Accéder au contenu principal

Dilemme

 

virus

Dans sa gestion de l’épidémie de Covid-19, le gouvernement se trouve confronté à un dilemme. Au vu des cartes épidémiologiques, la France, en effet, est comme coupée en deux entre un côté Ouest où le coronavirus circule modérément, et un côté Est où les cas de Covid-19 s’emballent au point d’inquiéter les soignants quant à une rapide saturation des hôpitaux, comme lors de la première vague du printemps. Dès lors, faut-il réagir de façon uniforme sur tout le pays avec les mêmes mesures restrictives, inéluctables pour faire face à une troisième vague, ou bien faut-il cette fois régionaliser les réponses avec des mesures différentes d’une région à l’autre ?

Choix d’autant plus cornélien qu’il n’y a pas de bonne réponse. En choisissant depuis le début de l’épidémie une gestion centralisée et nationale – à quelques exceptions près comme les couvre-feux des métropoles en octobre ou le renforcement de l’actuel couvre-feu dans une vingtaine de départements de l’Est – l’exécutif a souvent été critiqué mais peut avancer l’efficacité des confinements nationaux passés. Après tout, la gestion décentralisée de l’épidémie en Allemagne par les Länder était donnée en exemple… avant que la deuxième vague ne frappe plus durement nos voisins, handicapés par leurs mesures régionales non coordonnées.

A contrario, face à cette France coupée en deux, beaucoup d’élus locaux réclament d’avoir davantage de prérogatives avec un argument imparable : pourquoi, par exemple, la Bretagne épargnée devrait subir les mêmes restrictions draconiennes que le Grand Est, en pleine flambée épidémique ? Les régions poussent d’autant plus en ce sens qu’au printemps, elles ont montré plus d’agilité que l’Etat pour commander et obtenir les masques qui faisaient tant défaut.

De fait, l’épidémie remet au centre l’éternel débat entre gestion girondine ou jacobine du pays. Il ne sera sans doute pas tranché en cette année d’élections régionales, mais nul doute qu’il reviendra dès que l’épidémie sera vaincue.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 3 janvier 2021)

Posts les plus consultés de ce blog

Guerres et paix

La guerre menace encore une fois le Pays du Cèdre, tant de fois meurtri par des crises à répétition. Les frappes israéliennes contre le sud du Liban et les positions du Hezbollah ravivent, en effet, le spectre d’un nouveau conflit dans cette Terre millénaire de brassage culturel et religieux. Après quinze années de violence qui ont profondément marqué le pays et ses habitants (1975-1990), la paix est toujours restée fragile, constamment menacée par les ingérences étrangères, les divisions communautaires et une classe politique corrompue. La crise économique sans précédent qui frappe le pays depuis 2019, puis l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en 2020, symbolisant l’effondrement d’un État rongé par des décennies de mauvaise gouvernance, ont rajouté au malheur de ce petit pays de moins de 6 millions d’habitants, jadis considéré comme la Suisse du Moyen-Orient. Victime d’une spectaculaire opération d’explosion de ses bipeurs et talkies-walkies attribuée à Israël, le Hezbollah – ...

Vaccin et vigilance

La résurgence de la coqueluche en France comme ailleurs en Europe a de quoi inquiéter. En France depuis le début de l’année, un total provisoire de 28 décès a été rapporté à Santé Publique France, dont 20 enfants (18 de moins de 1 an) et 8 adultes (de 51 à 86 ans mais dont la coqueluche n’était pas indiquée comme première cause de décès). La circulation de la bactérie Bordetella pertussis, principale cause de la coqueluche, est si importante que les autorités s’attendent à de nouveaux cas à venir dans les prochains mois. Car la coqueluche est extrêmement contagieuse, une personne contaminée pouvant transmettre la maladie à 15 autres en moyenne… Et si elle a longtemps été considérée comme une maladie de la petite enfance, elle peut être sévère à tous les âges, voire mortelle pour les nourrissons, non ou partiellement vaccinés, et les personnes à risque telles que les femmes enceintes et les personnes âgées. Ce n’est pas la première fois que l’on est confronté à une résurgence de la coqu...

En marche

    Depuis douze siècles des pèlerins convergent vers Saint-Jacques-de-Compostelle qui, avec Jérusalem et Rome, est l’un des lieux des trois grands pèlerinages de la Chrétienté. Mais ceux qui marchent aujourd’hui sur les chemins de Compostelle ne le font pas seulement au nom de leur foi et n’arrivent pas forcément à la destination finale en Espagne. Les pèlerins du XXI e  siècle ne font souvent qu’une partie seulement de l’itinéraire millénaire avec des motivations bien plus diverses. Passionnés de randonnée pédestre, amoureux des paysages ou des monuments qui jalonnent le parcours désormais bien balisé et en partie classé au patrimoine mondial de l’Unesco, certains cheminent seuls, en couple ou en groupe pour accomplir une promesse personnelle, honorer un proche, rencontrer d’autres pèlerins de toutes nationalités ou tout simplement pour se retrouver soi-même. Car la marche est bonne pour le corps et l’esprit. « Les seules pensées valables viennent en marchant...