Une semaine de cinq jours, des cours plus courts, qui commencent plus tard, des matinées pour les cours théoriques et des après-midi pour des activités pratiques et péri-scolaires, artistiques ou sportives, et un calendrier de vacances scolaires sur deux zones… Les vingt propositions contenues dans le rapport de la Convention citoyenne sur le temps de l’enfant, voté dimanche et transmis au gouvernement, ont un air de déjà-vu. Et pour cause, cela fait au moins trente ans que la France débat de la réforme de ses rythmes scolaires, sans cesse annoncée mais jamais mise en œuvre efficacement en dépit de colloques, séminaires, études, rapports, décrets ou débats sans fin dans les médias.
En 1995, Guy Drut et François Bayrou lancent un programme expérimental d’aménagement des rythmes scolaires, proposant à des communes volontaires d’adopter une semaine d’au moins cinq jours avec des plages pour des activités sportives, culturelles et de loisirs. Entre les années 90 et 2000, c’est pourtant le modèle majoritaire de la semaine de quatre jours qui s’impose avec des adaptations locales. En 2008, Xavier Darcos officialise cette semaine scolaire à quatre jours. En 2013, convaincu d’être cette fois soutenu par le consensus des spécialistes et les professeurs, Vincent Peillon instaure par décret une réforme des rythmes scolaires qui réintroduit la semaine de quatre jours et demi, raccourcit les journées et met en place des activités périscolaires. Dès l’année suivante, la réforme est étendue à toutes les communes… mais avec la possibilité d’adaptations locales, qui seront renforcées en 2015-2016 par un nouveau décret. Nous voici donc revenus à la semaine de cinq jours. Trente ans de tournis et d’allers-retours…
En parallèle, la sempiternelle question des vacances intermédiaires et celles d’été est régulièrement remise sur la table. Les premières, mal étalées avec leurs multiples zones, les secondes, souvent jugées trop longues. Et toutes soumises à un intense lobbying des professionnels du tourisme qui pèsent de tout leur poids pour le statu quo.
Les propositions de la Convention citoyenne – troisième du genre après celle sur le climat et celle sur la fin de vie – ont peu de chances d’être mises en œuvre. Déjà parce qu’elles soulèvent un vent de fronde massif chez les puissantes organisations représentant les professionnels du tourisme et chez les enseignants. Ces derniers, qui en sont à leur 7e ministre de l’Éducation nationale depuis 2022, pointent d’autres priorités bien plus urgentes pour assurer à l’école, entre autres, un meilleur fonctionnement dans la transmission des savoirs et une meilleure reconnaissance de leur métier.
Ensuite parce qu’une vraie réforme des rythmes scolaires supposerait des moyens conséquents. Qui financerait les activités péri-scolaire de l’après-midi ? L’État impécunieux qui peine à se doter d’un budget ? Les communes dont les plus modestes n’ont pas l’argent supplémentaire nécessaire ?
Enfin, à 4 mois des municipales et à 17 mois de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron et son gouvernement qui ne tient qu’à un fil ne disposent pas de la légitimité pour lancer sereinement une réforme d’une si grande ampleur, qui bouleverserait non seulement l’école mais la société tout entière.
Les rythmes scolaires sont pourtant, d’évidence, un sujet capital pour l’avenir du pays ; un sujet qui, à l’heure des bouleversements comme l’irruption de l’intelligence artificielle, mériterait d’être débarrassé des pressions économiques ou sociétales qui parasitent la seule chose qui devrait être prise en compte : le bien-être des élèves, leurs bonnes conditions d’apprentissage pour qu’ils deviennent les citoyens éclairés de demain.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 26 novembre 2025)
