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Affichage des articles du juin, 2022

Bien commun

Au cœur des années 70, les chocs pétroliers ont montré combien notre dépendance au pétrole pouvait peser sur les économies occidentales et le pouvoir d’achat des ménages. Quelque 50 ans plus tard, la guerre en Ukraine et le retour de l’inflation partout dans le monde montrent, à nouveau, combien notre dépendance aux énergies fossiles est problématique et combien il est urgent de diversifier nos sources d’énergie et engager une transition énergétique. Mais les problèmes que nous rencontrons avec l’or noir ne sont rien face aux défis que pose l’or bleu, c’est-à-dire l’eau. Fonte des neiges et des glaces, élévation du niveau de la mer qui engloutit déjà certaines îles, épisodes caniculaires plus intenses et plus longs – comme celui que la France vient de vivre, le plus précoce jamais enregistré – sécheresses plus dures, etc. Les conséquences du réchauffement climatique sur les réserves en eau et donc sur la vie des millions d’humains sur la planète sont de plus en plus tangibles et de plu

Révolution

 Après la mise en place de la ristourne du gouvernement sur le prix des carburants, en avril dernier, les automobilistes avaient pu souffler un peu. Mais depuis deux semaines, les prix du litre d’essence et, surtout, de gazole, ont largement dépassé à nouveau les 2 euros, le diesel revenant à son record historique de mi-mars. De quoi inquiéter les Français à l’approche des vacances. Si Emmanuel Macron a confirmé dans nos colonnes que la ristourne, qui devait s’arrêter le 31 juillet, sera prolongée en août, qu’adviendra-t-il à la rentrée ? Le gouvernement travaille sur un dispositif ciblé pour les gros rouleurs et les ménages modestes, mais quid de tous les Français qui doivent prendre leur voiture pour travailler ou tout simplement se déplacer lorsqu’ils habitent des zones rurales mal ou pas desservies par des transports en commun ? Car la hausse des carburants pourrait se poursuivre compte tenu du contexte international bousculé par la guerre en Ukraine, les sanctions pétrolières cont

Ultimatum

La réaction d’Emmanuel Macron sur le résultat des élections législatives de dimanche, qui lui ont infligé un sérieux revers en ne lui donnant qu’une majorité relative étriquée, était très attendue. Le chef de l’État, rétif à se faire dicter son agenda, a pris le temps de recevoir à l’Elysée mardi et hier les principaux chefs de partis présents à l’Assemblée pour esquisser la suite compliquée de ce quinquennat naissant. Chacun de ses interlocuteurs est ressorti de ces entretiens sans savoir précisément ce que le chef de l’État avait en tête, ni s’il allait enfin abandonner son exercice jupitérien et solitaire du pouvoir, ni quelle option il entendait privilégier pour gouverner le pays. Les uns évoquaient un gouvernement de coalition, d’autres des accords ponctuels selon les textes de loi, d’autres encore un bien hypothétique gouvernement d’union nationale. Au final, chacun se demandait si le Président avait bien entendu le message que les Français lui avaient adressé dans les urnes dima

Et si c'était une chance ?

De la situation politique totalement inédite sous la Ve République découlant du second tour des élections législatives, tout a (presque) été dit depuis dimanche. La tripartition de la vie politique française, constatée au premier tour de l’élection présidentielle, entre un bloc d’extrême droite, un bloc de centre-droit et un bloc de gauche, s’est retrouvée transposée à l’Assemblée nationale, en dépit du mode de scrutin censé empêcher une telle configuration de majorité très relative pour un président réélu huit semaines auparavant. C’est comme si les Français étaient parvenus à introduire la proportionnelle, serpent de mer de tous les gouvernements depuis sa dernière application entre 1986 et 1988. Alors que le président de la République est parti en quête d’alliés pour obtenir la majorité qui lui fait défaut pour entamer son second quinquennat, d’aucuns dans sa majorité s’alarment des « blocages », de la « paralysie », du « chaos » qu’ambitionneraient de provoquer, selon eux, des oppo

Mauvaises notes

Pas une semaine, pas une journée, pour certains d’entre nous, sans que l’on ne vous demande d’attribuer une note, de rédiger un commentaire sur un produit que l’on vient d’acheter sur un site d’e-commerce ou un service que l’on vient d’utiliser. Les étoiles d’Amazon, de Google ou de Tripavisor – qui a supplanté celles du Guide Michelin –, les notations et commentaires sur des repas livrés par Deliveroo ou Ubereats, des voyages effectués sur telle ou telle compagnie aérienne sont devenus omniprésentes dans nos vies numériques. Côté face, d’évidents avantages pour les consommateurs. Qui n’a jamais regardé les avis des autres avant d’acheter un produit ou ne s’est jamais détourné si celui-ci totalisait peu d’avis ou pas suffisamment d’étoiles ? Qui n’a jamais choisi un hôtel en fonction des commentaires des clients précédents qui racontent leur expérience, photos à l’appui ? Qui n’a jamais changé de choix de restaurant car celui-ci avait des commentaires négatifs ou préféré un établisseme

Le train de l'Histoire

 « Les Français arrivent tard à tout, mais enfin ils arrivent », disait Voltaire. Et c’est vrai que le déplacement d’Emmanuel Macron en Ukraine, hier, était attendu de longue date. Certains imaginaient que le président français, qui s’était rendu à Kiev avant l’invasion russe, y retournerait pour marquer la solidarité européenne, à l’instar du voyage éclair que fit François Mitterrand le 28 juin 1992 à Sarajevo, alors ville assiégée par un terrible blocus. Mais Emmanuel Macron a trop tardé et s’est fait devancer à Kiev par Boris Johnson et plusieurs autres dirigeants. D’aucuns ont estimé que le voyage du chef de l’État dans l’Est de l’Europe – entamé mardi auprès des soldats français de l’Otan en Roumanie – était à visée électoraliste à quelques jours du second tour des législatives, pour un Président incertain de retrouver une majorité absolue dimanche. Voire. Ces critiques très franco-françaises n’ont pas résisté à la force symbolique du déplacement effectué ensuite à Kiev par M. Mac

Trop optimistes

Après deux étés marqués par l’épidémie de Covid-19, c’est peu dire que les Français espéraient passer, cette année, des mois de juillet et d’août « normaux ». Se retrouver en famille et entre amis, savourer des vacances et, surtout, profiter pleinement des nombreux événements – concerts, festivals… – qui avaient été empêchés ou bousculés par une kyrielle de restrictions… La guerre en Ukraine et l’inflation qui grève le pouvoir d’achat jettent bien sûr une ombre au tableau, mais l’optimisme était de mise, l’insouciance presque à portée de main. Las ! Grave erreur. L’épidémie de Covid que nous avions chassée de nos têtes en même temps que nous tombions le masque était tapie dans l’ombre, prête à rebondir à la faveur d’un énième nouveau variant, d’un sous-lignage prompt à rallumer les contaminations. Nous y sommes et la perspective d’une nouvelle vague, la 7e en France, est devenue ces jours-ci très probable. « Le sentiment selon lequel la pandémie est terminée est compréhensible, mais er

Sortir du déni

Fin juillet 2021, la publication d’un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) expliquait que, désormais, deux régions du globe étaient devenues trop chaudes et donc inhabitables pour l’Homme, comme un symbole de l’avancée inexorable du réchauffement climatique de la planète. Jacobabad, au Pakistan, et Ras Al Khaimah, aux Émirats arabes unis, affichaient un indice « wet bulb » (température du thermomètre mouillé) supérieur aux 35° que peut supporter un être humain. En mars dernier, la Nasa extrapolait et établissait que d’autres zones en Asie du Sud, dans le golfe Persique et dans certains États américains seraient, eux aussi, inhabitables d’ici 30 à 50 ans. Nous n’en sommes évidemment pas encore là en Europe mais la vague de chaleur exceptionnelle et précoce qui va frapper la France jusqu’à la fin de semaine avec des températures qui pourraient tutoyer les 40 °C, doit nous servir d’avertissement. Sur les 41 vagues de chaleur détectées depuis 194

Dilemme

  Comment appréhender cette « épidémie » de piqûres qui, depuis plusieurs semaines maintenant, ont été relevées dans des boîtes de nuit, des bars, des festivals, des spectacles ou des concerts un peu partout en France ? Les services de police et de gendarmerie, les médias, les organisateurs des événements, les parents et les jeunes qui en seraient les principales victimes sont confrontés à un vrai dilemme : faut-il en parler largement au risque d’entretenir le phénomène, ou bien arrêter de donner trop d’importance à ce que certains considèrent comme une énième rumeur ? Vaste question dont on ne devrait pas avoir la réponse de sitôt. D’un côté, il y a une réalité : la mobilisation de nombreux enquêteurs dans le pays. Les forces de l’ordre ont ainsi recensé quelque 460 victimes et enregistré entre 380 et 450 plaintes. Toutes les victimes ne sont pas des affabulatrices, certaines témoignent sincèrement de ce qu’elles disent avoir vécu et certaines présentent effectivement des traces poten

Bis repetita ?

L’histoire est-elle un éternel recommencement ? Cette vaste question, sur laquelle s’écharpent les historiens et planchent parfois les lycéens, se repose ces jours-ci avec la campagne des élections législatives qui arrive à son terme. À deux jours du premier tour de scrutin, Emmanuel Macron semble, en effet, mettre ses pieds dans ceux de son prédécesseur Valéry Giscard d’Estaing avec lequel, dit-on, il a horreur d’être comparé. Et pourtant, en 1978, à l’approche d’élections législatives que le pouvoir giscardien voit menacées par la gauche emmenée par François Mitterrand, VGE entre en campagne et prononce le 27 janvier 1978, à Verdun-sur-le-Doubs, un discours pour remobiliser son camp et attaquer ses adversaires. Devant quelque 25 000 personnes venues l’écouter dans cette petite ville, le président de la République appelle les Français à faire le « bon choix ». « Le bon choix est dicté par le bon sens. Il faut regarder la réalité en face. Et elle vous répond ces quatre vérités : il fau

En quête de vérité

  Aujourd’hui les avocats de Cédric Jubillar vont demander une nouvelle fois la remise en liberté de leur client. Mis en examen pour meurtre aggravé après la disparition de son épouse Delphine dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, Cédric Jubillar est incarcéré depuis maintenant un an. Douze mois derrière les barreaux sans que l’on sache au final qui est vraiment cet homme et quel rôle il a pu jouer ou non dans la disparition de la jeune infirmière ? Quelle est la personnalité de ce père de deux enfants, qui avait participé activement aux battues et aux recherches de son épouse ? Qui est ce peintre-plaquiste dont on a découvert au printemps 2021, avec surprise, la nouvelle compagne Séverine, amie devenue amante et confidente, avec laquelle il a échangé de nombreux courriers dans lesquels il écrivait « On ne peut avoir confiance en personne, sauf entre nous deux au final… ». Celui qui avait confié à un codétenu avoir tué et enterré sa femme est-il un manipulateur et un menteur comme le

Changement d'ère

  À un mois des grandes vacances d’été, les Français pourront-ils partir en train ou en avion à des tarifs raisonnables ? Rien n’est moins sûr à en croire les nombreux témoignages qui, depuis des semaines, font état de tarifs très élevés de la part de la SNCF et des véritables casse-tête auxquels sont confrontés les Français pour s’organiser. Car d’un côté l’Insee explique, étude à la clé, que les tarifs de la SNCF ont augmenté de 15,3 % sur trois mois quand la société ferroviaire explique au contraire qu’ils ont baissé de 7 % depuis juin 2021, date de lancement de la nouvelle offre tarifaire « AvantageS », une carte annuelle qui permet d’accéder à des prix plafonnés selon les distances. La jungle des tarifs, leur complexité et leur variabilité due à la technique du « yield management » (cette pratique commerciale qui consiste à faire varier les prix en fonction du comportement de la demande des consommateurs) mais aussi les déboires de l’application SNCF Connect font que réserver un b

Qui sont les riches ?

Qui sont les riches en France et à partir de quels revenus le devient-on ? Ces questions taraudent depuis longtemps la France. Dans le pays qui a fait de l’égalité une composante de sa devise nationale, évoquer le sujet est toujours hautement inflammable, particulièrement en période d’élections. François Hollande ne dira pas le contraire. En janvier 2007, en pleine campagne électorale, celui qui est alors premier secrétaire du Parti socialiste avoue sur le plateau d’une émission télévisée « Je n’aime pas les riches, je n’aime pas les riches, j’en conviens », estimant qu’on l’était à partir de 4 000 euros de revenus mensuels. Tollé à droite. La petite phrase collera à François Hollande jusqu’en 2011 lorsqu’il sera le candidat du PS à l’élection présidentielle et lui sera reprochée par Nicolas Sarkozy dans le débat d’entre-deux tours. Ce seuil de 4 000 euros restera en tout cas dans les dans les esprits puisqu’en février 2021, interrogé sur l’opportunité d’une contribution exceptionnelle