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Devoir d'humanité

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Opération Triron en 2015 - Photo Irish Defence Forces

 

Qu’ils viennent du Moyen-Orient ou d’Asie avec la ferme intention de tout faire pour traverser la Manche et rejoindre l’Angleterre qu’ils pensent être un eldorado, ou qu’ils viennent d’Afrique subsaharienne et notamment de Guinée avec le rêve de rester en France, les mineurs qui fuient la guerre ou la misère constituent peut-être le chapitre le plus douloureux et le plus dramatique du dossier des migrants sur lequel l’Union européenne – et donc la France – ne parvient pas à apporter une réponse à la fois coordonnée, juste et conforme aux valeurs de l’Europe.

Ces enfants et adolescents qui prennent seuls la route de l’exil vers l’Europe sont évidement particulièrement vulnérables. Une étude récente de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a montré qu’une écrasante majorité d’entre eux a été victime de violences sur la route de la Méditerranée centrale ; le verrouillage des frontières les poussant par ailleurs à emprunter des chemins de plus en plus dangereux. Une fois en Europe, leur parcours du combattant n’est pas terminé. "Les procédures de détermination d’âge, les conditions d’accueil, les formalités auxquelles ils sont confrontés et le traitement de leur dossier varient d’un État membre à un autre, sans que l’on y retrouve véritablement le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant, pourtant garanti par la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) et inscrit dans la Charte des Droits Fondamentaux (article 24), qui devrait systématiquement primer sur son origine étrangère", déplore l’association européenne pour la défense des droits de l’Homme.

En France, ces "mineurs non accompagnés", (MNA) selon la froide terminologie administrative, sont pris en charge par les Départements, dont dépend l’aide sociale à l’enfance. Mais devant leur nombre, les Départements – qui continuent à faire un travail remarquable, il est bon de le rappeler – tirent la sonnette d’alarme depuis quatre ans pour que l’Etat honore ses engagements financiers afin de permettre un accueil digne. Emmanuel Macron avait promis à l’Assemblée des départements de France (ADF) que l’Etat prendrait en charge 100 % des coûts liés à l’accueil de ces jeunes, on en est loin. Cette prise en charge insuffisante amène à ce qu’une partie de ces mineurs constituent des proies pour les réseaux criminels ou tombent dans la petite délinquance.

Face à ce phénomène qui dure depuis plusieurs années, il est temps que la France et l’Europe trouvent une solution pour ne pas abandonner ces mineurs à leur sort. Il y a là, au-delà de toute considération politique et juridique, un devoir d’humanité.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 7 novembre 2020)

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