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Ambition partagée






Le hasard aura voulu que trois jours après des élections européennes marquées par le questionnement sur l'avenir de l'Union, l'on fête ce mercredi les 50 ans d'Airbus. Certes, la date anniversaire du groupe aéronautique a été sélectionnée parmi d'autres possibilités, mais le choix de célébrer la signature, le 29 mai 1969, de l'accord gouvernemental entre Paris et Berlin pour lancer le premier programme de l'avionneur, l'A300 B, est intéressant car il permet de souligner combien la grande aventure d'Airbus est à la fois humaine, technique, industrielle et politique. Et combien, dès lors, cette aventure constitue un triple exemple inspirant pour l'avenir.

Exemple d'abord de la capacité de l'Europe à s'unir autour d'un grand projet. Dans un monde où la guerre commerciale et économique fait rage entre les États-Unis et la Chine, où les Gafam ont la puissance d'États, seule l'Union européenne constitue le cadre qui peut permettre à ses pays membres de jouer un rôle dans la cour des grands pour peu que de grands projets voient le jour. Airbus est à cet égard une réussite de collaboration et ce n'est évidemment pas un hasard si aujourd'hui on parle de lancer un Airbus du rail, un Airbus des batteries ou de l'intelligence artificielle.

Exemple ensuite de l'alliance entre le savoir-faire des ingénieurs et le pragmatisme des dirigeants. Airbus a été maintes fois innovant pour ses avions, ses cockpits, sa vision de l'aéronautique et le groupe s'est donné les moyens de mettre en œuvre une organisation qui relevait de la gageure. Faire travailler ensemble plusieurs pays, assembler des avions dont les pièces sont fabriquées en différents lieux en Europe : ce mécano inouï est devenu une réalité puis une réussite.

Enfin, Airbus est un exemple de développement économique dans le sens où, sur les territoires où se situent ses usines, il entraîne dans son sillage tout un écosystème. Toulouse, patrie de Latécoère et de l'Aéropostale, a ainsi acquis la dimension de capitale européenne de l'aéronautique grâce à Airbus et à tous ses sous-traitants.

Aujourd'hui à midi, alors qu'Airbus a livré il y a quelques jours son 12000e avion, les Toulousains lèveront les yeux au ciel pour regarder toute la flotte des avions d'Airbus accompagnée par la patrouille de France. Mais c'est bien toute l'Europe qui va saluer avec fierté 50 ans d'ambition partagée.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 29 mai 2019)

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