Deux mois avant l’été, nous voilà confrontés à de fortes températures et la poursuite de sécheresse hivernales dont l’Espagne apparaît ces derniers jours comme l’avant-poste européen, ce qui n’augure rien de bon pour juillet et août prochains. Hier encore, une étude scientifique expliquait que la sécheresse historique qui frappe la Grande Corne de l’Afrique est la conjonction inédite d’un manque de pluie et de fortes températures qui n’aurait pas pu se produire sans les conséquences des émissions humaines de gaz à effet de serre. De l’autre côté des Pyrénées, le thermomètre dépasse allègrement les 30, 35, 37 °C, notamment dans la vallée du fleuve Guadalquivir, en Andalousie. Une catastrophe pour le secteur agricole espagnol qui a déjà anticipé une réduction de 60 % de la culture céréalière, voire une « production zéro » dans certaines zones pour certains fruits et légumes.
Rapport après rapport – et notamment ceux du Giec – étude après étude, observations satellites ou au sol, la réalité du réchauffement climatique – que certains s’échinent encore à nier – est bel et bien là. Elle impose à tous d’agir car la procrastination, entretenue cahin-caha de COP en COP, n’est plus tenable si nous voulons un monde vivable dans les années à venir.
Cette transition pour limiter la hausse des températures – ce qui reste encore possible – et/ou pour s’adapter à la nouvelle donne climatique et météorologique, ne se fera pas sans mal. Elle provoquera des perdants, créera des conflits notamment sur le partage de la ressource en eau, et jettera sur les routes des réfugiés climatiques par milliers. Cette transition nécessaire remettra aussi en cause notre mode de vie, notre confort quotidien et donnera lieu à d’homériques batailles entre lobbies, Etats et citoyens lorsqu’il faudra faire des arbitrages.
Plus tôt nous nous confronterons à ces problèmes, plus tot nous pourrons imaginer des solutions et adapter de nouveaux comportements qui ne laissent personne sur le bord du chemin. Jeudi en déroulant sa longue feuille de route des « cent jours », Elisabeth Borne a promis « une planification écologique ambitieuse », « une accélération dans tous les secteurs et à tous les niveaux ».
Pour l’heure, l’accumulation de mesures peine à constituer un grand dessein national qui manque cruellement d’incarnation. Après six ans à l’Elysée, il est temps pour Emmanuel Macron, qui proclamait fièrement « Make your planet great again » de passer des paroles aux actes.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 28 avril 2023)