Accéder au contenu principal

Jospinisation

macron


Les quelque 17 milliards de mesures en faveur du pouvoir d’achat débloqués par Emmanuel Macron pour éteindre la crise des Gilets jaunes n’auront donc pas suffi à décoller l’étiquette de « Président des riches» qui colle à la peau du locataire de l’Elysée depuis le début du quinquennat, lorsque la majorité avait baissé les aides aux logements et supprimé le très symbolique impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Non seulement, le mouvement de grogne sociale inédit perdure de samedi en samedi, mais les Français n’ont pas perçu d’amélioration tangible de leur pouvoir d’achat. Une perception sur laquelle l’OFCE vient de mettre des chiffres dans sa dernière étude sur l’impact des mesures du budget 2020. Certes, 70% des ménages devraient voir leur pouvoir d’achat augmenter cette année, mais les grands gagnants, qui vont profiter le plus des réformes menées par le gouvernement, sont bel et bien les classes moyennes supérieures. Pire, 5% des ménages les plus modestes vont voir leur niveau de vie amputé de 45 euros en moyenne sur l’année...

Le gouvernement tente de temporiser, demande, à raison, du temps pour que toutes les réformes donnent leur plein potentiel. Emmanuel Macron et Edouard Philippe mettent en avant les bons chiffres dans la lutte contre le chômage, soulignent que les investissements étrangers n’ont jamais été aussi importants dans notre pays, prouvent que le pouvoir d’achat augmente. Rien n’y fait. Le bilan économique d’Emmanuel Macron est perçu, au-delà de chiffres objectifs, négativement par les Français selon le dernier baromètre de l’économie d’Odoxa, tant au niveau global (69%) que dans le détail domaine par domaine.

Dès lors, à deux ans et demi de la prochaine présidentielle, certains commencent à s’inquiéter en Macronie d’un risque de «jospinisation» de leur champion. C’est-à-dire de le voir se retrouver dans la même situation que celle de Lionel Jospin en 2002, lorsque le Premier ministre socialiste pouvait se targuer de bons résultats économiques après 5 ans de gauche plurielle dont il n’a pu, hélas, tirer aucun bénéfice...

Aux Etats-Unis, lors la campagne présidentielle de 1992, le conseiller politique de Bill Clinton James Carville, avait affiché dans son bureau le slogan « It’s the economy, stupid ! » (« C’est l’économie, idiot ! ») pour rappeler combien l’économie restait au-delà de tout le reste la priorité des électeurs. Pour l’heure en France, l’économie est loin d’apparaître comme le seul critère, ce qui laisse supposer que la future campagne présidentielle se jouera sur bien d’autres aspects, et notamment, dans un contexte de montée des populismes, les communautarismes, les questions identitaires, la sécurité, etc.

(Analyse parue dans La Dépêche du Midi du vendredi 7 février 2020)

Posts les plus consultés de ce blog

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Machine à cash et à rêves

Qui n’a jamais rêvé d’être un jour le gagnant du loto, que l’on soit celui qui joue depuis des années les mêmes numéros en espérant qu’un jour ils constituent enfin la bonne combinaison ou que l’on soit même celui qui ne joue jamais mais qui se projette malgré tout dans la peau d’un gagnant, énumérant ce qu’il ferait avec ces centaines de millions d’euros qui grossiraient son compte en banque. Chacun se prend ainsi à rêver de vacances éternelles au soleil, de voyages au long cours, de montres de bijoux ou de voitures de luxe, de yachts XXL naviguant sur des mers turquoise, de grands restaurants étoilés ou plus simplement de réaliser ses projets longtemps différés faute de financements, de l’achat de sa maison au lancement de son entreprise, ou encore de partager ses gains avec sa famille ou avec ses collègues avec lesquels on a cotisé pour acheter le bulletin. Le loto, c’est une machine à rêver à laquelle chacun s’est adonné une fois dans sa vie et qui rythme toujours le quotidien des ...

Facteur humain

  Dans la longue liste de crashs aériens qui ont marqué l’histoire de l’aviation mondiale, celui de l’Airbus A320 de la Germanwings, survenu le 24 mars 2015, se distingue particulièrement. Car si le vol 9525, reliant Barcelone à Düsseldorf, a percuté les Alpes françaises, entraînant la mort de 150 personnes, ce n’est pas en raison d’une défaillance technique de l’appareil ou d’un événement extérieur qui aurait impacté l’avion, mais c’est à cause de la volonté du copilote de mettre fin à ses jours. L’enquête, en effet, a rapidement révélé que celui-ci, souffrant de problèmes de santé mentale non décelés par les procédures en vigueur, avait volontairement verrouillé la porte du cockpit, empêchant ainsi le commandant de bord de reprendre le contrôle de l’appareil. Ainsi, ce crash singulier touche au point le plus sensible qui soit : la confiance des passagers dans les pilotes à qui ils confient leur vie. C’est pour cela que cette tragédie a eu un tel impact sur l’opinion publique et a...