Il est toujours délicat d’adopter la bonne attitude face à certaines affaires dont la réalité n’est pas encore totalement établie : faut-il en parler au risque de relayer et d’amplifier ce qui ne sera finalement qu’une rumeur ? Ou bien n’en rien dire au risque de ne pas alerter sur un danger potentiel réel ? Vaste dilemme. Il suffit parfois d’une véritable affaire, parfaitement établie, pour que l’imagination des uns construise les plus folles histoires. La fameuse rumeur d’Orléans, sur laquelle se penchèrent nombre de sociologues dont Edgar Morin, en est l’illustration. Cette rumeur, déclenchée en 1969, qui voulait que des jeunes femmes soient enlevées dans les cabines d’essayage de plusieurs magasins de vêtements de la ville – tous tenus par des Juifs – en vue d’être prostituées à l’étranger via des réseaux de traite des Blanches, s’était construite, entre autres, sur une véritable affaire survenue 10 ans plus tôt à Marseille. Et à l’inverse, la rumeur, reprise maintes fois depuis le...
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