Les candidates pour le titre de Miss France 2020. / BENJAMIN DECOIN/SIPA/TF1 |
Pas de trêve pour les empoignades familiales ce week-end. Après la réforme des retraites qui peut susciter de vifs débats entre partisans ou opposants de la retraite par points, voire entre ceux qui sont nés avant 1975 et ceux qui sont nés après, voilà qu’arrive ce soir l’élection de Miss France 2020. Cette 90e édition se tient dans un contexte très particulier, trois semaines après le Grenelle contre les violences faites aux femmes et alors que la libération de la parole des femmes quant aux agressions sexuelles et aux propos sexistes, entamée avec le mouvement mondial #MeToo en 2017 est loin d’être terminée.
Dès lors, ce concours de beauté nourrit, une nouvelle fois, le débat entre pro en anti.
Du côté des opposants aux Miss, les associations féministes qui jugent le show retransmis par TF1 ringard, porteur d’une vision dégradante de la femme, considérée comme un objet, et d’une conception patriarcale datée de la société. Car en dépit de maigres améliorations apportées à la formule originale par Endemol – le géant de la téléréalité qui a racheté le concours à l’inoxydable Geneviève de Fontenay – pour s’assurer que les candidates ne sont pas jugées que sur leur physique, le concours reste bel et bien une compétition qui ne se joue que sur la plastique, avec les critères contestables du monde de la mode.
De l’autre côté, on trouve les farouches défenseurs du concours qui symbolise à leurs yeux le summum de l’élégance française, permet la valorisation – un rien chauvine – des régions françaises (d’avant la réforme de 2013), et, pour certaines, prolonge les rêves de princesse de leur enfance… Et puis il y a une troisième catégorie de Français qui ne rateraient pour rien au monde le concours… pour mieux s’en moquer. À l’instar du concours de l’Eurovision, ces téléspectateurs-là vivent l’élection au second degré, l’œil rivé sur les réseaux sociaux où les commentaires sont souvent drôle, parfois cruels voire injustes pour les participantes.
Le concours Miss France, c’est « le miroir de la France » assure le maître de cérémonie de la soirée, Jean-Pierre Foucault. Mais il faut toujours se méfier des miroirs, qui peuvent être déformants. C’est à chacun d’entre nous de faire appel à son libre arbitre pour déterminer quelle est la part de beauté, de réalité, d’hypocrisie ou de duperie que renferme ce concours qui, à n’en pas douter, sera encore là l’année prochaine.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 14 décembre 2019)