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Freiner les déserts médicaux

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La contestation de la réforme des retraites et bien avant le cri d’alarme des personnels des urgences dans les hôpitaux ont donné lieu ces dernières semaines à des mobilisations totalement inédites par leur ampleur et le mode d’action des personnels soignants – notamment la menace de démissionner de leurs fonctions administratives de près d’un millier de médecins hospitaliers. Mais quand l’hôpital va mal c’est tout le système de santé français – l’un des plus réputé au monde – qui tousse et, en parallèle des problèmes de l’hôpital, on trouve celui de la démographie médicale globale qui devient inquiétante.

Car la pénurie de médecins s’intensifie. "Si nous ne faisons rien, cette tendance va s’accroître inéluctablement dans les prochaines années", a reconnu récemment le directeur général de l’Assurance maladie, Nicolas Revel, dans un entretien accordé au magazine Le Généraliste, soulignant qu’en 2019, 5,4 millions de Français n’avaient pas de médecin traitant. Parmi eux des personnes âgées de 70 ans et plus, d’autres souffrant d’une maladie de longue durée ou d’une pathologie chronique. Et ce n’est pas faute de chercher un praticien.

Soit les généralistes gèrent déjà une patientèle nombreuse, soit il n’y a pas de généralistes dans le secteur… L’Atlas annuel de la démographie médicale réalisé par le Conseil national de l’Ordre des médecins, dont nous publions les principaux chiffres, s’alarme d’ailleurs du non-remplacement des médecins partant en retraite. Dans certains départements, les projections montrent que dans les dix années qui viennent, le nombre de médecins pourrait être divisé par deux ! Au moment où la France est à l’aube du bouleversement majeur de la dépendance lorsque les baby-boomers vont entrer dans le 3e ou 4e âge, peut-on laisser se développer de tels déserts médicaux ?

Assurément non et tous les gouvernements se sont penchés sur la question sans jamais trouver la recette miracle. Toutefois, il existe des pistes qui sont d’ailleurs listées dans la loi Santé adoptée l’été dernier. Ce plan Ma Santé 2022 décline ainsi trois axes forts, notamment la réforme des études de santé avec la révision du numerus clausus, le développement du numérique en santé, et par exemple la télémédecine qui fut chère au Pr Lareng et la mobilisation de collectifs de soins sur les territoires. Reste que couvrir l’ensemble du pays de Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) prendra du temps. Et définir une meilleure géographie médicale suppose des mesures coercitives qu’aucun gouvernement n’a réellement osé prendre. Il est temps de redoubler d’efforts pour endiguer vraiment l’avancée de ces déserts médicaux.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 4 février 2020)

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