Accéder au contenu principal

Dramatiser sans démoraliser

 

omicron

Ce lundi 27 décembre aurait pu être un jour de fête, en tout cas de célébration puisque hier, cela a fait un an que la campagne de vaccination contre le Covid-19 a commencé. Chacun se souvient de Mauricette, cette pimpante retraitée de 78 ans qui s’était dite « émue » devant les caméras en devenant la première personne en France à être vaccinée contre le coronavirus, à l’hôpital René-Muret de Sevran, en Seine-Saint-Denis. Entamée avec retard et une logistique qu’il a fallu faire monter en puissance avec les vaccinodromes, la campagne vaccinale française a depuis rattrapé bien des pays qui nous distançaient, notamment le Royaume-Uni ou les Etats-Unis. Un an après, plus de 52 millions de Français ont reçu une première dose, dont plus de 51 millions les deux doses, et la France compte plus de 21 millions de personnes vaccinées avec la dose de rappel.

Mais, las ! Hier l’heure n’était pas à la fête. L’exécutif, qui a un temps escompté le retour prochain de jours heureux entre perspective de fin de l’épidémie et reprise économique, a dû revoir ses plans face à la fulgurance du variant Omicron, véritable vague dans la vague du variant Delta qu’il va bientôt supplanter. La contagiosité d’Omicron est, en effet, telle qu’il pourrait en janvier paralyser le pays avec un nombre record de milliers de cas positifs et donc d’arrêts de travail.

Comment freiner ce variant et éviter que les hôpitaux – déjà en tension avec des personnels aussi admirables qu’épuisés – ne soient submergés tout en préservant l’activité économique ou l’éducation des enfants ? Comment endiguer la vague sans enfermer la société ? Comment trouver cet impossible chemin de crête entre les rassuristes et les alarmistes ? Comment dramatiser sans démoraliser ? C’est à la poursuite de cet « en même temps » qu’Emmanuel Macron et ses ministres ont travaillé hier lors d’un conseil de défense sanitaire puis d’un conseil des ministres extraordinaire : au premier de décider de nouvelles mesures restrictives en poussant le plus loin possible le curseur vers la ligne rouge du confinement ; au second d’acter la transformation très sensible du pass sanitaire en pass vaccinal – une « obligation vaccinale déguisée » selon Olivier Véran – via un projet de loi qui arrivera devant le Parlement en janvier avec des débats houleux.

Avec ces deux leviers, l’exécutif croit pouvoir franchir la 5e vague Delta et affronter la 6e vague Omicron en s’accrochant à l’espoir formulé la semaine dernière par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Nous avons les outils pour faire rendre gorge à la pandémie : si on les utilise correctement, nous avons le pouvoir d’y mettre fin en 2022 », estimait Maria Van Kerkhove, chargée de la lutte contre le Covid à l’OMS.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 28 décembre 2021)

Posts les plus consultés de ce blog

Machine à cash et à rêves

Qui n’a jamais rêvé d’être un jour le gagnant du loto, que l’on soit celui qui joue depuis des années les mêmes numéros en espérant qu’un jour ils constituent enfin la bonne combinaison ou que l’on soit même celui qui ne joue jamais mais qui se projette malgré tout dans la peau d’un gagnant, énumérant ce qu’il ferait avec ces centaines de millions d’euros qui grossiraient son compte en banque. Chacun se prend ainsi à rêver de vacances éternelles au soleil, de voyages au long cours, de montres de bijoux ou de voitures de luxe, de yachts XXL naviguant sur des mers turquoise, de grands restaurants étoilés ou plus simplement de réaliser ses projets longtemps différés faute de financements, de l’achat de sa maison au lancement de son entreprise, ou encore de partager ses gains avec sa famille ou avec ses collègues avec lesquels on a cotisé pour acheter le bulletin. Le loto, c’est une machine à rêver à laquelle chacun s’est adonné une fois dans sa vie et qui rythme toujours le quotidien des ...

Facteur humain

  Dans la longue liste de crashs aériens qui ont marqué l’histoire de l’aviation mondiale, celui de l’Airbus A320 de la Germanwings, survenu le 24 mars 2015, se distingue particulièrement. Car si le vol 9525, reliant Barcelone à Düsseldorf, a percuté les Alpes françaises, entraînant la mort de 150 personnes, ce n’est pas en raison d’une défaillance technique de l’appareil ou d’un événement extérieur qui aurait impacté l’avion, mais c’est à cause de la volonté du copilote de mettre fin à ses jours. L’enquête, en effet, a rapidement révélé que celui-ci, souffrant de problèmes de santé mentale non décelés par les procédures en vigueur, avait volontairement verrouillé la porte du cockpit, empêchant ainsi le commandant de bord de reprendre le contrôle de l’appareil. Ainsi, ce crash singulier touche au point le plus sensible qui soit : la confiance des passagers dans les pilotes à qui ils confient leur vie. C’est pour cela que cette tragédie a eu un tel impact sur l’opinion publique et a...

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...