Face au drame qui a frappé mardi soir le village de Senouillac, c’est bien sûr l’émotion et la compassion avec la famille de la victime qui affleure en chacun de nous. Sandra Vicente, dont la force, la détermination et l’engagement auprès des autres en général et de ses concitoyens en particulier forçaient l’admiration, n’aurait pas dû perdre la vie dans des circonstances aussi tragiques. Vraisemblablement blessée par ses chiens, cette jeune élue handicapée n’a peut-être pas eu la possibilité ou la force de se protéger, de se défendre depuis son fauteuil roulant. L’enquête devra déterminer plus précisément les circonstances du drame, trouver l’élément déclencheur qui a poussé les chiens, deux rottweillers, à se retourner contre leur maîtresse.
Ce drame convoque immanquablement, aussi, le souvenir d’une autre affaire récente : celle d’Elisa Pilarski, fin 2019. Cette jeune femme de 29 ans, enceinte avait été mortellement mordue par son chien Curtis, un American Staffordshire terrier, selon les conclusions d’une longue enquête qui avait alors écarté l’implication d’une meute de chiens de chasse. La famille de la jeune femme ne pouvait se résoudre à croire que les morsures étaient dues au propre chien de la victime.
Dans l’affaire Pilarski, le chien était classé en catégorie 1, celle des « chiens d’attaque ». Dans le drame du Tarn, les rottweilers appartiennent à la catégorie 2, dite des « chiens de garde et de défense ». Pour tous ces chiens, depuis 2010, le législateur a rendu obligatoire une attestation d’aptitude remise après une formation du propriétaire, et une évaluation comportementale de l’animal par un vétérinaire. À la lumière des deux drames, ces mesures doivent-elles être encore renforcées sachant qu’il y aura toujours une part d’inconnu dans le comportement animal ?
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 28 janvier 2021)