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Affichage des articles du avril, 2022

Retrouver l'insouciance

Il est toujours délicat d’adopter la bonne attitude face à certaines affaires dont la réalité n’est pas encore totalement établie : faut-il en parler au risque de relayer et d’amplifier ce qui ne sera finalement qu’une rumeur ? Ou bien n’en rien dire au risque de ne pas alerter sur un danger potentiel réel ? Vaste dilemme. Il suffit parfois d’une véritable affaire, parfaitement établie, pour que l’imagination des uns construise les plus folles histoires. La fameuse rumeur d’Orléans, sur laquelle se penchèrent nombre de sociologues dont Edgar Morin, en est l’illustration. Cette rumeur, déclenchée en 1969, qui voulait que des jeunes femmes soient enlevées dans les cabines d’essayage de plusieurs magasins de vêtements de la ville – tous tenus par des Juifs – en vue d’être prostituées à l’étranger via des réseaux de traite des Blanches, s’était construite, entre autres, sur une véritable affaire survenue 10 ans plus tôt à Marseille. Et à l’inverse, la rumeur, reprise maintes fois depuis le

Recomposition

Pour reprendre la fameuse expression de l’ancien Premier ministre Edouard Philippe lorsqu’il voulait illustrer le siphonnage des Républicains par la République en Marche en 2017, on peut dire que « la poutre travaille » encore. À sept semaines des élections législatives, ce sont même les poutres de touts les partis qui sont en train de travailler, au risque pour certaines de provoquer l’effondrement total de plusieurs maisons politiques. Si en 2017, l’élection d’Emmanuel Macron a constitué un big bang faisant éclater la gauche et la droite de gouvernement, cinq ans plus tard, force est de constater que la recomposition politique est toujours à l’œuvre et s’oriente vers une simplification qui pourrait au final s’avérer dangereuse pour notre démocratie. L’élection présidentielle a accouché d’une France divisée en trois blocs : un bloc de gauche radicale autour de Jean-Luc Mélenchon, un bloc d’ « extrême centre », celui de la majorité présidentielle amenée à encore s’élargir selon le souh

La République nous appelle

  « Il n’y a rien dans le monde qui n’ait son moment décisif, et le chef-d’œuvre de la bonne conduite est de connaître et de prendre ce moment. » Le grand photographe Henri Cartier-Bresson avait mis en exergue cette citation du cardinal de Retz dans son livre publié en 1952 et fait sa marque de cet « instant décisif », ce moment bref, assurément éphémère, qui peut déboucher sur une rupture, une profonde bascule. Mais où tout ce qui le précède, le suspense d’avant l’événement, porte des signaux d’alerte pour peu qu’on y soit attentif. En politique, chaque élection, et plus encore l’élection présidentielle, clef de voûte de nos institutions, a aussi son instant décisif : le moment du vote, du choix. Un choix décisif que vont faire ce dimanche 48,7 millions d’électeurs appelés aux urnes pour déterminer qui d’Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen doit devenir chef de l’État pour les cinq ans qui viennent. Pour la troisième fois en vingt ans, un front républicain veut éclairer ce choix décisi

Clarification

Après leur débat d’entre deux tours de l’élection présidentielle, suivi mercredi soir par quelque 15,6 millions de téléspectateurs – bien moins qu’en 2017 – Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont retrouvé hier le terrain pour la dernière ligne droite de la campagne qui s’achève ce soir. Hier matin, ils ont laissé leurs soutiens décrypter le débat et donner leur avis sur les prestations de leurs champions ; ceux du président sortant l’ayant trouvé forcément solide et compétent, ceux de Marine Le Pen se plaignant du ton professoral et arrogant du chef de l’État… tout en se gardant de trop revenir sur les difficultés rencontrées par la candidate RN. Car à désormais 48 heures du second tour, ce débat – le premier et le seul auquel aura participé M. Macron – sans réelle surprise, courtois mais parfois tendu, a permis de décrypter très concrètement les propositions des deux candidats. Bien plus que toutes les injonctions parfois paternalistes et moralisatrices qui appellent les Français depuis

Les mystères de Notre-Dame

Il y a trois ans nous regardions, en direct à la télévision, les flammes d’un incendie géant ravager l’un des joyaux de notre patrimoine, la cathédrale Notre-Dame de Paris. Le ciel de la capitale obscurci par l’immense panache de fumée, la flèche de Viollet-le-Duc, incandescente, en train de s’effondrer sous nos yeux, l’impuissance des pompiers qui ont tout tenté pour sauver la toiture de l’édifice, la stupeur dans les yeux de tous ceux qui étaient témoins de cette scène qu’on n’aurait pas imaginée, restent gravés dans nos mémoires. Qu’on soit Parisien ou provincial, qu’on soit chrétien, musulman, juif ou athée, l’émotion qui nous a étreint à ce moment-là était celle que l’on ressent lorsqu’un symbole de la France est atteint, lorsqu’un haut lieu de notre Histoire est menacé de disparition. Car de Charles VII à Henri IV, de la Révolution française à la Libération, du couronnement de Napoléon Bonaparte à la conversion de Paul Claudel, des mariages royaux aux obsèques présidentielles, la

Trompe-l'oeil

Le redémarrage de l’économie mondiale au sortir de l’été 2021 après 18 mois d’épidémie de Covid-19, puis la perspective et la survenue d’une guerre en Ukraine il y a deux mois ont contribué au retour de l’inflation, à une hausse des prix sur le gaz et l’électricité, les carburants et certains produits alimentaires ou du quotidien. Il est donc logique que le pouvoir d’achat soit devenu la priorité numéro 1 des Français, loin devant la santé, l’environnement – et la pourtant très menaçante crise climatique – l’insécurité ou l’immigration. Tous les candidats à l’élection présidentielle se sont saisis de ce thème, faisant des propositions tous azimuts et tombant parfois dans un festival de mesures démagogiques, au mieux difficilement finançables, au pire totalement ubuesques. Depuis dimanche dernier, les Français ont le choix entre deux candidats qui rivalisent de propositions pour assurer qu’avec eux les Français verront leur pouvoir d’achat préservé voire augmenté. D’un côté Emmanuel Mac

Ne pas baisser la garde

  Nous l’avons presque oubliée. Remplacée dans nos esprits par la guerre en Ukraine, ses combats et ses cortèges de réfugiés, puis éclipsée par l’élection présidentielle dont la campagne de second tour a commencé lundi avec beaucoup plus de tonus qu’auparavant, l’épidémie de Covid-19 est comme sortie des radars, ramenée à une actualité de seconde zone, presque insignifiante, indolore et finalement pas si inquiétante. Et pourtant, la pandémie est toujours bien là. Même si les scientifiques la comprennent mieux, même si les populations et les médecins partout dans le monde disposent d’outils pour la contenir, avec des vaccins et de prometteurs traitements, la Covid-19 reste une maladie complexe, parfois insaisissable, et toujours mortelle. Elle continue sa progression au gré des mutations du coronavirus apparu il y a deux ans et appelle chaque pays à s’adapter, y compris ceux qui se pensaient à l’abri. La Chine, par exemple, croyait avoir dominé la pandémie avec son implacable stratégie

«L’âme de la patrie»

Nous y voilà. Après une campagne électorale présidentielle totalement inédite, ennuyeuse pour les uns, passionnante pour les autres, tour à tour exaspérante ou inexistante, ballottée entre crise sanitaire et guerre en Ukraine, les Français sont appelés aux urnes ce dimanche pour départager 12 candidats et choisir deux d’entre eux qui s’affronteront dans 15 jours. Et si les sondages de ces derniers jours ont montré des dynamiques pour certains d’entre eux, rien n’est joué – certains électeurs décideront peut-être même dans l’isoloir à qui ira leur suffrage… Au terme d’un quinquennat marqué par les crises sociales, politiques ou sanitaires, dans un mode où les certitudes sont remises en question – et au premier chef l’idée même de démocratie et de paix – on aurait pu penser que les Français soient impatients de voter, de donner leur avis, de faire librement leur choix. Las, les voilà gagnés par une sinistrose qui étonne nos voisins européens. Un sondage Odoxa paru cette semaine montre ai

Artificiel

Le propre des crises est qu’elles sont autant des moments de bascule que de vérité et qu’elles révèlent que ce qui apparaissait impensable, incongru ou impossible ne l’était pas forcément. Ainsi lors de la crise du Covid-19, on a vu les 27 pays membres de l’Union européenne mettre de côté les sacro-saintes règles du traité de Maastricht – pas plus de 3 % de déficit public et 60 % d’endettement des États – pour permettre de surmonter la pandémie. Sous l’impulsion notamment de la France, les dogmes budgétaires ont été mis en pause afin de mutualiser de la dette au niveau européen et de bâtir un plan d’aides et de relance pour préserver les économies européennes. En sera-t-il de même avec un autre dogme européen, celui de la concurrence libre et non faussée, à l’occasion de la crise énergétique déclenchée par la guerre en Ukraine ? La question se pose à l’heure où les États doivent à la fois repenser leur mix énergétique en se passant des énergies fossiles russes et accélérer la transitio

Devoir civique

  Entravée par la crise sanitaire du Covid-19, sa 5e et sa 6e vagues, puis bousculée par la guerre en Ukraine, la campagne pour l’élection présidentielle dont le premier tour se déroule dans quatre jours est, sans conteste, à nulle autre pareille. Il y a cinq ans les rebondissements étaient spectaculaires entre un Président en poste qui n’était pas en mesure de se représenter, un jeune ministre de l’Économie sans parti qui avait quitté Bercy pour conquérir l’Elysée et un ancien Premier ministre qui emportait une primaire de droite avant de se fracasser sur des révélations d’emploi fictif familial. 2022 semble bien fade en comparaison. Mais chaque élection présidentielle – et c’est heureux – est unique et chacun des candidats contribue, par son talent ou ses bourdes, son charisme ou sa médiocrité, ses propositions ou ses outrances, à écrire l’histoire de notre République. L’élection de 2022 ne fait pas exception à la règle. Certains trouvent qu’on a une campagne atone, qui intéresserait