Photo Pierre Challier* |
Nos valeurs républicaines, la liberté d’expression et de pensée face aux dogmes religieux et à tous les obscurantismes, notre façon de vivre, de nous divertir : voilà tout ce que détestent les terroristes qui ciblent la France et l’Europe, et voilà tout ce que nous défendons sans rien céder. Si ce combat contre le terrorisme islamiste s’exprime partout en France, il doit aussi être mené hors de nos frontières, au loin, là où sont conçus les attentats et entraînés ceux qui veulent les perpétrer sur notre sol.
Depuis 2013, dans cette immense zone sahélo-saharienne, nos soldats tentent d’éradiquer le poison jihadiste qui infuse dans des populations souvent désespérées et qui impulse là-bas les attentats qui se commettent ici, en France comme en Europe. Ce combat-là pour briser les cellules jihadistes d’Al Qaïda, de BokoHaram ou d’autres entités franchises de Daech qui constituent les bases arrière des terroristes est un combat de longue haleine, un combat dangereux. La mission de ces militaires parfois très jeunes s’exerce au péril de leur vie, et, depuis sept ans, quelque cinquante soldats, dont certains issus des régiments d’Occitanie, sont morts en opération au Mali et au Sahel.
Tchad, Liban Balkans, Irak, Syrie, Centrafrique, Sahel, etc. : les théâtres d’opérations extérieures (Opex) ont été nombreux – 106 opérations menées à l’extérieur des frontières nationales depuis 1995 – et meurtriers. Depuis 1963 on compte 765 militaires tués dans ces Opex. Dès lors, au-delà de toute polémique sur des "ingérences" que croient déceler certains dans ces opérations, il est démocratiquement légitime de s’interroger sur leur pertinence, leur efficacité, leur coût financier et humain, leur sens.
Si 5 100 militaires sont positionnés aujourd’hui sur la bande sahélo-saharienne, c’est d’abord pour aider les Etats amis qui la composent à faire face aux menaces déstabilisatrices des groupes terroristes islamistes ; et c’est dans un cadre international, sous mandat de l’ONU, que Barkhane opère, protégeant les populations locales des attentats et empêchant ceux qui les commettent d’en préparer ailleurs en Europe. Notre sécurité dépend donc aussi de la stabilité de ces régions. Si la France est en première ligne, c’est parce qu’elle a l’expérience des conflits asymétriques mais aussi parce qu’elle est le seul pays d’Europe à pouvoir agir au nom de l’Union, faute d’avoir une réelle défense européenne, et à porter les valeurs européennes.
Alors que les forces françaises ont "neutralisé" plus de 50 jihadistes dans le centre du Mali lors d’une vaste opération, la ministre de la Défense Florece Parly a assuré que la France n’avait pas vocation à rester éternellement dans la région. Mais quand partir sans risquer la déstabilisation de la région alors que la menace est toujours là ? Personne pour l’heure n’a la réponse et en attendant, le combat continue. Un combat pour la liberté.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du jeudi 6 novembre 2020)
* Le reportage de Pierre Challier à lire sur La Dépêche