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Articles

Affichage des articles du janvier, 2021

La France à cran

  Il aura suffi d’une voix, aussi douce que déterminée, pour mettre des mots sur ce que les Français ressentent à la veille d’un troisième confinement présenté comme inéluctable mais qui n’en finit pas de se faire attendre. Cette voix, c’est celle de Niels Arestrup. Invité au 20 heures de France 2 dimanche dernier à témoigner du désarroi du monde de la culture, le comédien a livré sa vision de la situation et son appréciation des restrictions sanitaires qui pèsent sur nous tous. « Je crois que les Français sont drôlement gentils, depuis un bon moment. Depuis pratiquement une année. Ils font tout ce qu’on leur demande, tous les efforts qu’ils peuvent. […] Il faut être gentil avec les gens qui vivent ça et qui acceptent ça. Ce ne sont pas des procureurs. Ce sont surtout des victimes ». Des propos renvoyant à la petite phrase d’Emmanuel Macron qui déplorait de devoir gouverner « 66 millions de procureurs »… Des propos, surtout, qui ont eu beaucoup d’écho sur les réseaux sociaux, et parfoi

Tragique

Face au drame qui a frappé mardi soir le village de Senouillac, c’est bien sûr l’émotion et la compassion avec la famille de la victime qui affleure en chacun de nous. Sandra Vicente, dont la force, la détermination et l’engagement auprès des autres en général et de ses concitoyens en particulier forçaient l’admiration, n’aurait pas dû perdre la vie dans des circonstances aussi tragiques. Vraisemblablement blessée par ses chiens, cette jeune élue handicapée n’a peut-être pas eu la possibilité ou la force de se protéger, de se défendre depuis son fauteuil roulant. L’enquête devra déterminer plus précisément les circonstances du drame, trouver l’élément déclencheur qui a poussé les chiens, deux rottweillers, à se retourner contre leur maîtresse. Ce drame convoque immanquablement, aussi, le souvenir d’une autre affaire récente : celle d’Elisa Pilarski, fin 2019. Cette jeune femme de 29 ans, enceinte avait été mortellement mordue par son chien Curtis, un American Staffordshire terrier, sel

Comment préparer demain

Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance et son collègue Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, sont un peu le yin et le yang du gouvernement. L’économie et la santé, la santé et l’économie. Depuis un an et le début de la pandémie de Covid-19, l’économie a dû s’effacer devant la santé, au nom du principe humaniste selon lequel il fallait privilégier à toute autre considération la vie des Français, quels qu’ils soient, quel que soit leur âge. D’autres pays ont fait le choix inverse, comme les Etats-Unis de Donald Trump : le résultat est sans appel et l’Amérique est devenue le pays le plus endeuillé du monde avec 400 000 morts… Mais si la santé est la priorité numéro un, l’économie reste la préoccupation majeure du gouvernement. Pour éviter son "écroulement", selon le mot terrible mais juste de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe, Emmanuel Macron, déjà bousculé dans ses certitudes par la crise des Gilets jaunes, a dû complète

Réparer l'Amérique

La tâche qui attend Joe Biden, investi aujourd’hui à midi comme 46e président des Etats-Unis dans un Washington bunkérisé, est immense. Après les quatre années de bruit et de fureur de la présidence du républicain populiste Donald Trump, l’ancien vice-président de Barack Obama a pour mission de réparer une Amérique qui n’a jamais été aussi divisée, polarisée, abîmée. Après quatre années de tweets en majuscules, d’outrances, d’invectives, de fake news, de mensonges éhontés de la part du milliardaire qui n’a pas concédé sa défaite, qui affirme toujours sans preuve que l’élection lui a été volée et qui a chauffé à blanc ses partisans, les incitant à envahir le Capitole, temple de la démocratie, Joe Biden va devoir réconcilier ses concitoyens mais aussi réconcilier l’Amérique avec le monde. Le natif de Scranton (Pennsylvanie) n’a ni le charisme d’un Obama, ni la jeunesse d’un Kennedy, ni l’aura d’un Roosevelt. Mais Joe Biden, qui se présente en normal guy proche des gens, a pour lui une vi

Quand l’intendance ne suit pas

  Certains diront que le gouvernement joue de malchance avec le vaccin contre le Covid-19, d’autres qu’il paye là son impréparation de la campagne vaccinale par rapport à ce qu’ont fait d’autres pays européens. Toujours est-il qu’à l’heure où la défiance de l’opinion envers les vaccins s’est enfin inversée – 54 % de nos concitoyens se déclarent désormais prêts à se faire vacciner, contre 39 % à peine fin décembre, selon un sondage Ifop-Lemon paru ce week-end – et donc que l’exécutif pourrait se réjouir d’avoir gagné la bataille, capitale, de l’opinion, le voilà confronté à une nouvelle tuile : une possible pénurie de doses du vaccin Pfizer-BioNTech et la colère des élus locaux… Les difficultés de production rencontrées par les deux laboratoires ne sont bien sûr pas le fait du gouvernement, d’autant plus que l’approvisionnement s’est fait pour chaque pays au niveau européen. Mais cette crainte de manquer de doses – que Pfizer-BioNTech a tenté d’atténuer ce week-end en promettant un reto

La bataille de l’opinion

  Dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19, l’humanité a remporté une première bataille : celle de trouver des vaccins en un temps record. Là où il faut habituellement plusieurs années pour mettre au point un vaccin, les scientifiques du monde entier ont réalisé des prouesses grâce à une mobilisation et une collaboration internationales exceptionnelles pour livrer en un an plusieurs vaccins. Qu’ils utilisent des techniques traditionnelles ou la nouvelle méthode de l’ARN messager – méthode étudiée toutefois depuis plus de dix ans – ces vaccins, dont les homologations ont respecté tous les protocoles de sécurité, notamment en Europe et donc en France, constituent aujourd’hui la seule arme dont nous disposons pour sortir de cette pandémie qui a mis le monde à genoux. Mais il reste encore la seconde bataille à mener : celle de l’opinion. Si la rapidité de mise au point des vaccins peut susciter de légitimes questions pour lesquelles les autorités peuvent apporter des réponses claires, d

Dilemme

  Dans sa gestion de l’épidémie de Covid-19, le gouvernement se trouve confronté à un dilemme. Au vu des cartes épidémiologiques, la France, en effet, est comme coupée en deux entre un côté Ouest où le coronavirus circule modérément, et un côté Est où les cas de Covid-19 s’emballent au point d’inquiéter les soignants quant à une rapide saturation des hôpitaux, comme lors de la première vague du printemps. Dès lors, faut-il réagir de façon uniforme sur tout le pays avec les mêmes mesures restrictives, inéluctables pour faire face à une troisième vague, ou bien faut-il cette fois régionaliser les réponses avec des mesures différentes d’une région à l’autre ? Choix d’autant plus cornélien qu’il n’y a pas de bonne réponse. En choisissant depuis le début de l’épidémie une gestion centralisée et nationale – à quelques exceptions près comme les couvre-feux des métropoles en octobre ou le renforcement de l’actuel couvre-feu dans une vingtaine de départements de l’Est – l’exécutif a souvent été