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Articles

Affichage des articles du février, 2020

Sang froid

Bannières à Séoul décrivant les mesures prophylactiques. Photo Bonnielou2013  L’extension des contaminations au coronavirus chinois dans le monde en général, chez nos plus proches voisins comme l’Italie et évidemment en France où le nombre de cas a atteint hier la cinquantaine, suscite logiquement de l’inquiétude chez les Français. Inquiétude légitime qui nous oblige tous à dominer la peur et à garder notre sang-froid, à prendre en compte toute la gravité d’une situation inédite sans rien céder à la panique. C’est sur cette ligne de crête que tous ceux qui ont une responsabilité sociétale et politique doivent se tenir. Pour les médias, il s’agit d’offrir, loin de tout sensationnalisme et de buzz facile, des informations vérifiées, recoupées et utiles, capables de faire pièces à toutes les fake news et à toutes les rumeurs qui circulent depuis l’apparition du Covid-19 – et elles sont nombreuses. C’est la raison pour laquelle nous listons dans notre dossier les principales questio

Nouvelles pratiques

"Le cinéma est un mélange parfait de vérité et de spectacle" disait François Truffaut. Si le réalisateur des 400 coups parlait des œuvres sur grand écran, son analyse peut aujourd’hui s’appliquer au milieu du cinéma français lui-même. Car depuis plusieurs semaines maintenant, le 7e art hexagonal est traversé par des vérités peu reluisantes et offre un singulier spectacle qui devrait logiquement le conduire à adopter de nouvelles pratiques. Ce serait là le seul moyen pour éviter que la 45e cérémonie des César qui se tient ce soir ne soit la dernière, engloutie par trois dossiers majeurs. Le premier est celui des agressions sexuelles et des viols subis par des actrices. Si la libération de la parole des femmes a été déclenchée aux Etats-Unis par le mouvement #MeToo lors de l’affaire Weinstein, en France, cette parole-là aussi s’est libérée et doit être, mieux qu’écoutée, entendue. Après parfois de nombreuses années de silence, c’est avec beaucoup de pudeur et énormément de

Un tartuffe à la barre

European People's Party — EPP Summit, Brussels, December 2016 Avec le procès de François Fillon et de son épouse qui s’ouvre ce lundi devant le tribunal correctionnel de Paris, pour les chefs de "détournement de fonds publics" sur plusieurs périodes entre 1998 et 2013, "complicité et recel" de ce délit, "complicité et recel d’abus de biens sociaux" et "manquement aux obligations déclaratives de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique", c’est bien sûr une incroyable affaire judiciaire qui trouve son aboutissement après une minutieuse enquête. Mais c’est aussi la fin d’un long chapitre de l’histoire politique française en général et de l’histoire de la droite en particulier – faite de rivalités, de rancunes et de trahisons à répétition – qui va s’inviter à la barre. Car cette affaire du Penelopegate a précipité la droite dans la défaite à l’élection présidentielle de 2017 en l’empêchant de se qualifier pour le second t

Alertes rouges

Le hasard du calendrier aura voulu que le ToBRFV, le "virus de la tomate", dont la présence a été confirmée dans des serres du Finistère et qui fait peser un risque économique pour toute la filière, apparaisse au moment où le monde est en crise avec une crise sanitaire majeure, celle du coronavirus chinois CoViD-19. D’un côté comme de l’autre, l’on fait face à des maladies sans traitement connu, potentiellement mortelles et qui, toutes proportions gardées, partagent trois traits communs. Le premier, c’est la rapidité de propagation. Dans un monde à l’économie globalisée, l’accroissement permanent de la circulation des marchandises et des personnes, le brassage des denrées et des individus favorisent la dissémination de nombreuses maladies infectieuses. Comme le rappelait récemment le Haut conseil de la santé publique, "le vieux concept de maladies tropicales, ou de maladies exotiques, est en passe de perdre sa spécificité." Le coronavirus s’est diffusé dans le

Bombe à fragmentation

Alexandra de Taddeo, Piotr Pavleski et à droite l'avocat Juan Branco./ Photo DR La renonciation à la candidature à la mairie de Paris de Benjamin Griveaux, après la publication de vidéos intimes à caractère sexuel, n’a pas suffi à éteindre l’affaire. Car celle-ci, cette "bombe Griveaux" comme nous le titrions à notre Une samedi, est une bombe à fragmentation qui entraîne de multiples conséquences dépassant très largement la seule personne de l’ancien ministre. Au-delà des débats sans fin sur l’imprudence ou l’impudence de Benjamin Griveaux d’avoir partagé, comme le premier adolescent venu, des vidéos très personnelles sans imaginer ce qu’elles pourraient devenir un jour, au-delà des suites judiciaires, l’affaire touche deux points majeurs. Le premier, c’est le débat qu’elle a immédiatement suscité – réactivé plus précisément – sur l’anonymat des réseaux sociaux. Un débat plutôt étonnant puisqu’en l’espèce, les vidéos et les échanges de Benjamin Griveaux ont été pu

Les vignobles à l’épreuve

Les producteurs français de vin ont le blues. Dans les allées du salon Wine Paris-Vinexpo, premier événement de l’année pour les professionnels, qui vient de s’achever, l’heure est à l’inquiétude. Car depuis plusieurs mois, les nuages s’amoncellent au-dessus des vignobles français et donc aussi ceux d’Occitanie. Inquiétude la plus exprimée, celle de la surtaxation à l’importation par les Etats-Unis. Ulcéré de voir l’Europe, et la France au premier rang, s’attaquer via une taxe GAFA à l’optimisation fiscale des géants d’internet – tous américains – Donald Trump a brandi l’été dernier la menace de mesures de rétorsion visant, entre autres, les vins français. "J’ai toujours dit que le vin américain était meilleur que le vin français !" fanfaronnait l’hôte de la Maison Blanche – qui ne boit pourtant jamais une goutte de vin. Instaurée en octobre, cette taxe de 25 % sur certains vins a eu des conséquences catastrophiques pour nombre de viticulteurs : les exportations se sont

Un virus, quatre défis

L'épidémie du coronavirus chinois – désormais rebaptisé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) CoViD-19 – a dépassé le cap symbolique des 1 000 morts. Plus que jamais, elle appelle une mobilisation mondiale pour endiguer cette maladie infectieuse qui, presque 20 ans après le SRAS, met l'humanité à rude épreuve. Celle-ci doit, en effet, relever de concert quatre défis. Le premier défi est évidemment sanitaire. En Chine, la construction en quelques jours de deux hôpitaux dans la région de Hubei, ne saurait masquer le sous-équipement des hôpitaux. Dans le monde, la gestion des cas positifs au CoViD-19 oblige chaque pays à prendre des mesures strictes de protection et de quarantaine. Instruite par la grippe H1N1, la France a su mettre en place rapidement les bonnes procédures pour accueillir nos compatriotes de retour de Chine comme pour traiter les cas apparus sur notre sol. Le second défi est scientifique. La communauté des chercheurs s'est d'emblée mob

Question de confiance

Décidément, le déploiement du compteur connecté Linky n’est pas un long fleuve tranquille pour EDF et Engie. Depuis 2015, le lancement de ce compteur high-tech qui doit remplacer les vieux compteurs de quelque 35 millions de foyers d’ici fin 2021, cumule les embûches, subit les fake news et endure de multiples procédures judiciaires, au point d’apparaître in fine comme une opération dont les difficultés n’ont pas été suffisamment appréhendées et anticipées, particulièrement sur trois points. Premier point, l’installation même des appareils. Dans les semaines qui ont suivi le début du déploiement, le compteur Linky a d’abord subi les foudres de particuliers concernant le remplacement des anciens compteurs. Un remplacement fait parfois à la hussarde, notamment chez les personnes âgées, par des sous-traitants peu respectueux. Particuliers, syndics de copropriété voire mairies se sont alors tournés vers la justice pour empêcher l’installation des compteurs Linky, qui contribuent pour

Maire un jour, maire toujours ?

Candidat pour la 3e, 4e, 5e jusqu’à la 7e fois… Qu’est-ce qui pousse donc ces maires sortants, qu’on dirait inoxydables, à se lancer à nouveau dans une campagne électorale pour les municipales des 15 et 22 mars prochains en quête d’un nouveau mandat ? Quels sont les ressorts de ces nouvelles candidatures alors qu’en novembre L’Observatoire de la démocratie de proximité, méticuleusement réalisé par le Centre d’études de la vie politique française (CEVIPOF) de Sciences Po et l’Association des maires de France (AMF), montrait qu’un maire sur deux ne souhaitait pas rempiler ? Pourquoi ces élus ne sont pas gagnés comme d’autre part la lassitude ; épuisés par les contraintes de plus en plus nombreuses qui impactent leur vie familiale, les demandes de plus en plus pressantes de leurs concitoyens ; ou déçus de voir leurs prérogatives rognées au fil des ans par les intercommunalités et leurs moyens diminués par l’Etat ? Enfin, à l’heure où la tendance générale est au non-cumul des mandat

Jospinisation

Les quelque 17 milliards de mesures en faveur du pouvoir d’achat débloqués par Emmanuel Macron pour éteindre la crise des Gilets jaunes n’auront donc pas suffi à décoller l’étiquette de « Président des riches» qui colle à la peau du locataire de l’Elysée depuis le début du quinquennat, lorsque la majorité avait baissé les aides aux logements et supprimé le très symbolique impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Non seulement, le mouvement de grogne sociale inédit perdure de samedi en samedi, mais les Français n’ont pas perçu d’amélioration tangible de leur pouvoir d’achat. Une perception sur laquelle l’OFCE vient de mettre des chiffres dans sa dernière étude sur l’impact des mesures du budget 2020. Certes, 70% des ménages devraient voir leur pouvoir d’achat augmenter cette année, mais les grands gagnants, qui vont profiter le plus des réformes menées par le gouvernement, sont bel et bien les classes moyennes supérieures. Pire, 5% des ménages les plus modestes vont voir leur nivea

Changer, maintenant

Les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), les nombreuses et régulières études de l’ONU sur le réchauffement climatique, les constatations d’ONG comme Greenpeace ou le WWF sur les atteintes à la biodiversité ou encore les catastrophes comme les incendies géants en Amazonie ou en Australie : autant d’éléments bien tangibles des bouleversements du climat qui affectent la planète et qu’une majorité de Français – à quelques irréductibles climatosceptiques près – reconnaît volontiers. Mais il reste toujours difficile de se projeter, les catastrophes semblent toujours bien lointaines et en tout cas pas de nature à perturber notre quotidien. La nouvelle étude de l’Insee dévoilée hier changera-t-elle la donne et impulsera-t-elle une prise de conscience élargie dans la population ? En tout cas, les prévisions de l’Insee sur le climat dans notre région sont sans appel. Dans les trentes prochaines années, les épisodes de fortes chaleurs seront de

Quand la Chine tousse

La Bourse de Shanghai. Photo  Alex Needham   En 1973, Alain Peyrefitte publiait « Quand la Chine s'éveillera » et pronostiquait ainsi comment l'Empire du milieu allait devenir au siècle suivant un géant politique et économique. Depuis, la Chine s'est largement éveillée et est, effectivement, devenue un géant économique qui pèse lourd dans l'économie mondiale. Mais un géant aux pieds d'argile comme le montre l'épidémie du coronavirus. Car depuis le déclenchement de cette pandémie, c'est finalement tout le pays qui se retrouve en quarantaine, soit qu'il se barricade lui-même dans certaines régions en confinant des millions d'habitants et en mettant à l'arrêt les usines, soit qu'il se trouve victime de mesures – parfois disproportionnées au regard de la réalité sanitaire – prises par de plus en plus de pays inquiets et cédant au repli. Dans une économie mondialisée, cette paralysie inquiète d'autant plus que, depuis la précédente épi

Freiner les déserts médicaux

La contestation de la réforme des retraites et bien avant le cri d’alarme des personnels des urgences dans les hôpitaux ont donné lieu ces dernières semaines à des mobilisations totalement inédites par leur ampleur et le mode d’action des personnels soignants – notamment la menace de démissionner de leurs fonctions administratives de près d’un millier de médecins hospitaliers. Mais quand l’hôpital va mal c’est tout le système de santé français – l’un des plus réputé au monde – qui tousse et, en parallèle des problèmes de l’hôpital, on trouve celui de la démographie médicale globale qui devient inquiétante. Car la pénurie de médecins s’intensifie. "Si nous ne faisons rien, cette tendance va s’accroître inéluctablement dans les prochaines années", a reconnu récemment le directeur général de l’Assurance maladie, Nicolas Revel, dans un entretien accordé au magazine Le Généraliste, soulignant qu’en 2019, 5,4 millions de Français n’avaient pas de médecin traitant. Parmi eux d

Question de dignité

Les autorités françaises doivent mettre fin au problème de surpopulation dans les prisons et aux conditions de détention dégradantes". Les mots sont cinglants pour la patrie des Droits de l’Homme, mais ils ont été, d’évidence, largement sous-pesés par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) qui vient de rendre cette semaine un arrêt sévère contre la France. Saisie par 32 détenus des centres pénitentiaires de Ducos (Martinique), Faa’a Nuutania (Polynésie française), Baie-Mahault (Guadeloupe) ainsi que des maisons d’arrêt de Nîmes, Nice et Fresnes, l’instance européenne n’a pu que constater que les détenus "ont, pour la majorité d’entre eux, disposé d’un espace personnel inférieur à la norme minimale requise de 3 m2 pendant l’intégralité de leur détention, situation aggravée par l’absence d’intimité dans l’utilisation des toilettes." Certes, la CEDH n’entend pas dicter la politique pénale de la France, mais elle suggère "la refonte du mode de calcul de la