La campagne de vaccination française contre le Covid-19, on le sait, est une course de vitesse contre le virus. Vacciner le plus possible pour atteindre l’immunité collective est, comme pour tout vaccin, la règle clé. Une règle aujourd’hui comprise par une majorité de Français qui, selon les enquêtes d’opinion, se montrent largement favorables à la vaccination, perçue comme le sésame de sortie de la crise. Mais une règle confrontée au côté insaisissable de l’épidémie : la présence des variants – anglais, sud-africain, brésilien, indien, ou d’autres à venir – a repoussé le taux de la population vaccinée pour atteindre l’immunité collective. De 60 % aux débuts de l’épidémie, on est maintenant à 80 voire 90 %. Des taux difficiles à atteindre compte tenu de la persistance de personnes qui, en toute bonne foi, hésitent à se faire vacciner, ou qui, par idéologie, refusent catégoriquement le vaccin.
Dès lors, face au ralentissement prévisible de la campagne de vaccination en raison de ce « plafond de verre », se pose la question de la vaccination obligatoire, qu’a soulevée mardi l’Académie de médecine, qui préconise une obligation progressive pour certains métiers et pour certains publics, notamment les enfants et adolescents. Si une courte majorité de Français semble y souscrire, une vaccination obligatoire pose un vrai dilemme sanitaire, éthique et forcément politique. Face à une France qui, fin décembre dernier, était très méfiante, Emmanuel Macron avait décidé que la vaccination anti-Covid ne serait pas obligatoire. Cette ligne de conduite doit-elle changer ? Faut-il considérer le vaccin anti-Covid-19 comme étant du même niveau que les 11 vaccins obligatoires pour les nourrissons ?
La vaccination – qui a fait ses preuves contre la variole au début du XXe siècle, la diphtérie, le tétanos ou la poliomyélite – relève à la fois de l’individuel et du collectif : on se protège soi-même contre une maladie, mais on protège aussi les autres. Cette réflexion intime se pose à chacun d’entre nous et se confronte aux impératifs de santé publique. Alors qu’il reste encore des publics désireux de se faire vacciner, l’exécutif a fait le choix, raisonnable pour l’heure, de convaincre plutôt que de contraindre.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 27 mai 2021)