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Racines

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Alors que les ministres de l’Intérieur Bruno Retailleau et de la Justice Gérald Darmanin ont appelé à la tenue d’un débat public sur le droit du sol, François Bayrou s’est prononcé, le 7 février, pour se pencher sur une question « plus large », à savoir « qu’est-ce qu’être Français ? » On croyait le débat clos depuis qu’Ernest Renan avait explicité en 1882 ce qu’était une Nation, fondée sur l’adhésion collective à des valeurs, en l’espèce celles de la République. Être Français c’est aussi « continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu. » Cet héritage-là, les Français le chérissent collectivement et à titre individuel lorsqu’il s’agit pour eux de tracer l’historique de leur chemin familial.

La généalogie est ainsi devenue l’une des grandes passions des Français. Quelque 10 millions d’entre eux effectuent des recherches pour retrouver leurs ancêtres et un Français sur deux aurait déjà fait des recherches sur sa famille. Selon un sondage mené par le site Geneanet et l’IFOP en mars 2022, 7 Français sur 10 se déclarent intéressés par leurs racines et leurs origines, 31 % se disent même très intéressés Mais construire son arbre généalogique devient parfois très compliqué au fur et à mesure qu’on remonte le temps. Certains font appel au projet FamilySearch, piloté par les Mormons américains et qui contient plusieurs millions de données d’état civil du monde entier ; ou Ancestry, plus grande plateforme de généalogie au monde fondée en 1996 avec plus de 30 milliards de documents historiques numérisés !

La numérisation est justement la clé pour progresser et plusieurs pays européens investissent fortement dans ce domaine, comme l’Allemagne, référence du genre, qui dispose de puissantes plateformes comme Archivportal ou Archion. Au Royaume-Uni, les Britanniques recourent à Findmypast et The National Archives, largement utilisées par les Américains pour retrouver la famille de leurs ancêtres européens qui ont émigré.

En France, la généalogie oscille entre tradition et modernité avec d’importantes associations réunies autour de la Fédération française de généalogie. La numérisation des archives a également fortement progressé ces dernières années. Il y a trois ans, le service interministériel des Archives de France, en partenariat avec l’École d’économie de Paris, a lancé un projet de recherche baptisé Socface, mené par l’Institut national d’études démographiques (INED) et la société Teklia.

Cette dernière a travaillé à la reconnaissance automatique d’écriture manuscrite, via des outils d’apprentissage profond et d’intelligence artificielle pour analyser l’ensemble des listes nominatives du recensement de 1836 à 1936 soit 20 recensements. Tous les départements d’Occitanie participent d’ailleurs à cette initiative. Le mois prochain, les premières bases scannées devraient être accessibles en libre accès au grand public, via les services d’archives départementaux. De quoi ravir tous les généalogistes en herbe qui pourront peut-être rajouter les branches manquantes à leur arbre.

(Editorial publié dans La Dépêche du Dimanche du 23 février 2025)

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