Accéder au contenu principal

Risques

cerveau

Le décès de la technicienne de laboratoire toulousaine de la maladie de Creutzfeldt-Jakcob soulève évidemment de nombreuses questions sur la façon dont la recherche sur les prions, ces agents hautement pathogènes et dangereux, est menée en France, sur les conditions d’exercice de ces travaux ou sur les moyens financiers et humains dont disposent les laboratoires. 

Mais ce décès est avant tout un drame humain. On ne connaît pas encore l’identité de cette retraitée, ni les conditions exactes dans lesquelles elle a pu être contaminée, mais elle est aujourd’hui, assurément, le symbole de tous ces chercheurs, de tous ces scientifiques, de tous ces techniciens, de toutes ces petites mains qui, dans les laboratoires, sur les paillasses ou devant leurs ordinateurs, œuvrent jour après jour pour le progrès de la science avec passion, détermination et abnégation. Et parfois, trop souvent, dans l’indifférence de l’opinion et des responsables politiques. À quatre mois de la présidentielle, la science et la recherche sont, hélas, les grandes absentes des débats… Cette technicienne comme avant elle Emilie Jaumain – dont l’histoire a donné naissance à l’association Emilys qui promeut la sécurité dans les laboratoires de recherche et médical – méritent hommage et considération.

Ces décès liés à des contaminations survenues il y a plusieurs années lancent en tout cas un défi à la communauté scientifique pour conforter une culture du risque assurément insuffisante. Certes, le risque zéro n’existe pas, un accident de laboratoire est toujours possible – rappelons-nous le coronavirus dont il est de plus en plus plausible qu’il ait fuité du laboratoire P4 ultra-sécurisé de Wuhan. Mais il convient de minimiser au maximum le risque en adoptant des protocoles bâtis à partir des connaissances scientifiques dont on dispose et qui évolueront au fil du temps. L’importance accordée à la formation des agents, le suivi médical professionnel, la conduite à tenir en cas d’accident, l’harmonisation des pratiques, la conformité globale des locaux et des équipements… : autant d’éléments à améliorer comme le notait d’ailleurs à l’automne 2020 la mission ministérielle diligentée après le décès d’Emilie Jaumain. La nouvelle mission qui doit rendre son rapport d’ici la fin de l’année, devra non seulement amender les recommandations mais aussi apporter des garanties pour la levée du moratoire.

Car rien ne serait pire que d’arrêter les recherches sur les protéines prions. Ce serait bafouer la mémoire et l’engagement des deux chercheuses. Ce serait aussi se priver d’accroître nos connaissances sur la maladie de Creutzfeldt-Jakob mais aussi les autres maladies neuro-dégénératives comme la maladie d’Azheimer, la maladie de Parkinson, ou certains cancers.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 2 décembre 2021)


Posts les plus consultés de ce blog

Entaché

Dix ans après son départ du gouvernement Ayrault, Jérôme Cahuzac, l’ancien ministre du Budget de François Hollande, envisage-t-il son retour en politique ? En tout cas l’intéressé, condamné en appel à deux ans de prison pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, et frappé de cinq années d’inéligibilité, était hier sur le marché de Monsempron-Libos, non loin de Villeneuve-sur-Lot, la ville dont il a été le député et le maire.Fin octobre déjà il participait à une réunion, organisée à huis clos, quelques semaines après le lancement d’une association politique «Les amis de Jérôme Cahuzac». Récemment interrogé par Sud-Ouest pour savoir s’il préparait son retour politique, le septuagénaire, qui avait élu domicile en Corse où il pratiquait la médecine à l’hôpital de Bonifacio, s’est borné à répondre que «tout est une question de circonstances», faisant remarquer qu’ «on fait de la politique pour être élu et agir» et qu’il n’y avait pas d’élections avant 2026, date des prochaines m

Grandiose !

  Cent ans après les JO de Paris de 1924, les XXXIIIes Jeux Olympiques d’été de l’ère moderne se sont ouverts hier dans la Capitale au terme d’une cérémonie d’ouverture exceptionnelle qui est entrée dans l’histoire en en mettant plein les yeux au monde entier. Les athlètes ont défilé non pas dans un Stade olympique mais en bateau, sur la Seine, sur un parcours rythmé par une mise en scène de toute beauté mettant en valeur la France, son patrimoine, son Histoire, ses talents, avant de rejoindre le Trocadéro devant une Tour Eiffel parée des anneaux olympiques. Nul doute que cette cérémonie réussie, émouvante, populaire, inédite, fera date en se rangeant dans la longue liste des défilés qui ont marqué les JO mais aussi l’histoire de notre pays, de la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790 à celle pour le Bicentenaire de la Révolution française en 1989, en passant par la Libération de Paris dont on va bientôt célébrer les 80 ans. Cette cérémonie ponctue plusieurs années de préparation po

Vaccin et vigilance

La résurgence de la coqueluche en France comme ailleurs en Europe a de quoi inquiéter. En France depuis le début de l’année, un total provisoire de 28 décès a été rapporté à Santé Publique France, dont 20 enfants (18 de moins de 1 an) et 8 adultes (de 51 à 86 ans mais dont la coqueluche n’était pas indiquée comme première cause de décès). La circulation de la bactérie Bordetella pertussis, principale cause de la coqueluche, est si importante que les autorités s’attendent à de nouveaux cas à venir dans les prochains mois. Car la coqueluche est extrêmement contagieuse, une personne contaminée pouvant transmettre la maladie à 15 autres en moyenne… Et si elle a longtemps été considérée comme une maladie de la petite enfance, elle peut être sévère à tous les âges, voire mortelle pour les nourrissons, non ou partiellement vaccinés, et les personnes à risque telles que les femmes enceintes et les personnes âgées. Ce n’est pas la première fois que l’on est confronté à une résurgence de la coqu