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Articles

Affichage des articles du décembre, 2021

Le nucléaire : retour en grâce mais...

C’est un vieux débat que celui de l’énergie nucléaire qui revient dans l’actualité avec une nouvelle donne provoquée par une crise sanitaire inédite qui a fait bondir la demande et donc les prix de l’énergie, et une crise climatique majeure qui pousse le monde à revoir ses mix énergétiques en privilégiant ceux qui permettent de lutter contre la pollution et le réchauffement du climat. Ce débat nucléaire entre pro et anti, radical et parfois brutal, a longtemps été celui de bloc contre bloc. Né après la fin de la Seconde Guerre mondiale et les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, le mouvement anti-nucléaire s’est intensifié dans les années 70 lorsque, après le choc pétrolier, le programme français est monté en puissance pour construire les quelque 54 réacteurs que nous connaissons. Les pro et les anti-nucléaire se sont alors affrontés entre considérations énergétiques et industrielles d’un côté – soutenir une filière d’excellence française et fournir de l’électricité au meil

Dramatiser sans démoraliser

  Ce lundi 27 décembre aurait pu être un jour de fête, en tout cas de célébration puisque hier, cela a fait un an que la campagne de vaccination contre le Covid-19 a commencé. Chacun se souvient de Mauricette, cette pimpante retraitée de 78 ans qui s’était dite « émue » devant les caméras en devenant la première personne en France à être vaccinée contre le coronavirus, à l’hôpital René-Muret de Sevran, en Seine-Saint-Denis. Entamée avec retard et une logistique qu’il a fallu faire monter en puissance avec les vaccinodromes, la campagne vaccinale française a depuis rattrapé bien des pays qui nous distançaient, notamment le Royaume-Uni ou les Etats-Unis. Un an après, plus de 52 millions de Français ont reçu une première dose, dont plus de 51 millions les deux doses, et la France compte plus de 21 millions de personnes vaccinées avec la dose de rappel. Mais, las ! Hier l’heure n’était pas à la fête. L’exécutif, qui a un temps escompté le retour prochain de jours heureux entre perspective

Le jeu de l'amour et du hasard

  Sorti en 2013, le film « Her » (Elle) de Spike Jonze, romance de science-fiction se déroulant en 2025, préfigurait-il le devenir des applications de rencontre ? L’histoire est celle d’un écrivain public divorcé, incarné par Joaquin Phoenix, qui installe sur son smartphone une intelligence artificielle, baptisée Samantha, qui va tellement coller aux attentes de son propriétaire qu’il finit par en tomber amoureux à la grande inquiétude de ses amis. Le héros, qui pensait ainsi s’éviter la souffrance qui peut naître d’une relation avec une personne humaine, ne se rendra compte que bien plus tard de la réalité froide et mercantile qui se cache derrière l’avatar numérique si parfait. Nous n’en sommes pas encore là mais force est de constater que depuis la mise en ligne, il y a bientôt vingt ans, de la première version du site de rencontres Meetic, la recherche d’une relation affective – ou sexuelle ne soyons pas naïf – est de plus en plus soumise à des algorithmes. La personnalité des util

Ancien monde, nouveau monde

  La faillite de Swoon, qui proposait un compte de paiement sur mobile et, en produit d’appel, un compte rémunéré à 3 % à partir de prêts aux PME, et qui laisse aujourd’hui sur le carreau quelque 500 clients, ou encore les clients de la néobanque allemande N26 qui ont vu leurs comptes bancaires fermés du jour au lendemain et attendent pour certains toujours la restitution de leur argent, sont deux affaires récentes bien différentes. Mais elles permettent de tirer deux leçons en ce qui concerne les fintech, ces start-up spécialisées dans la finance qui bousculent le secteur bancaire. La première est que, comme pour n’importe quel produit financier, il convient de faire preuve de prudence, de fuir les promesses de rendements trop alléchants ou de services inclus gratuits mais vite limités, et de se renseigner sur le pedigree des sociétés à qui l’on va confier son argent. On ne compte plus le nombre de fintech arrivées sur le marché avec de belles vitrines… mais qui cachent des fondations

Jamais plus jamais ?

  Après bientôt deux années d’épidémie, le Covid-19 nous aura appris une chose : il ne faut jamais dire jamais. Car cette pandémie insaisissable est, d’évidence, toujours prête à rebondir avec un nouveau variant alors qu’on pensait en avoir fini. Le Covid-19 épuise les scientifiques qui apprennent chaque jour un peu plus comment fonctionnent le coronavirus et ses mutations, fatigue les soignants qui font dignement et courageusement face à la 5e vague Delta et la 6e vague Omicron qui arrive, et exaspère chacun d’entre nous, professionnels ou particuliers, qui rêvons de retrouver, sinon la vie d’avant, du moins une vie plus normale où les relations sociales ne seraient pas conditionnées par une multitude de contraintes, nécessaires mais exténuantes, où la vie sociale, culturelle, économique ne se déroulerait pas sous une chappe de restrictions entre gestes barrière et pass sanitaire. Après le premier confinement du 17 mars au 11 mai 2020, chacun s’accordait à dire – et le gouvernement au

Pari sanitaire, effet politique

En annonçant vendredi soir la volonté du gouvernement de transformer d’ici fin janvier le pass sanitaire en pass vaccinal, c’est-à-dire accessible aux seules personnes vaccinées contre le Covid-19 ou guéries de celui-ci, c’est peu dire que le Premier ministre Jean Castex a surpris son monde. Mais face à la 5e vague de l’épidémie et, surtout, face au variant Omicron, véritable vague dans la vague à la progression fulgurante, l’exécutif a pris un pari sanitaire aux effets très politiques. Pari sanitaire car face aux menaces, le simple rappel du respect des gestes barrière en famille autour de la table de Noël ne suffisait évidemment pas. Alors que la France, pays parmi les plus vaccinés au monde, semble pour l’instant mieux tirer son épingle du jeu, l’exécutif a choisi de faire monter en puissance la principale arme dont nous disposons face au coronavirus : la vaccination, qui atténue les transmissions et évite de développer une forme grave de la maladie. Après la dose de rappel puis l’é

Nouvelles frontières, nouveaux fronts

En mars 2003, l’inquiétude avait gagné le plateau du Larzac où se construisait le viaduc de Millau. Le déclenchement de la guerre en Irak laissait craindre que l’armée américaine ne décide de dégrader le signal du célèbre système GPS qui lui appartient pour empêcher les Irakiens de l’utiliser. Problème : le signal GPS était alors utilisé pour faire avancer très précisément l’une vers l’autre les deux parties du tablier du pont multi-haubané le plus haut du monde. Il n’en a finalement rien été et la construction du viaduc a pu se poursuivre normalement. Cet épisode anecdotique montrait déjà combien, en n’étant pas maître de ses outils, l’on peut être soudainement vulnérable. Cette règle, dans le domaine spatial, n’a cessé depuis de se vérifier alors que l’espace est devenu un lieu de potentiels conflits civils mais aussi militaires. Le New Space, ce nouvel espace où se bousculent agences spatiales américaines, russes, chinoises, européennes, indiennes ou japonaises, et depuis quelques a

Urgente transparence

À la lecture de notre enquête et des témoignages ou des prises de position que nous publions dans nos colonnes aujourd’hui, que ce soient ceux des patientes atteintes de tumeurs cérébrales, ceux d’association d’aide aux malades ou ceux de médecins spécialistes, on reste saisi par une désagréable impression de déjà-vu. Un médicament largement prescrit, qui se révèle finalement plus dangereux que bénéfique et dont les patients qui le prennent, au pire ne sont pas informés des terribles effets secondaires, au mieux le sont avec des années de retard. Et on pense à ces scandales sanitaires récents du Mediator, du Lévothyrox, de la Dépakine, avec leurs cortèges de victimes et les longues batailles judiciaires face à des laboratoires qui restent dans le déni, droit dans leurs bottes à l’image de Jacques Servier. On pense aussi à celles et ceux qui ont permis, avec un courage et une force de caractère inouïs que la vérité sorte du brouillard et éclate en pleine lumière : le docteur Irène Frach

Nouveau pari

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les enfants ont constitué comme une énigme pour les scientifiques. La compréhension de leur rôle dans la transmission du coronavirus était particulièrement délicate, nombre d’études scientifiques semblant se contredire. Tantôt potentiels supercontaminateurs auprès de leurs proches dans le cercle familial ou scolaire, tantôt quasi-indifférents au Covid-19 ; tantôt ne développant que des formes bénignes de la maladie, tantôt subissant, comme certains adultes, des Covid longs éprouvants, les enfants face au coronavirus restaient un mystère. Mais au fil des mois et des études scientifiques notre compréhension s’est affinée. Si les jeunes enfants apparaissent moins souvent malades et transmetteurs que les adolescents ou les adultes et si le pourcentage d’enfants infectés et à l’origine de transmission semble moins important que chez l’adulte, en cas de circulation très active du virus et donc d’un nombre de cas très élevé, ce faible pourcentage peu

Pointillisme

  Dans quelques jours, cela fera un an que Delphine Jubillar aura disparu. Un an que l’on est sans nouvelles de l’infirmière de 33 ans, de la jeune maman de deux enfants qui s’est volatilisée à Cagnac-les-Mines dans la nuit du mardi 15 au mercredi 16 décembre 2020. Un an que ses amies, qui ont régulièrement organisé des recherches au-delà des lieux examinés par les enquêteurs, veulent garder un espoir dont elles savent qu’il est de plus en plus infime. Un an que les enquêteurs explorent toutes les pistes possibles et referment les hypothèses, les unes après les autres. Un an que l’opinion publique se passionne pour cette affaire qui, semaine après semaine, est devenue hors normes. Un an que le mystère persiste et s’épaissit au point que certains imaginent que « l’affaire Jubillar » ne finisse par rejoindre la longue liste de ces cold cases, ces affaires non résolues qui, à l’instar d’une affaire Grégory, nourrissent des années durant toutes les théories possibles et imaginables. Et pou

Les alarmistes et les rassuristes

Noël 2021 ressemblera-t-il à Noël 2020 ? À trois semaines des fêtes de fin d’année, les Français s’interrogent alors que la 5e vague de l’épidémie de Covid-19 avance de façon fulgurante avec près de 50 000 cas en 24 heures mercredi, que les hospitalisations sont en hausse et ont contraint certains hôpitaux à déclencher leur plan blanc, et que le variant Omicron – dont on ignore encore la contagiosité et la dangerosité – vient d’arriver en métropole. Autant d’éléments qui paraissent menacer les retrouvailles tant attendues et nous ramènent un an auparavant quand il fallait songer à séparer la famille. « On coupe la bûche en deux, papy et mamie mangent dans la cuisine et nous dans la salle à manger », osait même le président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP, le docteur Rémi Salomon, déclenchant un tollé. La situation est heureusement bien différente cette année car près de 75 % des Français sont vaccinés. Mais la bataille fait tout de même encore rage entre les alarmi

Risques

Le décès de la technicienne de laboratoire toulousaine de la maladie de Creutzfeldt-Jakcob soulève évidemment de nombreuses questions sur la façon dont la recherche sur les prions, ces agents hautement pathogènes et dangereux, est menée en France, sur les conditions d’exercice de ces travaux ou sur les moyens financiers et humains dont disposent les laboratoires.  Mais ce décès est avant tout un drame humain. On ne connaît pas encore l’identité de cette retraitée, ni les conditions exactes dans lesquelles elle a pu être contaminée, mais elle est aujourd’hui, assurément, le symbole de tous ces chercheurs, de tous ces scientifiques, de tous ces techniciens, de toutes ces petites mains qui, dans les laboratoires, sur les paillasses ou devant leurs ordinateurs, œuvrent jour après jour pour le progrès de la science avec passion, détermination et abnégation. Et parfois, trop souvent, dans l’indifférence de l’opinion et des responsables politiques. À quatre mois de la présidentielle, la scien