Après deux étés marqués par l’épidémie de Covid-19, c’est peu dire que les Français espéraient passer, cette année, des mois de juillet et d’août « normaux ». Se retrouver en famille et entre amis, savourer des vacances et, surtout, profiter pleinement des nombreux événements – concerts, festivals… – qui avaient été empêchés ou bousculés par une kyrielle de restrictions… La guerre en Ukraine et l’inflation qui grève le pouvoir d’achat jettent bien sûr une ombre au tableau, mais l’optimisme était de mise, l’insouciance presque à portée de main. Las ! Grave erreur. L’épidémie de Covid que nous avions chassée de nos têtes en même temps que nous tombions le masque était tapie dans l’ombre, prête à rebondir à la faveur d’un énième nouveau variant, d’un sous-lignage prompt à rallumer les contaminations. Nous y sommes et la perspective d’une nouvelle vague, la 7e en France, est devenue ces jours-ci très probable.
« Le sentiment selon lequel la pandémie est terminée est compréhensible, mais erroné. Plus de sept mille personnes ont perdu la vie à cause de ce virus la semaine dernière, soit sept mille personnes de trop », résumait le 8 juin le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), rajoutant qu’ « un nouveau variant encore plus dangereux pourrait apparaître à tout moment, et un grand nombre de personnes restent sans protection. »
De fait la couverture vaccinale mondiale reste insuffisante – 68 pays n’ont toujours pas atteint les 40 % de vaccinés dans leur population – et, en Europe, en dépit de la disponibilité des vaccins, il y a encore des efforts à faire pour aller vacciner les plus fragiles et les plus âgés. Cette potentielle nouvelle vague tombe d’autant plus mal que la sortie de notre régime d’urgence sanitaire était prévue le 31 juillet et que nos services d’urgences connaissent actuellement de graves problèmes de personnels et de moyens qui vont contraindre certains à fermer la nuit cet été… Le gouvernement va donc devoir se replonger dans la gestion de l’épidémie, ses protocoles, ses restrictions, ses tests, ses débats sur le port du masque ou le pass sanitaire. Comme un jour sans fin…
La fin du Covid justement est pourtant une possibilité puisque l’OMS a estimé qu’elle pourrait intervenir d’ici décembre 2022. Il faut donc prendre, à nouveau, son mal en patience et, surtout, se dire que tout ce que nous avons appris de l’épidémie de Covid-19, notamment notre capacité à développer rapidement des vaccins, nous sera utile. Car dans les années à venir, l’humanité pourrait être confrontée à d’autres virus, d’autres épidémies. D’après l’Organisation mondiale de la santé animale, environ 60 % des maladies émergentes sont d’origine zoonotique, c’est-à-dire des maladies transmises à l’Homme par des animaux. Les causes en sont multiples entre le réchauffement climatique ou les activités humaines qui poussent nombre d’animaux à fuir leurs écosystèmes, la déforestation qui renforce le risque de contacts entre faune sauvage, animaux domestiques et populations humaines.
Une prise de conscience est nécessaire pour mesurer combien la santé humaine, celle des animaux et l’environnement sont liés et combien nos actions peuvent préserver ou perturber ces fragiles équilibres.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 16 juin 2022)