À un mois des grandes vacances d’été, les Français pourront-ils partir en train ou en avion à des tarifs raisonnables ? Rien n’est moins sûr à en croire les nombreux témoignages qui, depuis des semaines, font état de tarifs très élevés de la part de la SNCF et des véritables casse-tête auxquels sont confrontés les Français pour s’organiser. Car d’un côté l’Insee explique, étude à la clé, que les tarifs de la SNCF ont augmenté de 15,3 % sur trois mois quand la société ferroviaire explique au contraire qu’ils ont baissé de 7 % depuis juin 2021, date de lancement de la nouvelle offre tarifaire « AvantageS », une carte annuelle qui permet d’accéder à des prix plafonnés selon les distances.
La jungle des tarifs, leur complexité et leur variabilité due à la technique du « yield management » (cette pratique commerciale qui consiste à faire varier les prix en fonction du comportement de la demande des consommateurs) mais aussi les déboires de l’application SNCF Connect font que réserver un billet de train est devenu un véritable parcours du combattant. À telle enseigne que l’on se remémore le sketch du duo comique Chevallier et Laspalès « Le train pour Pau » où un client veut acheter simplement un billet Paris-Pau quand l’agent SNCF lui propose d’improbables itinéraires, répétant sans cesse « C’est vous qui voyez »… Les Français n’ont toutefois pas envie de rire car nombre d’entre eux, pour conjurer l’inflation qui fait grossir les prix des carburants à la pompe, voulaient miser sur le train.
Quant aux tarifs des billets d’avion, parfois inférieurs à ceux du train sur certaines liaisons, ils ont eux aussi augmenté de 10 % depuis le début de l’année selon les chiffres de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC)… Le secteur aérien est, en effet, confronté à la hausse du prix du kérosène et aux difficultés d’avoir les personnels pour assurer un nombre suffisant de vols…
Au final, l’augmentation du prix des billets de train ou d’avion pour cet été sonne comme un appel à l’action. La pandémie, hier, puis l’inflation aujourd’hui due en partie à la guerre en Ukraine, bouleversent ce à quoi nous nous étions habitués : voyager facilement et loin, surtout en ce qui concerne l’avion grâce aux compagnies low cost.
Ces hausses du prix du transport peuvent être l’occasion d’une profonde réflexion sur les transports dont nous aurons besoin dans les années et décennies à venir : transports plus écologiques, moins polluants et plus efficients, pour répondre à la lutte contre le réchauffement climatique et aux demandes des habitants ; transports abordables car se déplacer au quotidien comme pour ses loisirs doit être accessible à tous et non pas l’apanage des plus aisés ; et transports innovants qui doivent répondre à chaque situation, du trajet domicile-travail aux grands voyages. Cette transition peut être une chance tant pour le secteur des transports que pour les citoyens pour réinventer le transport.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 7 juin 2022)