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Articles

Affichage des articles du janvier, 2019

Brexit sans fin

À soixante jours de la date officielle de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, on a l'impression chaque jour de vivre un Brexit sans fin… où les certitudes de la veille sont remises en cause dès le lendemain au gré de volte-face aussi spectaculaires qu'incompréhensibles. Après avoir subi une défaite historique et humiliante mi-janvier sur un accord de Brexit dont elle ne cessait d'expliquer qu'il était «le meilleur possible» et n'était «pas renégociable», voilà l'insubmersible Theresa May qui est parvenue à obtenir du parlement de Westminster… un nouveau vote pour renégocier le «backstop», ce fameux «filet de sécurité» devant éviter le retour d'une frontière physique entre le nord et le sud de l'Irlande. Une renégociation qui serait la condition à la signature britannique de l'accord de divorce d'avec l'Union européenne. Et la Première ministre d'assurer repartir à Bruxelles pour encore négocier des aménagements «alternati

Equlibre

Le sens de l'Etat demande, on le sait, beaucoup de sang-froid, et s'accommode mal de la précipitation. On se souvient qu'aux plus belles heures du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le moindre fait divers tragique ayant ému l'opinion se traduisait les semaines suivantes par l'annonce d'une nouvelle loi… En voulant répondre aux violences – contre les commerces, les bâtiments publics et les forces de l'ordre – qui émaillent les manifestations de Gilets jaunes chaque samedi depuis le 17 novembre dernier, le gouvernement est bien évidemment dans son rôle. Mais il aurait sans doute dû y réfléchir à deux fois avant de reprendre à son compte – pour gagner du temps et rassurer les Français – une proposition de loi de la droite sénatoriale, rédigée par des parlementaires tenants de la ligne du «toujours plus» en matière sécuritaire. Voté par le Sénat en octobre 2018, ce texte, qui se voulait une réponse aux «Black blocs», a été écrit par Bruno Retailleau, président

Turbulences

La décision du groupe chinois Casil Europe de mettre en vente ses parts dans l'aéroport Toulouse-Blagnac, révélée mardi par La Dépêche du Midi, constitue un nouveau rebondissement dans la saga de la privatisation de l'aéroport toulousain. Surtout, les turbulences économiques et politiques qu'elle engendre vont bien au-delà de la Ville rose et deviennent un épineux dossier national dont le gouvernement se serait sans doute bien passé. À Toulouse, d'abord. La décision de l'actionnaire chinois – majoritaire avec 49,9 % – de se désengager du 3e aéroport français de province, plonge tous les acteurs dans l'incertitude, même si depuis l'arrivée de Casil, doutes et rumeurs courraient sur les projets réels des Chinois. En tout cas, cette décision confirme a posteriori les sévères remarques émises par la Cour des Comptes en novembre dernier sur les conditions de cette privatisation partielle, qui fut la première du genre en France. Dans leur rapport, les magist

Parcoursup du combattant

Depuis hier, des centaines de milliers de lycéens français doivent exprimer leurs vœux pour la suite de leurs études sur la plateforme Parcoursup qui inaugure là sa deuxième année de fonctionnement. Après avoir succédé à Admission post-bac (APB) – qui connaissait son lot de dysfonctionnements – sans avoir toutefois fait la preuve qu'elle fonctionnait mieux, Parcoursup a été modifié afin d'éviter les écueils de la première mouture, marquée par de longues listes d'attente pour certaines des quelque 14 000 formations proposées. Des modifications pour rendre le système plus rapide, moins discriminant géographiquement, avec un calendrier plus resserré mais qui restent à la marge. Le gouvernement entend bien, en effet, maintenir les principes qu'il s'était donnés : pas de tirage au sort et priorité aux meilleurs élèves et aux meilleurs dossiers quand la demande excède les capacités d'accueil dans une formation. Dès lors les mêmes critiques se font entendre cette

Passion française

Les chefs étoilés par le Guide Michelin 2019./ Photo Michelin. Année après année, depuis plus d'un siècle, la sortie d'une nouvelle édition du Guide Michelin reste un événement sur la planète de la gastronomie. Le Guide illustre, en effet, combien la bonne chère encensée depuis Rabelais, ses Gastrolâtres et son Gargantua, reste toujours cette passion française qui fait notre fierté et notre réputation partout dans le monde. Événement pour le grand public d'abord qui conserve pour le célèbre Guide une affection parfois nostalgique d'un temps où ce livre rouge était la seule et unique référence pour qui voulait bien manger, dans les grandes villes ou au bord des nationales. Le Guide – qui avait au faîte de sa gloire inspiré le film de Claude Zidi L'Aile ou la cuisse avec Louis de Funès patron d'un guide… Duchemin – a par ailleurs toujours su se renouveler, notamment pour faire face à la concurrence d'internet et ses multiples sites web où chacun peut l

Système(s)

Le procès du scandale de la viande de cheval qui s'ouvre aujourd'hui devant le tribunal correctionnel de Paris va bien au-delà d'un simple dossier d'escroquerie classique. Par son retentissement, son ampleur européenne – 13 pays concernés –, il dépasse la simple affaire audoise. Ce procès va devoir, en réalité, décrypter différents systèmes, industriels, médiatiques et politiques qui ont été au cœur d'un scandale agroalimentaire qui a marqué et choqué les Français ; et blessé aussi les professionnels de la région. Système industriel d'abord, bien évidemment. Si quatre hommes soupçonnés d'avoir participé à cette escroquerie comparaissent à la barre, ce procès va permettre de revenir sur la façon dont les circuits de la viande fonctionnaient il y a six ans – et fonctionnent peut-être toujours encore. À la faveur des lasagnes à la viande de cheval, on a, en effet, découvert que le marché international de la viande, par certains aspects, faisait penser à c

L'avertissement

Theresa May Une humiliation complète. Une défaite historique. Elle se bat pour sa survie. La presse britannique n'avait hier pas de mots assez durs pour décrire le vote dont le Parlement venait de rejeter l'accord sur le Brexit conclu entre sa Première ministre Theresa May et les 27 pays de l'Union européenne représentés par le Français Michel Barnier. Le Royaume-Uni se retrouve plongé dans l'incertitude la plus totale pour la suite et, de tous les scénarios, le «no deal», cette sortie sans accord, semble de plus en plus probable tant on voit mal comment pourrait émerger un «plan B.» L'hypothèse d'un nouveau référendum évoquée même hier par le pompier-pyromane Nigel Farrage, sinistre figure de proue du Brexit en 2016, relèverait autant de la farce que du déni de démocratie. Mais à quelque chose, malheur est bon. À quatre mois des élections européennes de mai, le vote de Westminster apparaît, en effet, comme une leçon, un avertissement à tous les citoyens

Sortir de sa bulle

Le Grand débat national qui a été lancé hier dans l'Eure par Emmanuel Macron sera-t-il une « invention démocratique » selon l'expression du philosophe Bernard-Henri Lévy, une «agora où peuvent advenir le combat des idées et la conquête de nouveaux droits» ? Ou bien l'Histoire n'en retiendra-t-elle qu'un artifice de communication d'un exécutif aux abois, qui n'aura été le prélude qu'à une nouvelle crise politique et institutionnelle plus dure encore que celle ouverte par les Gilets jaunes il y a deux mois ? Impossible pour l'heure de faire un tel pronostic sur cet outil inédit dans la Ve République. Un outil dont la mise en œuvre soulève presque autant de questions que n'en contenait la lettre aux Français d'Emmanuel Macron. Qui seront, vendredi, les cinq personnalités qui composeront le collège des garants de l'indépendance et de l'impartialité du Grand débat ? Les ministres Emmanuelle Wargon et Sébastien Lecornu – qui ne sont p

La forme et le fond

La forme, disait Victor Hugo, c'est le fond qui remonte à la surface. Dès lors on comprend mieux pourquoi Emmanuel Macron et le gouvernement s'attachent à organiser le plus méticuleusement, le plus clairement et le plus précisément possible le cadre du Grand débat qui s'ouvre aujourd'hui pour deux mois afin de trouver une sortie à la crise des Gilets jaunes. Car l'exécutif sait qu'après l'épreuve orale – les vœux du Président – et l'épreuve écrite – la lettre aux Français d'Emmanuel Macron publiée hier notamment dans La Dépêche – il n'y aura pas de session de rattrapage… Ainsi, après la défection surprise de Chantal Jouanno du pilotage du Grand débat, Emmanuel Macron et Edouard Philippe jouent cartes sur table. Deux ministres – qui ont mouillé le maillot dans la crise des Gilets jaunes – vont copiloter le débat, un comité de sages sera garant de sa bonne tenue, des référents à l'impartialité indiscutable seront nommés dans chaque départem