L’attaque de journalistes devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, rue Nicolas Appert à Paris, la décapitation du professeur Samuel Paty à Conflans-Saint-Honorine, l’assassinat de fidèles à la basilique Notre-Dame de Nice. Trois attaques terribles en quelques semaines qui ont bouleversé et endeuillé la France. Trois points communs aussi : des attentats perpétrés par des terroristes jeunes, quasi-inconnus des services de police et de renseignements, et usant de simples couteaux ou d’armes à feu classiques. Si les enquêtes et la justice devront déterminer les cheminements de ces terroristes, ces trois affaires montrent toute la difficulté de la lutte antiterroriste. On n’est plus dans des attaques complexes, planifiées de longue date, avec de multiples acteurs et une foule de complices, comme celles de Charlie Hebdo ou du Bataclan.
Aujourd’hui, la France – comme nombre de pays européens – doit faire face à ce terrorisme " low cost" que Daech a toujours su encourager. L’État islamique a perdu son territoire au Moyen-Orient mais a hélas conservé son influence sur internet à partir de laquelle il a appelé les musulmans à s’en prendre aux "mécréants" par tous les moyens qu’ils auraient sous la main, couteau, marteau, voiture. Face aux menaces qui viennent de l’extérieur, les renseignements ont fait d’énormes progrès pour comprendre les réseaux et les mécanismes des organisations terroristes que l’on combat aussi dans la Bande sahélo-saharienne avec l’opération Barkhane. Face aux menaces qui viennent de l’intérieur, c’est-à-dire ces jeunes qui se radicalisent seuls sur internet, la tâche est immensément plus complexe, même si derrière les écrans il y a toujours des incitateurs… Complexe mais pas impossible.
Ce lundi, Emmanuel Macron – dont la lutte contre le terrorisme est sans doute le plus important défi de la fin de son quinquennat – rencontre en visioconférence le chancelier Kurz, quelques jours après une attaque terroriste meurtrière à Vienne. Les deux dirigeants évoqueront évidemment la nécessaire coopération européenne qui doit être de mise pour lutter contre le fléau du terrorisme. Car si la France est le pays le plus frappé par les jihadistes, ceux-ci s’en prennent à toutes les démocraties européennes dont ils haïssent les libertés et le mode de vie. Lors du procès des attentats de Charlie Hebdo, une ancienne épouse "revenante" d’un cadre de Daech, aujourd’hui repentie, avait lâché au terme de son audition. "Ne lâchez pas. Vous représentez la liberté et c’est ce qu’ils détestent le plus". Et c’est bien pour la liberté que nous ne devons rien céder en restant unis.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 9 novembre 2020)