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Libérés sous conditions

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Dans le calendrier républicain, le 7 mai correspondait au 18e jour du mois de Floréal, consacré à la corbeille d’or, cette fleur symbole de tranquillité. Une chose que les Français, pour nombre d’entre eux, se languissent de retrouver, confinés à domicile depuis plus de 50 jours pour endiguer la propagation d’un coronavirus mortel qui a mis le pays à l’arrêt. Hier, en présentant enfin le détail du plan de déconfinement du gouvernement, qui commencera bien lundi 11 mai pour une majorité des Français, le Premier ministre Edouard Philippe a assurément apporté cette dose de tranquillité qui faisait défaut, en tout cas une lueur d’espoir bienvenue, une "bonne nouvelle" pour retrouver un peu de la vie d’avant. Le Premier ministre a aussi mis fin au supplice chinois de ces derniers jours, enduré tant par l’exécutif que par les Français.

Pour le gouvernement, le rendez-vous du 7 mai était, en effet, celui qu’il ne fallait pas rater. Après des semaines pendant lesquelles les couacs de communication et les approximations se sont multipliés, ou les pistes de travail non encore arbitrées ont fuité de la bouche même de ministres pressés et où le président de la République, Emmanuel Macron, a été omniprésent au point de parfois corriger dans l’heure – pour ne pas dire désavouer – les mots de son Premier ministre, il était temps de retrouver un peu de cohérence et de clarté. Sur le chemin de crête étroit qu’il avait défini, avec de chaque côté les pentes vertigineuses de la reprise de l’épidémie et de l’ "écroulement" de l’économie, Edouard Philippe s’est montré carré hier aux côtés de ministres qui sont bien restés dans leur couloir. Pour le coup, cette conférence de presse, qui a déroulé de façon plus précise les règles de l’après-11 mai, a été plutôt réussie.

La fin du supplice était aussi celle des Français, rivés chaque soir au dévoilement de l’angoissante carte de l’activité épidémique du Covid-19, scrutant ces zones orange tampon desquelles chaque département pouvait basculer vers le vert ou le rouge. À l’approche du 11 mai, et notamment du casse-tête de la reprise scolaire, chacun s’interrogeait aussi sur ce qui serait permis ou interdit de faire dans ce jour d’après aussi espéré que redouté.

Nous voilà donc fixés, libérés… mais sous conditions, et aussi toujours un peu séparés puisque les quatre régions rouges représentent tout de même 40 % de la population française. Car lundi, tout ne redeviendra bien sûr pas comme avant. L’étau du confinement se desserre, mais, en regard, la vigilance doit se resserrer. "Lundi prochain sera le premier jour d’une phase nouvelle, d’un redémarrage de la vie sociale, ce ne sera pas une vie totalement normale. Elle demandera de la part de chacun des Françaises et des Français de la discipline et de la responsabilité", a prévenu Edouard Philippe. Car le coronavirus circule encore et, selon différentes modélisations, une seconde vague de l’épidémie pourrait frapper de plein fouet des hôpitaux fragilisés par deux mois de lutte.

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du 8 mai 2020)

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