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Sous la pression d'Omicron

omicron

Avec un nom qui fleure bon la science-fiction ou qui pourrait être celui d’un super-vilain dans un film de superhéros de Marvel, Omicron a fait souffler en quelques jours un vent de panique mondial, provoquant ici la suspension des vols en provenance d’Afrique du Sud et des pays d’Afrique australe et là, la fermeture de leurs frontières décidée préventivement par plusieurs pays. Il est encore trop tôt pour savoir si ce nouveau variant du coronavirus SARS-Cov-2 est plus contagieux et plus dangereux que le variant Delta auquel nous nous sommes habitués depuis un an. Mais une chose est sûre : l’apparition d’Omicron constitue pour la communauté internationale un sévère avertissement pour nous rappeler les caractéristiques de la pandémie de Covid-19.

Et la première d’entre elles est qu’il s’agit bien d’une épidémie mondiale contre laquelle il faut une stratégie mondiale. La fermeture des frontières décidée par certains pays – qui venaient d’ailleurs à peine de les rouvrir – pour rassurer à bon compte les populations, est à cet égard illusoire. Dans un monde globalisé et de plus connecté par des milliers de lignes aériennes, tout virus est amené à se déplacer. « Le virus ne connaît pas de frontières » avait d’ailleurs dit, à raison, Emmanuel Macron en avril 2020. Et le chef de l’Etat avait poursuivi en expliquant que « la gestion de cette crise appelle une réponse internationale forte, guidée par un impératif de solidarité et de responsabilité partagée. Seule une victoire totale, incluant pleinement l’Afrique, pourra venir à bout de cette pandémie. » Presque vingt mois plus tard, le constat vaut toujours car la situation n’a guère évolué.

Alors que les pays riches en sont à la dose de rappel dans leurs campagnes de vaccination, l’Afrique est à la traîne. En Afrique du Sud où est apparu Omicron, seuls 24 % de la population sont complètement vaccinés. Le mécanisme international Covax, fondé notamment par l’Alliance du vaccin et l’Organisation mondiale de la santé, et censé permettre à 92 États et territoires défavorisés de recevoir gratuitement des vaccins financés par des nations plus prospères, a péniblement franchi la barre des 500 millions de doses la semaine dernière. Quand 143 doses ont été administrées pour 100 habitants dans les pays à haut revenus, seulement 7 l’ont été dans les pays pauvres. Autant dire qu’avec une Afrique à ce point sous-vaccinée, le virus continuera à circuler et donc à muter en de nouveaux variants, potentiellement plus dangereux ou résistants aux vaccins. Se pose dès lors la question de la stratégie de la 3e dose au niveau mondial ou encore celle de la levée des brevets sur les vaccins.

Omicron nous rappelle également que nous sommes loin d’en avoir fini avec cette épidémie qui garde une part de mystère, et que la 5e vague épidémique qui frappe l’Europe pourrait, hélas, ne pas être la dernière. Cela conforte toute la stratégie de lutte contre la propagation du virus, patiemment bâtie au fil des mois : gestes barrière, pass sanitaire et évidemment vaccination constituent la porte de sortie, non seulement pour notre pays, mais surtout pour le monde.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 30 novembre 2021)

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