Bien plus que toutes les injonctions parfois paternalistes et moralisatrices qui appellent les Français depuis le 10 avril à faire barrage pour la troisième fois en vingt ans à une extrême droite qui n’a cessé de progresser, le décorticage des propositions de Marine Le Pen effectué en direct par Emmanuel Macron s’est avéré la méthode la plus efficace pour en souligner les approximations, les incohérences voire l’infaisabilité constitutionnelle. Sur le pouvoir d’achat, la laïcité, les relations internationales, l’énergie… le président sortant a su dévoiler les dessous de propositions avenantes en surface, « ripolinées en façade », mais parties prenantes d’un programme d’extrême droite qui n’a finalement pas bougé d’un iota depuis des années, toujours aussi porteur de divisions et de chaos économique et social. Parfois sonnée par l’aplomb de son adversaire, Marine Le Pen a été, elle, dans l’incapacité d’en faire autant et de le contrer en soulignant ses quelques oublis ou tout simplement en parlant de son bilan.
Au final, ce débat a participé à la clarification très nette qui manquait depuis le début de la campagne et que les derniers rendez-vous de ce vendredi ne devraient pas modifier. C’est en toute connaissance de cause que les électeurs vont désormais pouvoir choisir dimanche – par adhésion ou élimination – entre deux projets aux antipodes, deux propositions d’avenir pour le pays radicalement différentes, deux conceptions aussi de l’exercice de l’État et de la République qui garantit notamment l’égalité des droits entre tous les citoyens, le respect les libertés fondamentales dont le droit à la libre expression et la laïcité. L’un des candidats inscrit son projet – aussi critiquable soit-il – dans ce champ républicain, l’autre nous en éloignerait irrémédiablement.
(Editorial publié dans La Dépêche du vendredi 22 avril 2022)