Accéder au contenu principal

Ténacités



Quelques jours après la résolution du meurtre d'Alexia Daval – la joggeuse tuée par son mari Jonathann dont les larmes de veuf éploré avaient bouleversé et finalement trompé la France entière – le nouveau coup de théâtre qui s'est joué hier dans l'affaire de la disparition de la petite Maëlys illustre combien les enquêteurs ont fait preuve, là aussi, d'une même implacable ténacité.

Ténacité pour traquer les incohérences de dossiers judiciaires complexes, que l'opinion publique voudrait voir résolus dans l'instant. Ténacité pour exploiter sans cesse plus avant les technologies de police technique et scientifique qui, aujourd'hui plus qu'hier, permettent de mettre au jour des indices clés. Ténacité, enfin, pour interroger des suspects retors, en utilisant entre autres de nouvelles méthodes d'approche, de profilage et d'interrogatoire. Dans l'affaire Daval, c'est par exemple la méthode canadienne «Progreai» pour «Processus général de recueil des entretiens, auditoires et interrogatoires» qui a été utilisée avec succès.

La ténacité est aussi celle des magistrats et des parquets, qui doivent faire face aux légitimes attentes des familles de victimes mais aussi, et de plus en plus, à une pression médiatique amplifiée par les chaînes d'information en continu et les réseaux sociaux. Le temps de la justice n'est évidemment pas le même que celui du buzz pour lequel certains médias sont prêts à bafouer d'élémentaires principes. À cet égard, la colère de la procureure de la République de Besançon, en charge de l'affaire Daval, était salutaire. S'adressant à la presse, Edwige Roux-Morizot avait fustigé la «surenchère médiatique» et rappelé que «le secret de l'instruction et la présomption d'innocence sont des valeurs qui ne se marchandent pas».

Enfin, ces affaires montrent aussi la ténacité admirable des familles. Celle des parents d'Alexia Daval, d'Arthur Noyer, de Maëlys de Araujo. Mais aussi celle de tous ces parents d'enfants disparus qui attendent, parfois depuis des années, de connaître la vérité sur ce qui est arrivé à leurs enfants. Pour eux, la ténacité est synonyme d'espoir.

Posts les plus consultés de ce blog

Sortir des postures

Le cortège d’une manifestation ou un rassemblement pour fêter la victoire d’un club sportif qui se terminent par des émeutes, des dégradations de mobilier urbain et de vitrines de magasins, parfois pillés, et des attaques violentes des forces de l’ordre par des hordes encagoulées dans un brouillard de gaz lacrymogènes… Les Français se sont malheureusement habitués à ces scènes-là depuis plusieurs décennies. Comme ils se sont aussi habitués aux polémiques politiciennes qui s’ensuivent, mêlant instrumentalisation démagogique, règlement de comptes politiques et critiques d’une justice supposément laxiste. Le dernier épisode en date, qui s’est produit samedi soir à Paris à l’occasion de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, ne fait, hélas pas exception à la règle. Au bilan édifiant – deux morts, des dizaines de blessés, plus de 600 interpellations, des rues et magasins saccagés – s’ajoutent désormais les passes d’armes politiques. Entre l’opposition e...

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Principes et réalité

Seize mois après les manifestations historiques des agriculteurs, nées en Occitanie à l’hiver 2024 en dehors des organisations syndicales traditionnelles, voilà la colère paysanne de retour. Ce lundi, à l’appel notamment de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, et après de nombreuses actions ponctuelles ces dernières semaines, les tracteurs seront, en effet, à nouveau dans les rues pour dire l’exaspération des agriculteurs de voir les mesures promises si lentes à se mettre en place et pour rappeler l’urgence à agir aux députés, qui examinent ce lundi à l’Assemblée nationale une proposition de loi clivante lancée par le sénateur LR Laurent Duplomb. Ambitionnant de « lever les contraintes », ce texte, plébiscité par le monde agricole mais qui ulcère les défenseurs de l’environnement et les tenants d’un autre modèle agricole, propose entre autres de faciliter le stockage de l’eau, de simplifier l’extension des élevages, de réintroduire certains pesticides dont un néonicotinoïde qu...