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Nouveau cri d'alarme

  

maternite

Le livre d’Anthony Cortes et Sébastien Leurquin, « 4,1. Le scandale des accouchements en France » sonne comme une nouvelle alerte concernant les maternités dont 75 % ont fermé en 50 ans. Fermeture des petites structures, surcharge et cadences infernales dans les CHU, restriction du recours aux césariennes… : leur enquête au long cours devrait tous nous interpeller avec en point d’orgue ce chiffre terrible de 4,1 décès pour 1 000 naissances, en constante augmentation depuis 2020. Leur cri d’alarme doit d’autant plus être entendu qu’il fait suite à d’autres alertes qui ont été émises ces dernières années pour appeler à une refonte du système, sans que celle-ci ne voie le jour…

Ainsi, il y a deux ans, un rapport du Pr Yves Ville, chef de la maternité de l’hôpital Necker à Paris, préconisait la « planification d’une politique en matière de périnatalité en France » qui devait passer à l’époque par la fermeture de 111 maternités (sur 452) qui assuraient moins de 1 000 accouchements par an. Le spécialiste conseillait alors de regrouper ces petites maternités « dont les contraintes structurelles et de ressources humaines doivent garantir à la fois la sécurité et la satisfaction des usagers tout en offrant des conditions de travail acceptables et pérennes. »

Au même moment, la société française de médecine périnatale (SFMP), plusieurs sociétés savantes et une association appelaient à « repenser le système de soin périnatal », réclamant aux pouvoirs publics de mettre fin à leur « inertie ». Dans une tribune, elles estimaient alors que sans réforme – et notamment sans regroupement des petites structures – notre système allait vers un « naufrage », appuyant leur raisonnement sur la hausse inquiétante de la mortalité infantile en France qui a fait passer notre pays de la 2e place en 2012 à la 25e dix ans plus tard… Ce que soulignent Anthony Cortes et Sébastien Leurquin dans leur livre.

Depuis, rien n’a vraiment été fait hormis des « Assises de la Pédiatrie et de la santé de l’Enfant » lancées par le ministre de la Santé François Braun, qui ont débouché en mai 2024 sur un rapport « Investir dans la santé de l’enfant : une urgence nationale ». Celui-ci a proposé 20 mesures pour améliorer la prise en charge de l’enfant, mais sans lancer une véritable action ciblée sur les maternités. Le problème reste donc entier…

Un problème qui ne saurait être traité que part des spécialistes. Ce qu’ils disent est médicalement fondé, c’est incontestable… mais leur expertise se heurte à la réalité vécue. Fermer des maternités, particulièrement en zones rurales isolées, c’est mécaniquement allonger le temps de trajet des parturientes et de leurs proches. « Le totem du temps de trajet pour aller à la maternité est un totem qui doit tomber » assurait le Pr Ville ; un argument difficilement audible par les futures mamans vivant à plus de 45 minutes de voiture de la maternité la plus proche.

Cette réalité-là est vécue douloureusement dans notre région aux routes parfois difficiles et où de nombreuses maternités ont fermé en dépit de la mobilisation des habitants. Car leur fermeture, ressentie comme une injustice, intervient souvent dans le sillage de la fermeture d’autres services publics…

Il y a un an, Emmanuel Macron plaidait pour un « réarmement démographique », promettant de repenser et renforcer l’ensemble des politiques de soutien à la natalité en France. Une réflexion visiblement insuffisante : en 2024, 663 000 bébés sont nés soit 15 000 naissances de moins qu’en 2023…

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 8 mars 2025)

 

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