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Machine à cash et à rêves

euromillions

Qui n’a jamais rêvé d’être un jour le gagnant du loto, que l’on soit celui qui joue depuis des années les mêmes numéros en espérant qu’un jour ils constituent enfin la bonne combinaison ou que l’on soit même celui qui ne joue jamais mais qui se projette malgré tout dans la peau d’un gagnant, énumérant ce qu’il ferait avec ces centaines de millions d’euros qui grossiraient son compte en banque. Chacun se prend ainsi à rêver de vacances éternelles au soleil, de voyages au long cours, de montres de bijoux ou de voitures de luxe, de yachts XXL naviguant sur des mers turquoise, de grands restaurants étoilés ou plus simplement de réaliser ses projets longtemps différés faute de financements, de l’achat de sa maison au lancement de son entreprise, ou encore de partager ses gains avec sa famille ou avec ses collègues avec lesquels on a cotisé pour acheter le bulletin. Le loto, c’est une machine à rêver à laquelle chacun s’est adonné une fois dans sa vie et qui rythme toujours le quotidien des Français au gré des publicités mémorables entrées dans le panthéon de la culture populaire.

Le loto fait toujours rêver et il fera rêver encore un peu plus ce vendredi avec la cagnotte record mise en jeu par l’EuroMillions : 243 millions d’euros ! Du jamais vu. Jusqu’à présent, depuis le premier tirage réalisé en 2004, le plus gros gagnant de l’histoire de l’EuroMillions avait validé sa grille en Autriche, en 2023, empochant un gain de 240 millions d’euros. La somme colossale en jeu ce soir devrait en tout cas mobiliser les joueurs européens : les loteries nationales des douze pays participant à l’EuroMillions s’attendent à un volume record de quelque 50 000 grilles validées qui tenteront de trouver LA combinaison gagnante parmi les 139 838 160 possibles…

Pour les loteries, ce tirage historique est du pain béni et notamment pour la Française des jeux, devenu l’un des plus puissants opérateurs en Europe et qui vient de changer de nom pour le très international « FDJ United ». La loterie nationale, crée par l’État en 1933 – en s’inspirant du dispositif mis en place au lendemain de la Première Guerre mondiale par l’association des « Gueules cassées » pour venir en aide aux soldats défigurés – a fait du chemin. Du loto en 1976 à l’application sur les smartphones en passant par la multiplication des jeux de grattage ou la diversification vers les paris, la FDJ, privatisée en 2019, a connu une spectaculaire progression en France mais aussi à l’étranger. Le groupe opère en Italie, en Espagne, en Irlande, en Roumanie, en Belgique, au Danemark ou encore en Australie… et touche quelque 33 millions de joueurs réguliers. En 2024, le groupe français affichait ainsi un chiffre d’affaires de quelque 3 milliards d’euros, en progression de +17 %.

Cet engouement pour les jeux de hasard, les paris sportifs et les jeux en ligne en général a évidemment de quoi susciter la convoitise de l’État, en proie à un déficit abyssal. Dans le cadre du projet de loi 2025 de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), le gouvernement a alourdi la fiscalité du secteur des jeux d’argent et de hasard, qui a rapporté à l’État 7 milliards d’euros en 2023.

En revanche, rien ne change pour les gains issus des jeux de hasard comme l’EuroMillions : ils ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu. De quoi motiver un peu plus les joueurs d’aujourd’hui.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 28 mars 2025)

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