Accéder au contenu principal

Passion française

Michelin
Les chefs étoilés par le Guide Michelin 2019./ Photo Michelin.


Année après année, depuis plus d'un siècle, la sortie d'une nouvelle édition du Guide Michelin reste un événement sur la planète de la gastronomie. Le Guide illustre, en effet, combien la bonne chère encensée depuis Rabelais, ses Gastrolâtres et son Gargantua, reste toujours cette passion française qui fait notre fierté et notre réputation partout dans le monde.

Événement pour le grand public d'abord qui conserve pour le célèbre Guide une affection parfois nostalgique d'un temps où ce livre rouge était la seule et unique référence pour qui voulait bien manger, dans les grandes villes ou au bord des nationales. Le Guide – qui avait au faîte de sa gloire inspiré le film de Claude Zidi L'Aile ou la cuisse avec Louis de Funès patron d'un guide… Duchemin – a par ailleurs toujours su se renouveler, notamment pour faire face à la concurrence d'internet et ses multiples sites web où chacun peut laisser son avis sur le restaurant où il vient de manger.

Évènement ensuite pour les chefs eux-mêmes. Entrer dans le Guide Michelin avec un Bib et c'est une première consécration, une impulsion pour aller plus loin. Gravir ensuite les échelons pour décrocher une, deux puis trois étoiles et c'est comme obtenir le Graal, entrer dans la légende et dans le petit cercle de ces grands chefs qui ont marqué et marquent l'Histoire

Mais cette guerre pour obtenir – et conserver – ses étoiles, cette course effrénée qui se joue derrière les pianos comme en salle, financièrement coûteuse et psychologiquement éprouvante impose une pression immense aux chefs et à leurs brigades. Et cette «tyrannie» des étoiles peut parfois épuiser jusqu'au drame. Chacun garde en mémoire le suicide du chef étoilé Bernard Loiseau en 2003 au moment où il était en passe de perdre l'une de ses trois étoiles. Pour ne plus vivre sous cette pression constante, certains chefs renoncent aux étoiles comme Sébastien Bras, le chef aveyronnais triplement étoilé, qui a demandé il y a deux ans au Guide Michelin de ne plus le référencer.

Se libérer de la pression de la compétition permet alors de retrouver une pleine et entière liberté de création au service d'une clientèle qui a beaucoup évolué ces dernières années. Entre l'émergence de la bistronomie, des food-truck, des concours télévisés, des grands rendez-vous comme les Toqués d'Oc de La Dépêche, et le poids des réseaux sociaux, la gastronomie explore aujourd'hui de multiples chemins. Les étoiles du Michelin en sont un, toujours remarquable. Il y en a désormais bien d'autres et tous font vivre cette passion qui continue à faire de la France une référence dans une gastronomie mondiale sans cesse changeante.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 22 janvier 2019)

Posts les plus consultés de ce blog

Se préparer

Voilà un type de courbe que l’on n’avait pas vu depuis longtemps concernant le Covid-19 : une hausse, celle du nouveau variant du coronavirus EG.5. Baptisé Eris, ce cousin d’Omicron croît de façon vertigineuse dans le séquençage de cas positifs au Covid-19 en France comme dans d’autres pays. Beaucoup plus contagieux que ses prédécesseurs, Eris pourrait ainsi s’imposer et devenir majoritaire. Au point de relancer une pandémie mondiale que nous pensions derrière nous ? Nous n’en sommes évidemment pas là, mais l’apparition de ce nouveau variant, tout comme la possibilité de voir survenir des clusters de contamination comme cela vient de se produire aux fêtes de Bayonne, nous interroge légitimement. Même si la couverture vaccinale est bonne en France, la crainte de devoir revivre les conséquences sanitaires et socio-économiques d’un retour de la pandémie est bien dans les esprits. Peut-être aurions-nous dû écouter plus attentivement les spécialistes comme le directeur général de l’Organisa

Entaché

Dix ans après son départ du gouvernement Ayrault, Jérôme Cahuzac, l’ancien ministre du Budget de François Hollande, envisage-t-il son retour en politique ? En tout cas l’intéressé, condamné en appel à deux ans de prison pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, et frappé de cinq années d’inéligibilité, était hier sur le marché de Monsempron-Libos, non loin de Villeneuve-sur-Lot, la ville dont il a été le député et le maire.Fin octobre déjà il participait à une réunion, organisée à huis clos, quelques semaines après le lancement d’une association politique «Les amis de Jérôme Cahuzac». Récemment interrogé par Sud-Ouest pour savoir s’il préparait son retour politique, le septuagénaire, qui avait élu domicile en Corse où il pratiquait la médecine à l’hôpital de Bonifacio, s’est borné à répondre que «tout est une question de circonstances», faisant remarquer qu’ «on fait de la politique pour être élu et agir» et qu’il n’y avait pas d’élections avant 2026, date des prochaines m

Bien manger

C’est un petit logo qui nous est devenu familier lorsque nous faisons nos courses. Impulsé par un règlement européen (INCO) de 2014, établissant des règles pour informer les consommateurs sur la déclaration nutritionnelle ou la liste des ingrédients d’un produit, le Nutri-Score, ses cinq lettres de A à E et ses cinq couleurs de vert à rouge, est désormais bien ancré dans le paysage. De plus en plus présent sur le devant des emballages, on peut même dire que c’est un succès européen puisqu’il est présent non seulement en France, qui l’a introduit en 2017, mais également en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Espagne et même en Suisse, qui ne fait pourtant pas partie de l’Union européenne. Face à des étiquettes qui livrent la composition des produits écrite en tout petits caractères difficilement lisibles, certains consommateurs s’étaient déjà tournés vers des applications comme Yuka. Avec un smartphone, il suffit alors de scanner le code-barres d’un produit pour en a