On l’a si souvent dite ringarde, abêtissante, superficielle, futile ; on lui a tellement prédit sa disparition prochaine, engloutie dans les méandres d’internet, supplantée par les réseaux sociaux. Et pourtant la télévision est toujours là, insubmersible et incontournable comme l’on vient de s’en rendre compte après cette longue période, historique et inédite, de 55 jours de confinement qui nous a placés quotidiennement face à elle. Les Français assignés à domicile pour endiguer la propagation du coronavirus, ont, clairement, redécouvert leur télévision, c’est-à-dire à la fois le contenant, cet écran de plus en plus en plus grand et de plus en plus fin, et les contenus, ceux des chaînes traditionnelles et ceux des nouveaux venus que sont les plateformes de vidéo à la demande.
Alors que l’on passait jusqu’au 16 mars de plus en plus de temps sur son smartphone ou sa tablette en solitaire, nous avons, en effet, redécouvert le grand écran, en famille, pour voir des séries, des films, des documentaires ou tout simplement pour jouer avec ses enfants ou ses amis. L’écran est devenu le centre d’attention, l’âtre des foyers confinés autour duquel tous les membres se rassemblent pour partager des moments, ensemble.
Quant aux contenus, la diversité, une fois n’est pas coutume, a été de mise avec des chaînes qui ont joué entre des rediffusions de films vus et revus, et des programmes pédagogiques et instructifs à la hauteur de la crise.
"Il existe une télévision pour passer le temps et une autre pour comprendre le temps", disait André Malraux. Le confinement aura permis de réunir les deux, montrant que la télé se joue des modes et des critiques, sait se réinventer et que, 95 ans après sa naissance, elle reste incontournable.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 24 mai 2020)