Accéder au contenu principal

Clarification

debat


Après leur débat d’entre deux tours de l’élection présidentielle, suivi mercredi soir par quelque 15,6 millions de téléspectateurs – bien moins qu’en 2017 – Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont retrouvé hier le terrain pour la dernière ligne droite de la campagne qui s’achève ce soir. Hier matin, ils ont laissé leurs soutiens décrypter le débat et donner leur avis sur les prestations de leurs champions ; ceux du président sortant l’ayant trouvé forcément solide et compétent, ceux de Marine Le Pen se plaignant du ton professoral et arrogant du chef de l’État… tout en se gardant de trop revenir sur les difficultés rencontrées par la candidate RN. Car à désormais 48 heures du second tour, ce débat – le premier et le seul auquel aura participé M. Macron – sans réelle surprise, courtois mais parfois tendu, a permis de décrypter très concrètement les propositions des deux candidats.

Bien plus que toutes les injonctions parfois paternalistes et moralisatrices qui appellent les Français depuis le 10 avril à faire barrage pour la troisième fois en vingt ans à une extrême droite qui n’a cessé de progresser, le décorticage des propositions de Marine Le Pen effectué en direct par Emmanuel Macron s’est avéré la méthode la plus efficace pour en souligner les approximations, les incohérences voire l’infaisabilité constitutionnelle. Sur le pouvoir d’achat, la laïcité, les relations internationales, l’énergie… le président sortant a su dévoiler les dessous de propositions avenantes en surface, « ripolinées en façade », mais parties prenantes d’un programme d’extrême droite qui n’a finalement pas bougé d’un iota depuis des années, toujours aussi porteur de divisions et de chaos économique et social. Parfois sonnée par l’aplomb de son adversaire, Marine Le Pen a été, elle, dans l’incapacité d’en faire autant et de le contrer en soulignant ses quelques oublis ou tout simplement en parlant de son bilan.

Au final, ce débat a participé à la clarification très nette qui manquait depuis le début de la campagne et que les derniers rendez-vous de ce vendredi ne devraient pas modifier. C’est en toute connaissance de cause que les électeurs vont désormais pouvoir choisir dimanche – par adhésion ou élimination – entre deux projets aux antipodes, deux propositions d’avenir pour le pays radicalement différentes, deux conceptions aussi de l’exercice de l’État et de la République qui garantit notamment l’égalité des droits entre tous les citoyens, le respect les libertés fondamentales dont le droit à la libre expression et la laïcité. L’un des candidats inscrit son projet – aussi critiquable soit-il – dans ce champ républicain, l’autre nous en éloignerait irrémédiablement.

(Editorial publié dans La Dépêche du vendredi 22 avril 2022)

Posts les plus consultés de ce blog

Grandiose !

  Cent ans après les JO de Paris de 1924, les XXXIIIes Jeux Olympiques d’été de l’ère moderne se sont ouverts hier dans la Capitale au terme d’une cérémonie d’ouverture exceptionnelle qui est entrée dans l’histoire en en mettant plein les yeux au monde entier. Les athlètes ont défilé non pas dans un Stade olympique mais en bateau, sur la Seine, sur un parcours rythmé par une mise en scène de toute beauté mettant en valeur la France, son patrimoine, son Histoire, ses talents, avant de rejoindre le Trocadéro devant une Tour Eiffel parée des anneaux olympiques. Nul doute que cette cérémonie réussie, émouvante, populaire, inédite, fera date en se rangeant dans la longue liste des défilés qui ont marqué les JO mais aussi l’histoire de notre pays, de la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790 à celle pour le Bicentenaire de la Révolution française en 1989, en passant par la Libération de Paris dont on va bientôt célébrer les 80 ans. Cette cérémonie ponctue plusieurs années de préparatio...

Guerres et paix

La guerre menace encore une fois le Pays du Cèdre, tant de fois meurtri par des crises à répétition. Les frappes israéliennes contre le sud du Liban et les positions du Hezbollah ravivent, en effet, le spectre d’un nouveau conflit dans cette Terre millénaire de brassage culturel et religieux. Après quinze années de violence qui ont profondément marqué le pays et ses habitants (1975-1990), la paix est toujours restée fragile, constamment menacée par les ingérences étrangères, les divisions communautaires et une classe politique corrompue. La crise économique sans précédent qui frappe le pays depuis 2019, puis l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en 2020, symbolisant l’effondrement d’un État rongé par des décennies de mauvaise gouvernance, ont rajouté au malheur de ce petit pays de moins de 6 millions d’habitants, jadis considéré comme la Suisse du Moyen-Orient. Victime d’une spectaculaire opération d’explosion de ses bipeurs et talkies-walkies attribuée à Israël, le Hezbollah – ...

Vaccin et vigilance

La résurgence de la coqueluche en France comme ailleurs en Europe a de quoi inquiéter. En France depuis le début de l’année, un total provisoire de 28 décès a été rapporté à Santé Publique France, dont 20 enfants (18 de moins de 1 an) et 8 adultes (de 51 à 86 ans mais dont la coqueluche n’était pas indiquée comme première cause de décès). La circulation de la bactérie Bordetella pertussis, principale cause de la coqueluche, est si importante que les autorités s’attendent à de nouveaux cas à venir dans les prochains mois. Car la coqueluche est extrêmement contagieuse, une personne contaminée pouvant transmettre la maladie à 15 autres en moyenne… Et si elle a longtemps été considérée comme une maladie de la petite enfance, elle peut être sévère à tous les âges, voire mortelle pour les nourrissons, non ou partiellement vaccinés, et les personnes à risque telles que les femmes enceintes et les personnes âgées. Ce n’est pas la première fois que l’on est confronté à une résurgence de la coqu...