Accéder au contenu principal

Bien commun

eau

Au cœur des années 70, les chocs pétroliers ont montré combien notre dépendance au pétrole pouvait peser sur les économies occidentales et le pouvoir d’achat des ménages. Quelque 50 ans plus tard, la guerre en Ukraine et le retour de l’inflation partout dans le monde montrent, à nouveau, combien notre dépendance aux énergies fossiles est problématique et combien il est urgent de diversifier nos sources d’énergie et engager une transition énergétique. Mais les problèmes que nous rencontrons avec l’or noir ne sont rien face aux défis que pose l’or bleu, c’est-à-dire l’eau.

Fonte des neiges et des glaces, élévation du niveau de la mer qui engloutit déjà certaines îles, épisodes caniculaires plus intenses et plus longs – comme celui que la France vient de vivre, le plus précoce jamais enregistré – sécheresses plus dures, etc. Les conséquences du réchauffement climatique sur les réserves en eau et donc sur la vie des millions d’humains sur la planète sont de plus en plus tangibles et de plus en plus fortes, soulignés régulièrement par les nombreux rapports des scientifiques dont ceux du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC). Ainsi l’ONU pointe que 2,2 milliards de personnes n’ont pas accès à des services d’eau potable, 80 % des eaux usées dans le monde sont rejetées dans l’environnement sans traitement, plus de la moitié de la population mondiale (soit 4,2 milliards de personnes), manque de services d’assainissement, le stress hydrique affecte 2 milliards de personnes et ce chiffre risque d’augmenter, les inondations, les sécheresses et les tempêtes ont été à l’origine de près de 90 % des catastrophes naturelles et l’agriculture représente près de 70 % des prélèvements d’eau.

Ces constats, implacables, nous obligent non seulement à mesurer l’ampleur des problèmes – sans eau pas de vie – mais aussi à les résoudre si l’on veut éviter que dans les décennies qui viennent, le monde ne connaisse une hausse du nombre de réfugiés climatiques voire des « guerres de l’eau » dans certaines parties du monde.

L’accès à l’eau – et donc sa préservation – est désormais un défi majeur pour l’humanité. C’est la raison pour laquelle le 28 juillet 2010, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution intitulée « Le droit de l’Homme à l’eau et à l’assainissement ». Après la Décennie internationale d’action « L’eau, source de vie » (2005-2015), l’ONU a lancé en 2018 la décennie « L’eau et le développement durable ». Car c’est bien l’équilibre entre les besoins humains et le respect des écosystèmes qui doit être recherché.

Derrière cet objectif global, il existe des milliers d’actions locales que l’académicien Eric Orsenna avait longuement répertoriées dans « L’avenir de l’eau » (éd. Fayard), second volet de son « Petit précis de mondialisation » qui l’avait conduit à faire un tour du monde pour découvrir comment la Chine, l’Australie, Israël ou Singapour… géraient l’accès à l’eau. Acteurs institutionnels ou privés, start-up et grandes entreprises, chacun cherche améliorations et innovations. Chez nous, l’Agence de l’eau Adour-Garonne participe remarquablement de ce long travail qui doit être l’affaire de tous. Pour faire de l’or bleu un bien commun partagé par l’humanité.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 27 juin 2022)

Posts les plus consultés de ce blog

Moine-soldat

Dans le marathon de l’examen de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, le calendrier a marqué une pause ce jeudi à l’occasion de la niche parlementaire du Parti socialiste. Une pause mise à profit par le gouvernement pour aller sur le terrain défendre une réforme toujours massivement rejetée par 7 Français sur 10. À l’avant-veille de la quatrième journée de manifestation appelée par l’intersyndicale, Elisabeth Borne et Gérald Darmanin se sont ainsi rendus hier à Neuville-en-Ferrain, dans le Nord, Olivier Dussopt à Toulouse, où il a notamment rencontré six lecteurs de La Dépêche du Midi au siège de notre journal pour répondre à leurs questions et leurs inquiétudes. Celui qui enchaîne à un rythme soutenu les interviews dans les matinales et défend depuis lundi son texte devant une Assemblée nationale survoltée s’est montré tel qu’en lui-même : un moine-soldat de la macronie. Moine, parce que le ministre connaît sur le bout des doigts le catéchisme de la réforme, son dogme du r

L'indécence et la dignité

C’est sans doute parce qu’elle avait le souriant visage de l’enfance, cheveux blonds et yeux bleus, parce qu’elle aurait pu être notre fille ou notre nièce, notre petite sœur ou notre cousine, une camarade ou la petite voisine. C’est pour toutes ces raisons que le meurtre barbare de la petite Lola a ému à ce point la France. Voir le destin tragique de cette bientôt adolescente qui avait la vie devant elle basculer à 12 ans dans l’horreur inimaginable d’un crime gratuit a soulevé le cœur de chacune et chacun d’entre nous. Et nous avons tous pensé à ses parents, à sa famille, à ses proches, à ses camarades de classe, à leur incommensurable douleur que notre solidarité bienveillante réconfortera mais n’éteindra pas. Tous ? Non, hélas. Dans les heures qui ont suivi le drame, certains ont instrumentalisé de façon odieuse la mort de cette enfant pour une basse récupération politique au prétexte que la suspecte du meurtre était de nationalité étrangère et visée par une obligation de quitter l

Bien manger

C’est un petit logo qui nous est devenu familier lorsque nous faisons nos courses. Impulsé par un règlement européen (INCO) de 2014, établissant des règles pour informer les consommateurs sur la déclaration nutritionnelle ou la liste des ingrédients d’un produit, le Nutri-Score, ses cinq lettres de A à E et ses cinq couleurs de vert à rouge, est désormais bien ancré dans le paysage. De plus en plus présent sur le devant des emballages, on peut même dire que c’est un succès européen puisqu’il est présent non seulement en France, qui l’a introduit en 2017, mais également en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Espagne et même en Suisse, qui ne fait pourtant pas partie de l’Union européenne. Face à des étiquettes qui livrent la composition des produits écrite en tout petits caractères difficilement lisibles, certains consommateurs s’étaient déjà tournés vers des applications comme Yuka. Avec un smartphone, il suffit alors de scanner le code-barres d’un produit pour en a