Depuis hier, des centaines de milliers de lycéens français doivent exprimer leurs vœux pour la suite de leurs études sur la plateforme Parcoursup qui inaugure là sa deuxième année de fonctionnement. Après avoir succédé à Admission post-bac (APB) – qui connaissait son lot de dysfonctionnements – sans avoir toutefois fait la preuve qu'elle fonctionnait mieux, Parcoursup a été modifié afin d'éviter les écueils de la première mouture, marquée par de longues listes d'attente pour certaines des quelque 14 000 formations proposées. Des modifications pour rendre le système plus rapide, moins discriminant géographiquement, avec un calendrier plus resserré mais qui restent à la marge. Le gouvernement entend bien, en effet, maintenir les principes qu'il s'était donnés : pas de tirage au sort et priorité aux meilleurs élèves et aux meilleurs dossiers quand la demande excède les capacités d'accueil dans une formation.
Dès lors les mêmes critiques se font entendre cette année.
D'abord un manque de transparence en ce qui concerne les algorithmes qui classent les demandes des élèves. Celui de Parcoursup ne procède à aucune affectation quand celui d'APB prenait en compte la hiérarchie des vœux des lycéens. Face aux critiques l'an passé, le gouvernement avait donné les clés de l'algorithme national de Parcoursup… mais les algorithmes locaux utilisés dans chaque établissement étaient restés secrets. C'est ce secret qui pourrait bien tomber après que le défenseur des Droits Jacques Toubon a préconisé cette semaine que les critères de tri, potentiellement discriminatoires, doivent être rendus publics. C'est, d'évidence, la meilleure réponse à apporter pour lever le sentiment d'injustice ressenti par de nombreux lycéens, notamment ceux de quartiers populaires.
La seconde critique concerne les conditions même dans lesquelles les lycéens effectuent leurs choix. Car Parcousup reste un parcours du combattant. Plusieurs études publiées ces derniers jours montrent que les élèves – et avec eux leurs parents – sont stressés, perdus voire paniqués face à une procédure complexe qui engage leur avenir. La peur d'aller in fine dans une filière par défaut est bien là et elle est parfois source de découragement, voire d'abandon. Dès lors se pose la question de la préparation des élèves à la procédure, des moyens donnés à l'orientation.
Une enquête du Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco) montrait dernièrement qu'un jeune sur deux déclare ne pas avoir été bien accompagné par son établissement au sujet de l'orientation, et 18 % des 18-25 ans considèrent qu'ils n'ont pas eu le choix de leur orientation. Dès lors, il devient urgent de mettre en place des politiques qui permettent aux jeunes d'apprendre à s'orienter plutôt qu'être orienté, en bénéficiant d'un accompagnement réel et personnalisé.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 23 janvier 2019)