Accéder au contenu principal

Maire un jour, maire toujours ?


maires


Candidat pour la 3e, 4e, 5e jusqu’à la 7e fois… Qu’est-ce qui pousse donc ces maires sortants, qu’on dirait inoxydables, à se lancer à nouveau dans une campagne électorale pour les municipales des 15 et 22 mars prochains en quête d’un nouveau mandat ? Quels sont les ressorts de ces nouvelles candidatures alors qu’en novembre L’Observatoire de la démocratie de proximité, méticuleusement réalisé par le Centre d’études de la vie politique française (CEVIPOF) de Sciences Po et l’Association des maires de France (AMF), montrait qu’un maire sur deux ne souhaitait pas rempiler ? Pourquoi ces élus ne sont pas gagnés comme d’autre part la lassitude ; épuisés par les contraintes de plus en plus nombreuses qui impactent leur vie familiale, les demandes de plus en plus pressantes de leurs concitoyens ; ou déçus de voir leurs prérogatives rognées au fil des ans par les intercommunalités et leurs moyens diminués par l’Etat ? Enfin, à l’heure où la tendance générale est au non-cumul des mandats, à leur limitation dans le temps, mais aussi au nécessaire renouvellement, pourquoi ces maires-là ne raccrochent donc pas ?

Chaque situation est bien sûr particulière, chaque maire-candidat à sa propre histoire. Mais – au-delà de ceux qui cèdent à l’ivresse du pouvoir, aux tentations clientélistes ou qui veulent un nouveau mandat pour satisfaire un ego surdimensionné qui fait qu’ils se croient irremplaçables – ces maires au long cours sont majoritairement animés par un engagement profond et désintéressé au service de leur municipalité et de l’intérêt général. D’autant plus parce que dans de nombreuses petites communes les candidatures font parfois défaut. Alors un premier mandat en appelle un second, puis un troisième, etc.

Ce dévouement républicain n’est toutefois pas une vue de l’esprit puisque chaque année, le maire apparaît comme l’élu préféré des Français, celui que l’on connaît le mieux, le plus proche de notre vie quotidienne, à portée de main comme à portée d’engueulade. Ce mandat que tous les hommes politiques à la carrière nationale encensent régulièrement comme étant le plus beau et celui qui permet de voir concrètement se réaliser des décisions, est aussi celui de la permanence républicaine depuis la Révolution, celui, donc qui s’inscrit dans le temps long.

François Mitterrand, qui fut maire de Château-Chinon pendant 22 ans, ne disait pas autre chose lorsqu’il encourageait à exercer "cette responsabilité discrète, ingrate et cependant nécessaire. C’est à travers la commune que s’exprime, avec les moyens du bord, ce que nous appelons de deux grands mots : la solidarité nationale".

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 11 février 2020)

Posts les plus consultés de ce blog

Sortir des postures

Le cortège d’une manifestation ou un rassemblement pour fêter la victoire d’un club sportif qui se terminent par des émeutes, des dégradations de mobilier urbain et de vitrines de magasins, parfois pillés, et des attaques violentes des forces de l’ordre par des hordes encagoulées dans un brouillard de gaz lacrymogènes… Les Français se sont malheureusement habitués à ces scènes-là depuis plusieurs décennies. Comme ils se sont aussi habitués aux polémiques politiciennes qui s’ensuivent, mêlant instrumentalisation démagogique, règlement de comptes politiques et critiques d’une justice supposément laxiste. Le dernier épisode en date, qui s’est produit samedi soir à Paris à l’occasion de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, ne fait, hélas pas exception à la règle. Au bilan édifiant – deux morts, des dizaines de blessés, plus de 600 interpellations, des rues et magasins saccagés – s’ajoutent désormais les passes d’armes politiques. Entre l’opposition e...

Principes et réalité

Seize mois après les manifestations historiques des agriculteurs, nées en Occitanie à l’hiver 2024 en dehors des organisations syndicales traditionnelles, voilà la colère paysanne de retour. Ce lundi, à l’appel notamment de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, et après de nombreuses actions ponctuelles ces dernières semaines, les tracteurs seront, en effet, à nouveau dans les rues pour dire l’exaspération des agriculteurs de voir les mesures promises si lentes à se mettre en place et pour rappeler l’urgence à agir aux députés, qui examinent ce lundi à l’Assemblée nationale une proposition de loi clivante lancée par le sénateur LR Laurent Duplomb. Ambitionnant de « lever les contraintes », ce texte, plébiscité par le monde agricole mais qui ulcère les défenseurs de l’environnement et les tenants d’un autre modèle agricole, propose entre autres de faciliter le stockage de l’eau, de simplifier l’extension des élevages, de réintroduire certains pesticides dont un néonicotinoïde qu...

Le prix de la sécurité

C’est l’une des professions les plus admirées et respectées des Français, celle que veulent exercer les petits garçons et aussi les petites filles quand ils seront grands, celle qui incarne au plus haut point le sens de l’intérêt général. Les pompiers, puisque c’est d’eux dont il s’agit, peuvent évidemment se réjouir de bénéficier d’une telle image positive dans l’opinion. Celle-ci les conforte et les porte au quotidien mais si elle est nécessaire, elle n’est plus suffisante pour faire face aux difficultés qu’ils rencontrent au quotidien, opérationnelles, humaines et financières. Opérationnelle d’abord car leurs missions ont profondément changé et s’exercent avec plus de contraintes. De l’urgence à intervenir pour sauver des vies – presque 9 opérations sur 10 – on est passé à des interventions qui ne nécessitent parfois même pas de gestes de secours et relèvent bien souvent davantage de la médecine de ville voire des services sociaux. C’est que les pompiers sont devenus l’ultime recour...