Accéder au contenu principal

Le prix de la sécurité

pompiers


C’est l’une des professions les plus admirées et respectées des Français, celle que veulent exercer les petits garçons et aussi les petites filles quand ils seront grands, celle qui incarne au plus haut point le sens de l’intérêt général. Les pompiers, puisque c’est d’eux dont il s’agit, peuvent évidemment se réjouir de bénéficier d’une telle image positive dans l’opinion. Celle-ci les conforte et les porte au quotidien mais si elle est nécessaire, elle n’est plus suffisante pour faire face aux difficultés qu’ils rencontrent au quotidien, opérationnelles, humaines et financières.

Opérationnelle d’abord car leurs missions ont profondément changé et s’exercent avec plus de contraintes. De l’urgence à intervenir pour sauver des vies – presque 9 opérations sur 10 – on est passé à des interventions qui ne nécessitent parfois même pas de gestes de secours et relèvent bien souvent davantage de la médecine de ville voire des services sociaux.
C’est que les pompiers sont devenus l’ultime recours pour une partie de la population, tous ceux qui sont en grande détresse sociale, ceux qui se sentent trop éloignés des services publics ou des services d’urgences eux-mêmes en difficulté. La désertification médicale et la saturation des urgences d’un côté, la diminution du nombre de casernes de l’autre, sans oublier des aménagements urbains parfois mal pensés ou un flux de circulation trop dense rallongent désormais leur temps d’intervention.

Difficultés humaines ensuite lorsqu’il s’agit de maintenir un effectif de sapeurs-pompiers. La question du recrutement pour les pompiers volontaires, qui représentent 80 % des effectifs, se pose toujours de même que leur disponibilité. Lors du 125e congrès des sapeurs-pompiers en 2019, un « plan d’action » avait été acté pour relancer le volontariat, en stagnation depuis plusieurs années, un plan qui succédait déjà à un « engagement national » pris par François Hollande en 2013… Rendre attractif ce métier hors normes reste évidemment une priorité.

Enfin, les pompiers subissent les difficultés financières des SDIS, les services départementaux d’incendies et de secours. Dans un contexte budgétaire national qui est aux économies tous azimuts et qui impacte notamment les Départements – financeurs des SDIS à hauteur de 60 % – il y a urgence à sécuriser les budgets. Une mission parlementaire sur le financement des SDIS a fait une dizaine de propositions en mai dernier. Il faut notamment financer des investissements lourds et récurrents (casernes, matériel…), l’augmentation constante des charges de personnels, les nouvelles normes matérielles ou les évolutions statutaires. Il reste désormais à passer de la parole aux actes car les besoins et les missions des pompiers ne vont pas aller en diminuant, notamment en raison des conséquences du réchauffement climatique.

Cette semaine Météo-France a dévoilé comment il faudrait adapter une France qui vivrait en 2100 avec +4°. Un scénario marqué par un risque d’inondation aggravé, un risque de feux de forêt généralisé à l’ensemble de la France et multiplié par deux dans les régions méditerranéennes, une diminution de la ressource en eau ou encore une hausse des journées caniculaires. Autant dire que les pompiers seront plus indispensables que jamais…

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 24 mars 2025)

Posts les plus consultés de ce blog

Guerres et paix

La guerre menace encore une fois le Pays du Cèdre, tant de fois meurtri par des crises à répétition. Les frappes israéliennes contre le sud du Liban et les positions du Hezbollah ravivent, en effet, le spectre d’un nouveau conflit dans cette Terre millénaire de brassage culturel et religieux. Après quinze années de violence qui ont profondément marqué le pays et ses habitants (1975-1990), la paix est toujours restée fragile, constamment menacée par les ingérences étrangères, les divisions communautaires et une classe politique corrompue. La crise économique sans précédent qui frappe le pays depuis 2019, puis l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en 2020, symbolisant l’effondrement d’un État rongé par des décennies de mauvaise gouvernance, ont rajouté au malheur de ce petit pays de moins de 6 millions d’habitants, jadis considéré comme la Suisse du Moyen-Orient. Victime d’une spectaculaire opération d’explosion de ses bipeurs et talkies-walkies attribuée à Israël, le Hezbollah – ...

Vaccin et vigilance

La résurgence de la coqueluche en France comme ailleurs en Europe a de quoi inquiéter. En France depuis le début de l’année, un total provisoire de 28 décès a été rapporté à Santé Publique France, dont 20 enfants (18 de moins de 1 an) et 8 adultes (de 51 à 86 ans mais dont la coqueluche n’était pas indiquée comme première cause de décès). La circulation de la bactérie Bordetella pertussis, principale cause de la coqueluche, est si importante que les autorités s’attendent à de nouveaux cas à venir dans les prochains mois. Car la coqueluche est extrêmement contagieuse, une personne contaminée pouvant transmettre la maladie à 15 autres en moyenne… Et si elle a longtemps été considérée comme une maladie de la petite enfance, elle peut être sévère à tous les âges, voire mortelle pour les nourrissons, non ou partiellement vaccinés, et les personnes à risque telles que les femmes enceintes et les personnes âgées. Ce n’est pas la première fois que l’on est confronté à une résurgence de la coqu...

En marche

    Depuis douze siècles des pèlerins convergent vers Saint-Jacques-de-Compostelle qui, avec Jérusalem et Rome, est l’un des lieux des trois grands pèlerinages de la Chrétienté. Mais ceux qui marchent aujourd’hui sur les chemins de Compostelle ne le font pas seulement au nom de leur foi et n’arrivent pas forcément à la destination finale en Espagne. Les pèlerins du XXI e  siècle ne font souvent qu’une partie seulement de l’itinéraire millénaire avec des motivations bien plus diverses. Passionnés de randonnée pédestre, amoureux des paysages ou des monuments qui jalonnent le parcours désormais bien balisé et en partie classé au patrimoine mondial de l’Unesco, certains cheminent seuls, en couple ou en groupe pour accomplir une promesse personnelle, honorer un proche, rencontrer d’autres pèlerins de toutes nationalités ou tout simplement pour se retrouver soi-même. Car la marche est bonne pour le corps et l’esprit. « Les seules pensées valables viennent en marchant...