Nous l’avons presque oubliée. Remplacée dans nos esprits par la guerre en Ukraine, ses combats et ses cortèges de réfugiés, puis éclipsée par l’élection présidentielle dont la campagne de second tour a commencé lundi avec beaucoup plus de tonus qu’auparavant, l’épidémie de Covid-19 est comme sortie des radars, ramenée à une actualité de seconde zone, presque insignifiante, indolore et finalement pas si inquiétante. Et pourtant, la pandémie est toujours bien là.
Même si les scientifiques la comprennent mieux, même si les populations et les médecins partout dans le monde disposent d’outils pour la contenir, avec des vaccins et de prometteurs traitements, la Covid-19 reste une maladie complexe, parfois insaisissable, et toujours mortelle. Elle continue sa progression au gré des mutations du coronavirus apparu il y a deux ans et appelle chaque pays à s’adapter, y compris ceux qui se pensaient à l’abri. La Chine, par exemple, croyait avoir dominé la pandémie avec son implacable stratégie « zéro Covid », qui vise à éviter toute circulation de la maladie. Mais avec un virus aujourd’hui extrêmement contagieux, elle est inadaptée, quels que soient les confinements géants que l’on peut imaginer comme à Shanghaï…
« La circulation du virus est toujours très active, la mortalité reste élevée et le virus évolue d’une façon imprévisible » a alerté hier le Comité d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), appelant à ne pas baisser la garde dans la surveillance, les tests et le reporting, les mesures de santé publiques et sociales et la vaccination. Ce rappel vaut pour tous les pays dont la France où les contaminations dépassent les 135 000 cas par jour et pourraient atteindre 1,5 million selon le Pr Flahault en prenant en compte les personnes asymptomatiques.
Cette épidémie, qui nous épuise depuis deux ans et qu’on aimerait tant laisser derrière nous, reste donc un sujet d’actualité sanitaire… et politique. À dix jours du second tour de l’élection présidentielle, elle pourrait même s’inviter dans la campagne – la santé est la deuxième priorité des Français. Et donner lieu à quelques passes d’armes entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, tant les deux candidats ont pris des positions radicalement différentes ces deux dernières années, que ce soit sur la chloroquine, la vaccination, les pass sanitaire puis vaccinal mais aussi la réponse aux conséquences socio-économiques de la pandémie pour les Français, le « quoi qu’il en coûte »…
«Nous n’avons pas cédé à l’esprit du temps et à la démagogie, aux influences étrangères et aux fantaisies », a déjà taclé Emmanuel Macron, qui sait qu’il est en position de force face Marine Le Pen sur ce thème, une large part de Français estimant qu’il a plutôt bien géré la crise.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 14 avril 2022)