programme de l'avionneur, l'A300 B, est intéressant car il permet de souligner combien la grande aventure d'Airbus est à la fois humaine, technique, industrielle et politique. Et combien, dès lors, cette aventure constitue un triple exemple inspirant pour l'avenir. Exemple d'abord de la capacité de l'Europe à s'unir autour d'un grand projet. Dans un monde où la guerre commerciale et économique fait rage entre les États-Unis et la Chine, où les Gafam ont la puissance d'États, seule l'Union européenne constitue le cadre qui p

Cinéma vérité

« La Grande bouffe » de Marco Ferreri en 1973, « Sous le soleil de Satan » de Maurice Pialat en 1987, « Crash » de David Cronenberg en 1996, « Antichrist » de Lars von Trier en 2009 : à chaque décennie, le festival de Cannes a été marqué par des films polémiques. Sans parler des à-côtés… Entre strass et paillettes, entre starlettes et caprices de stars, entre Bardot et Marceau, Adjani et Madonna, entre déclarations sulfureuses et accidents de tapis rouge, entre soirées arrosées et montées des marches, entre moments sublimes et farces ridicules, entre palais des festivals et palaces glamour de la French Riviera, en quinze jours sous le soleil et les palmiers de la Croisette, Cannes devient le précipité de tout ce qui fait le cinéma, sa beauté, ses excès, ses fulgurances, ses provocations, ses réflexions et, donc, ses polémiques. Celle qui entoure le film d'Abdellatif Kechiche, « Mektoub my love. Intermezzo » – comme celle qui touchait la semaine dernière la palme d'or d

Ne pas se tromper d'élection

On aura suffisamment déploré que la campagne électorale pour les élections européennes de dimanche n'ait jamais vraiment décollé – boudée par les Français, enlisée dans des polémiques, des punchlines, des slogans qui se veulent chocs, des bourdes à répétition, bref des batailles picrocholines politiciennes typiquement françaises – pour admettre, in fine, qu'il y a pourtant bel et bien des idées sous le brouhaha. Extrémistes, souverainistes, progressistes, environnementalistes, socialistes, communistes, fantaisistes et même animalistes : oui, il suffit de se plonger dans les professions de foi des candidats pour constater un foisonnement de propositions dont nous publions aujourd'hui une synthèse. Certes, l'opération, convenons-en, peut être rébarbative. Mais on ne peut pas à la fois se plaindre, de salons feutrés en ronds-points repeints en jaune, qu'il y a un déficit de démocratie en France et refuser de faire a minima son devoir de citoyen en s'informant a

Petits princes du rap

Il est toujours émouvant de voir se concrétiser un rêve de gosse. Pour Florian et Olivio Ordonez, alias Bigflo & Oli, 26 et 23 ans, c'est vendredi et samedi que le «miracle» aura lieu au Stadium de Toulouse. Pour les deux frangins de la Ville rose, ce qui n'était qu'une boutade va se transformer en deux concerts événements. Deux concerts qui couronnent – provisoirement bien sûr – une carrière fulgurante d'à peine huit ans dont les titres des albums – tous disques de platine – semblent marquer leur marche vers le succès : «La cour des grands», puis «La vraie vie», et l'an passé «La vie de rêve». Durant ces deux jours, ce sont d'abord les enfants du pays que l'on va célébrer, les pitchouns des Minimes qui, d'évidence, mettent leurs pas dans ceux de leur illustre prédécesseur Claude Nougaro dont ils ont d'ailleurs participé au Prix éponyme. Eux aussi castagnent avec les mots, avec les rimes, avec des flows. On fêtera aussi deux artistes déso

Question de respect

Le coup de théâtre survenu lundi soir dans l'affaire Vincent Lambert, où la cour d'Appel de Paris a demandé que les soins interrompus le matin même soient rétablis afin qu'un comité de l'ONU se penche sur onze années de procédure, impose de poser, plus encore que la question de la dignité ou de la décence, celle du respect de l'être humain. D'abord le respect de Vincent Lambert lui-même. Est-ce que diffuser sur les réseaux sociaux une vidéo de ce tétraplégique volée à son intimité sur son lit d'hôpital est respectueux de sa personne ? Est-ce que faire hurler une foule militante « on a gagné » est respectueux de ce patient en état végétatif irréversible ? Est-ce respectueux des personnels soignants qui se relaient à son chevet et seraient donc considérés comme des ennemis, des criminels, des « nazis » ? Est-ce qu'entendre les parents parler de « victoire » et voir leur avocat jubiler et parler de « remontada » comme s'il s'agissait d'un

Mobilité durable

Bis repetita, retour à la case départ : les prix des carburants à la pompe atteignent en ce moment de nouveaux records, plus élevés encore qu'en novembre dernier, où la flambée des prix avait alors déclenché le mouvement des Gilets jaunes. Une hausse qui tombe évidemment très mal pour le gouvernement même si, comme l'avait dit trivialement Emmanuel Macron, «c'est pas Bibi» qui en est responsable. De fait, cette hausse est avant tout due aux nombreuses tensions géopolitiques en Iran, en Libye, ou encore au Venezuela. Des tensions avivées par la politique étrangère de Donald Trump – le président américain profitant de voir les Etats-Unis et leur dollar fort redevenir premier producteur mondial de pétrole – et par les choix des pays de l'Opep qui réduisent leur production pour faire grimper le prix du baril. Un prix qui pourrait d'ailleurs continuer à grimper selon les spécialistes. Face à cette nouvelle donne, la France – où les taxes représentent plus de 60 % d

Respect

Photo Marine nationale Ce n'est malheureusement pas la première fois que des militaires meurent au cours d'une mission conduite dans le cadre d'une opération extérieure (Opex) de la France. De l'Afghanistan au Mali, de Chammal à Barkhane, de nombreux régiments ont été endeuillés, et notamment ceux de notre région. Si la mort des maîtres Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, deux commandos très expérimentés, hier lors de l'opération de libération des otages enlevés au Bénin, nous touche encore davantage, c'est en raison de l'unité à laquelle ces militaires appartenaient : le commando Hubert. Descendant direct du commando Kieffer, première unité spéciale de la France libre créée en 1942 en s'inspirant des unités britanniques, ce commando d'action sous-marine (CASM) est devenu au fil des ans le summum des forces spéciales françaises – homologue de la SEAL Team Six américaine – dont l'histoire accompagne l'Histoire avec un grand H.

Temporalités

Photo compte twitter d'Emmanuel Macron Des deux premières années d'Emmanuel Macron à l'Elysée, dont il vient de célébrer mardi en toute discrétion l'anniversaire, tout aura été dit. Certains y voient la «malédiction des deux ans» qui, toutes proportions gardées, a touché tous les présidents de la Ve République. Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande ont ainsi chacun accusé une violente chute de popularité deux ans après leur élection en raison de choix, de renoncements, de demi-tours ou d'attitudes personnelles pris aux antipodes des promesses de campagne. Emmanuel Macron n'échappe pas à la règle, lui qui promettait d'en finir avec les pratiques de l' « ancien monde », de présider autrement, de toujours « faire ce qu'il dit et dire ce qu'il fait », de conduire une politique et de droite et de gauche. Les deux premières années montrent au contraire qu'est à l'œuvre une politique sociale-libérale, centriste, « ni de gauche, ni de gau

Sang-froid

Photo compte Instagram de la Police nationale De la prise d'otages qui s'est déroulée mardi dans un bar-tabac de Blagnac et qui s'est terminée de façon heureuse après sept heures d'angoisse, sans blessés, on peut d'ores et déjà dire qu'elle constitue une leçon de sang-froid. Sang-froid des victimes tout d'abord. Même si le preneur d'otages, selon leurs propres dires, n'a pas été violent, la séquestration sous la menace d'une arme – fut-elle factice comme on l'a découvert hier – est une expérience difficile, qui peut laisser des traces psychologiquement. Les quatre femmes ont fait preuve – les images du forcené le montrent – d'une admirable maîtrise de soi. Sang-froid ensuite des forces de l'ordre. Que ce soient les policiers locaux, ceux de la BRI ou de l'unité d'élite du RAID, chacun a montré l'étendue de son professionnalisme alors même que l'on ne connaissait pas les motivations du jeune preneur d'otag

Ethique

Qui n'a pas entendu parler de l'intelligence artificielle (IA ou AI en anglais) ? L'expression revient en boucle dans les médias, dans les publicités, comme argument marketing ou gage de modernité. Si l'IA est parfois exagérée voire galvaudée par certains – marques ou personnalités en manque de médiatisation – elle n'en est pas moins une réalité tout sauf artificielle, une véritable révolution industrielle et sociale plus importante encore que les précédentes que furent la machine à vapeur, l'électricité ou l'informatique. Car derrière les prouesses technologiques et scientifiques qui combinent algorithmes, données et calculs informatiques de grande ampleur se trouvent des enjeux économiques, géopolitiques, socioculturels colossaux. Et la bataille qui mobilise des milliards d'investissements a déjà commencé avec deux acteurs principaux : les États-Unis et la Chine, qui rivalisent d'innovations dans de nombreux domaines. Santé connectée, voiture

Vitesse et précipitation

S'il est un domaine où la moindre décision déclenche des débats sans fin et doit impérativement s'accompagner d'un patient travail de pédagogie auprès des Français, c'est bien celui de la sécurité routière. En oubliant cela et en confondant vitesse et précipitation pour la mise en œuvre, le 1er juillet 2018, de l'abaissement à 80 km/h de la limitation de vitesse sur les routes secondaires, le Premier ministre Edouard Philippe – pourtant élu de terrain madré – a sans doute commis une erreur. En envisageant dimanche des « aménagements » sur « la manière dont on peut faire en sorte qu'il n'y ait pas une application brutale, uniforme », selon l'expression de Sibeth Ndiaye, le gouvernement a fini par reconnaître l'évidence : la limitation à 80 km/h est une affaire autant politique que de sécurité routière. Politique évidemment. Si la mesure, voulue par Edouard Philippe – qui a contraint Emmanuel Macron à l'endosser – est devenue très vite impopu