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Sang-froid

raid
Photo compte Instagram de la Police nationale


De la prise d'otages qui s'est déroulée mardi dans un bar-tabac de Blagnac et qui s'est terminée de façon heureuse après sept heures d'angoisse, sans blessés, on peut d'ores et déjà dire qu'elle constitue une leçon de sang-froid.

Sang-froid des victimes tout d'abord. Même si le preneur d'otages, selon leurs propres dires, n'a pas été violent, la séquestration sous la menace d'une arme – fut-elle factice comme on l'a découvert hier – est une expérience difficile, qui peut laisser des traces psychologiquement. Les quatre femmes ont fait preuve – les images du forcené le montrent – d'une admirable maîtrise de soi.

Sang-froid ensuite des forces de l'ordre. Que ce soient les policiers locaux, ceux de la BRI ou de l'unité d'élite du RAID, chacun a montré l'étendue de son professionnalisme alors même que l'on ne connaissait pas les motivations du jeune preneur d'otage. Dans une agglomération toulousaine qui reste marquée par l'affaire Merah, dans un pays qui vit toujours sous la menace terroriste, il est capital de pouvoir compter sur des forces de sécurité sérieuses, solides, mesurées et au final très efficaces dans la gestion des crises.

Sang-froid ensuite des médias. Les leçons de la couverture des attentats depuis 2015 ont été tirées, particulièrement par les chaînes d'information en continu. La prise d'otages de Blagnac a été couverte, d'évidence, avec moins de sensationnalisme facile, moins de précipitation, moins de spéculations hasardeuses. À l'heure des fake news et de la défiance du public envers les médias, cette pondération participe de la crédibilité des journalistes.

Sang-froid enfin du personnel politique, parfois prompt à sur-réagir. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, sévèrement critiqué pour sa communication fallacieuse sur la prétendue «attaque» de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière par des manifestants le 1er mai, s'est montré cette fois très réservé. Pas de déplacement en urgence sur le terrain et encore moins de tweets écrits à l'emporte-pièce.

Ce sang-froid doit désormais être observé par tous les acteurs afin de laisser l'enquête déterminer les motivations exactes du jeune preneur d'otage, mettre au jour d'éventuelles complicités, pour que la justice fasse son travail, sereinement.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 9 mai 2018)

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