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Articles

Affichage des articles du janvier, 2025

Le choix des mots

   François Bayrou, professeur agrégé de lettres classiques, ancien ministre de l’Éducation nationale, biographe passionné d’Histoire, a trop d’expérience politique pour ignorer que le choix des mots est essentiel et que, comme le disait Albert Camus, « mal nommer les choses c’est participer au malheur du monde ». Lundi soir sur LCI, en reprenant l’expression « submersion » migratoire – fut-elle assortie d’un « sentiment » – sans distinguer d’ailleurs étrangers en situation régulière et immigrés en situation irrégulière, le Premier ministre, lesté de quarante ans de vie politique, ne pouvait ignorer que celle-ci était consubstantielle à l’extrême droite, employée dès 1986 par Jean-Marie Le Pen, et devenue depuis un marqueur indélébile du discours du Front puis du Rassemblement national. Le vice-président du RN Sébastien Chenu ne cachait d’ailleurs pas sa satisfaction, fanfaronnant que son parti « a gagné depuis très longtemps la bataille idéo...

"Retex" sur le Covid

Dans le monde de l’entreprise, le « Retex » est un processus devenu très courant. Retex comme « retour d’expérience » est une démarche d’analyse rétrospective d’une situation, d’un événement ou d’un projet afin d’identifier les points forts et les points faibles, les réussites et les échecs, le tout pour en tirer des enseignements afin d’améliorer les pratiques futures et surtout éviter de reproduire les mêmes erreurs. On aurait pu penser qu’Emmanuel Macron et ses gouvernements, si sensibles au management moderne des entreprises, se seraient précipités pour faire un Retex de leur gestion de la pandémie de Covid-19. Las ! Il n’en a rien été et, aux yeux du chef de l’État, de ses conseillers et de ses anciens ministres, la France ne s’en est finalement pas si mal sortie. Mais cette absence de Retex s’explique aussi et peut-être surtout par le déni dans lequel les acteurs du dossier se sont enferrés pour ne pas reconnaître que des erreurs ont bel et bien été commises au premier rang desqu...

Au défi du climat

Le système assurantiel français, autrefois pilier de résilience, vacille sous les assauts du changement climatique. Entre hausse vertigineuse des primes et multiplication des catastrophes naturelles, collectivités locales et citoyens peinent de plus en plus à se protéger. Une situation critique qui nous oblige à repenser profondément notre rapport à l’assurance et à l’adaptation climatique. Les chiffres de France Assureurs, dans leur rapport « Pour une France assurable » publié en mars dernier, sont accablants : 6 milliards d’euros par an en moyenne de sinistralité climatique sur les quatre dernières années, un montant 18 % supérieur aux prévisions établies pour 2050… et nous n’en sommes qu’en 2025. L’accélération du dérèglement climatique dépasse les scénarios les plus pessimistes, et le modèle assurantiel peine à encaisser le choc. Face à cela, les assureurs n’ont d’autre choix que d’augmenter les primes. Cette hausse, estimée entre 130 et 200 % d’ici 2050, rend l’assurance de plus e...

Besoin de justice

   Il y a un an, la colère paysanne née sur les terres d’Occitanie était bouleversée par le drame terrible du destin brisé d’une famille. À Pamiers, sur l’un de ces barrages érigés par les agriculteurs qui n’en pouvaient plus des difficultés auxquelles ils étaient confrontés, une mère et sa fille, Alexandra et Camille, perdaient la vie le 23 janvier 2024, fauchées au petit matin par un chauffard qui avait forcé le barrage pourtant dûment signalé. À la colère se sont ainsi ajoutés une immense émotion, ressentie par tous les Français, et un vif sentiment d’injustice face à un drame qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Un an plus tard et alors que va s’ouvrir le procès du chauffard, Jean-Michel Sonac, mari et père des victimes, témoigne dans nos colonnes de son chagrin, évidemment incommensurable, mais aussi de sa colère, intacte, et de sa détermination à obtenir justice. Justice pour Alexandra et Camille bien sûr, mais aussi peut-être justice pour les agriculteurs qui, depuis...

Charlie Hebdo : il y a dix ans, le choc de l’attentat, la France debout face au terrorisme et à la haine

  Il y a dix ans, le 7 janvier 2015, la France entrait dans un terrible tunnel d’attentats terroristes qui voulaient abattre votre démocratie, notre mode de vie, notre liberté de penser, de croire ou de ne pas croire, notre façon de vivre ensemble, nous tous, citoyens libres et égaux depuis la Révolution de 1789. Les terroristes de Daech ne seront pas parvenus à leurs fins parce qu’ils ont trouvé face à eux un peuple qui s’est levé, immensément résilient, soutenu par des pays du monde entier, prêts à résister à ses côtés face à l’obscurantisme. Cette force-là, les Français ne la percevaient peut-être pas encore en eux, en ce 7 janvier 2015, lorsque les notifications sur leurs smartphones, puis les flashs spéciaux des radios et des chaînes d’information en continu ont raconté l’impensable. La rédaction de Charlie Hebdo, l’impertinent hebdomadaire satirique, venait d’être attaquée dans ses locaux de la rue Nicolas Appert dans le 11 e arrondissement de Paris. Une rédact...

L'obsession présidentielle

  Ne demandez pas à Laurent Wauquiez, Gabriel Attal ou Jean-Luc Mélenchon s’ils pensent à la présidentielle en se rasant le matin ou si Marine Le Pen fait de même en se maquillant, la question, jadis posée à Nicolas Sarkozy lorsqu’il était vibrionnant ministre de l’Intérieur de Jacques Chirac, est aujourd’hui totalement superflue. Car les ténors politiques – même les plus improbables – ne pensent déjà qu’à la prochaine élection présidentielle, qu’elle se déroule dans le calendrier prévu en 2027 ou qu’elle soit anticipée si par extraordinaire Emmanuel Macron décidait de démissionner – ce qu’il a assuré ne pas vouloir faire. Depuis l’élection du président de la République au suffrage universel direct, décidée par référendum en 1962 par la volonté du général De Gaulle, et plus encore depuis le passage en 2000 du septennat au quinquennat avec l’inversion du calendrier – législatives en second – l’élection présidentielle est devenue l’élection qui commande tout, la clé de voûte de la vi...

Premier de cordée

  Après la censure du gouvernement de Michel Barnier, le plus bref de la V e  République – 91 jours ! – la nomination à Matignon de François Bayrou apparaissait comme plus solide que celle de l’ex-négociateur de l’Union européenne pour le Brexit. Les deux hommes ont certes le même âge, sont de la même génération et ont même appartenu aux Rénovateurs de la droite et du centre dans les années 90. Mais là où la nomination du LR Michel Barnier était le fruit d’un fragile compromis entre les partis présidentiels et Les Républicains qui faisait pencher bien trop à droite le gouvernement, celle de François Bayrou semblait ramener le barycentre gouvernemental davantage vers le centre, et donc à même de nouer plus facilement un dialogue avec la gauche de l’hémicycle. Le maire de Pau, principal allié d’Emmanuel Macron qui lui doit une large part de sa victoire en 2017, paraissait d’ailleurs se préparer depuis des années à Matignon, mettant en avant ses compétences et son expérience...

2025, ensemble

   Il y a un an nous commencions l’année 2024 avec l’intensification d’une nouvelle guerre au Proche-Orient, entre Israël et le Hamas. Avec celle, terrible, qui se déroule en Ukraine depuis bientôt trois ans, ces deux conflits, qui tous deux ont questionné autant nos valeurs démocratiques que notre conception de l’Homme et de ses Droits, ont bouleversé le monde. Dans cet Orient compliqué comme disait – déjà – De Gaulle, le conflit au Proche-Orient a impacté toute la région, rebattu la carte des alliances mondiale, entre l’Occident, le sud Global et la Russie et ses alliés, et conduit à ce qu’on n’imaginait pas : la chute – enfin ! – du régime de Bachar al-Assad en Syrie, cinquante ans d’une dictature sanglante et barbare. À ces guerres-là s’ajoutent celles dont on parle peu, ces guerres oubliées en Somalie, au Yémen, en République démocratique du Congo. Mais aussi des guerres internes terribles car silencieuses contre les femmes en Iran, en Afghanistan. Guerres conve...