Accéder au contenu principal

Un virus, quatre défis

virus


L'épidémie du coronavirus chinois – désormais rebaptisé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) CoViD-19 – a dépassé le cap symbolique des 1 000 morts. Plus que jamais, elle appelle une mobilisation mondiale pour endiguer cette maladie infectieuse qui, presque 20 ans après le SRAS, met l'humanité à rude épreuve. Celle-ci doit, en effet, relever de concert quatre défis.

Le premier défi est évidemment sanitaire. En Chine, la construction en quelques jours de deux hôpitaux dans la région de Hubei, ne saurait masquer le sous-équipement des hôpitaux. Dans le monde, la gestion des cas positifs au CoViD-19 oblige chaque pays à prendre des mesures strictes de protection et de quarantaine. Instruite par la grippe H1N1, la France a su mettre en place rapidement les bonnes procédures pour accueillir nos compatriotes de retour de Chine comme pour traiter les cas apparus sur notre sol.

Le second défi est scientifique. La communauté des chercheurs s'est d'emblée mobilisée, aux Etats-Unis, en Australie, en Chine ou en Europe, mêlant recherche publique comme recherche privée, notamment avec des biotechs. En France l'institut Pasteur prévoit déjà un vaccin expérimental d'ici l'été.

Le troisième défi est géopolitique. Car dans un monde globalisé, une telle épidémie a des répercussions quasi immédiates dans tous les pays. Quand la Chine, atelier de la planète, est paralysée, c'est toute l'économie mondiale qui se retrouve freinée – ce qui impose une réponse coordonnée que seul le multilatéralisme permet d'apporter. Mais au-delà de l'économie, ce sont aussi les relations diplomatiques qui se tendent lorsque certains pays, comme les Etats-Unis de Donald Trump, prennent des mesures de confinement drastiques contre la Chine, qui vont au-delà des préconisations de l'OMS et constituent, de fait, des mesures protectionnistes qui ne disent pas leur nom…

Enfin, le quatrième défi, démocratique, concerne sans doute plus spécifiquement la Chine. Certes, le pays a communiqué plus rapidement l'existence du virus au monde qu'il ne l'avait fait pour le Sras, mais il a perdu des heures précieuses dans la lutte contre la propagation du coronavirus. Les autorités locales, qui n'ont pas voulu déplaire au pouvoir central, ont emprisonné les premiers lanceurs d'alerte, accusés de propager des rumeurs. La censure et la surveillance implacables, mises en place par un régime aussi autoritaire que bureaucratique, ont fait que l'information des populations a été retardée, laissant le virus se propager à l'heure des voyages pour le nouvel an… Et la Chine a sans doute sous-estimé le nombre de cas dans ses communications au monde.

Des quatre défis, le dernier, celui de la transparence et de la confiance, paraît ainsi le plus fragile mais, au final, il reste le plus important dans la gestion optimale d'une épidémie dès ses prémices.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 13 février 2020)

Posts les plus consultés de ce blog

Se préparer

Voilà un type de courbe que l’on n’avait pas vu depuis longtemps concernant le Covid-19 : une hausse, celle du nouveau variant du coronavirus EG.5. Baptisé Eris, ce cousin d’Omicron croît de façon vertigineuse dans le séquençage de cas positifs au Covid-19 en France comme dans d’autres pays. Beaucoup plus contagieux que ses prédécesseurs, Eris pourrait ainsi s’imposer et devenir majoritaire. Au point de relancer une pandémie mondiale que nous pensions derrière nous ? Nous n’en sommes évidemment pas là, mais l’apparition de ce nouveau variant, tout comme la possibilité de voir survenir des clusters de contamination comme cela vient de se produire aux fêtes de Bayonne, nous interroge légitimement. Même si la couverture vaccinale est bonne en France, la crainte de devoir revivre les conséquences sanitaires et socio-économiques d’un retour de la pandémie est bien dans les esprits. Peut-être aurions-nous dû écouter plus attentivement les spécialistes comme le directeur général de l’Organisa

Entaché

Dix ans après son départ du gouvernement Ayrault, Jérôme Cahuzac, l’ancien ministre du Budget de François Hollande, envisage-t-il son retour en politique ? En tout cas l’intéressé, condamné en appel à deux ans de prison pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, et frappé de cinq années d’inéligibilité, était hier sur le marché de Monsempron-Libos, non loin de Villeneuve-sur-Lot, la ville dont il a été le député et le maire.Fin octobre déjà il participait à une réunion, organisée à huis clos, quelques semaines après le lancement d’une association politique «Les amis de Jérôme Cahuzac». Récemment interrogé par Sud-Ouest pour savoir s’il préparait son retour politique, le septuagénaire, qui avait élu domicile en Corse où il pratiquait la médecine à l’hôpital de Bonifacio, s’est borné à répondre que «tout est une question de circonstances», faisant remarquer qu’ «on fait de la politique pour être élu et agir» et qu’il n’y avait pas d’élections avant 2026, date des prochaines m

Bien manger

C’est un petit logo qui nous est devenu familier lorsque nous faisons nos courses. Impulsé par un règlement européen (INCO) de 2014, établissant des règles pour informer les consommateurs sur la déclaration nutritionnelle ou la liste des ingrédients d’un produit, le Nutri-Score, ses cinq lettres de A à E et ses cinq couleurs de vert à rouge, est désormais bien ancré dans le paysage. De plus en plus présent sur le devant des emballages, on peut même dire que c’est un succès européen puisqu’il est présent non seulement en France, qui l’a introduit en 2017, mais également en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Espagne et même en Suisse, qui ne fait pourtant pas partie de l’Union européenne. Face à des étiquettes qui livrent la composition des produits écrite en tout petits caractères difficilement lisibles, certains consommateurs s’étaient déjà tournés vers des applications comme Yuka. Avec un smartphone, il suffit alors de scanner le code-barres d’un produit pour en a