Après la mise en place de la ristourne du gouvernement sur le prix des carburants, en avril dernier, les automobilistes avaient pu souffler un peu. Mais depuis deux semaines, les prix du litre d’essence et, surtout, de gazole, ont largement dépassé à nouveau les 2 euros, le diesel revenant à son record historique de mi-mars. De quoi inquiéter les Français à l’approche des vacances. Si Emmanuel Macron a confirmé dans nos colonnes que la ristourne, qui devait s’arrêter le 31 juillet, sera prolongée en août, qu’adviendra-t-il à la rentrée ? Le gouvernement travaille sur un dispositif ciblé pour les gros rouleurs et les ménages modestes, mais quid de tous les Français qui doivent prendre leur voiture pour travailler ou tout simplement se déplacer lorsqu’ils habitent des zones rurales mal ou pas desservies par des transports en commun ?
Car la hausse des carburants pourrait se poursuivre compte tenu du contexte international bousculé par la guerre en Ukraine, les sanctions pétrolières contre la Russie et un marché mondial où l’offre est nettement inférieure à la demande. La flambée des prix à la pompe constatée dans la plupart des économies développées, des États-Unis au Royaume-Uni, en passant par l’Union européenne, et la perspective de voir peut-être un jour un litre de carburant tutoyer les 3 euros, impose, comme l’a dit Emmanuel Macron, « d’accélérer la sortie de nos dépendances au gaz et au pétrole ». D’autant plus, concernant l’automobile, que le plan climat de l’Union européenne – qui vise à réduire d’au moins 55 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 – a acté la fin de la vente des véhicules thermiques en 2035.
Il faut donc nous préparer à cette transition à marche forcée qui passe par de profonds changements. Changement de comportement d’abord des automobilistes qui sont invités à essayer de privilégier les transports en commun – quand ils existent et qu’ils sont efficients – ce qui n’est pas une mince affaire dans un pays comme le nôtre qui conserve la passion, le culte de la « bagnole ». Changement ensuite, justement, des automobiles elles-mêmes en passant à des véhicules 100 % électriques. Ce passage-là constitue, d’évidence, un défi colossal tant pour proposer aux Européens des voitures électriques plus abordables alors qu’elles sont plus coûteuses à produire et dotées d’une autonomie suffisante, un point qui reste un frein psychologique important.
Mais il faudra aussi développer toute l’infrastructure qui va avec un usage massif de la voiture électrique : des bornes de recharges – rapide si possible – qui sont actuellement en nombre largement insuffisant jusqu’aux moyens de production d’électricité… La révolution de la mobilité est une longue route.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 24 juin 2022)