Depuis plusieurs années, la question du prix de l’électricité en France s’est imposée comme un enjeu central du débat public. La réforme du marché à compter de 2026 suscite déjà des inquiétudes, alors que les consommateurs viennent tout juste de bénéficier d’une baisse des tarifs le 1er février dernier après des mois de hausse. D’un côté, les tarifs réglementés de vente de l’électricité (TRVE) seront maintenus mais avec de nouvelles modalités instaurées depuis le 1er février. De l’autre, un nouveau mécanisme va remplacer l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh), qui va prendre fin au 31 décembre 2025 : ce mécanisme va entièrement basculer la composante « approvisionnement » du TRVE sur les prix des marchés de gros…
Ces deux mesures font craindre à l’UFC-Que Choisir un alourdissement de la facture des Français l’année prochaine. « En moyenne 19 % de plus, soit jusqu’à 250 euros supplémentaires par an pour un foyer moyen » assure l’association de défense des consommateurs, immédiatement contredite par Bercy qui conteste son mode de calcul. Le démenti n’a en tout cas pas fait retomber l’inquiétude des Français qui s’interrogent désormais : après la baisse bienvenue de 2025, la hausse de 2026 ?
Face à la perspective d’une augmentation des prix, certains consommateurs pourraient être tentés de délaisser EDF au profit d’opérateurs alternatifs. Un choix qui peut s’avérer risqué, comme l’ont démontré plusieurs affaires récentes. La crise énergétique déclenchée par la guerre en Ukraine a ainsi mis en lumière leurs failles : lorsque les prix du marché se sont envolés, les fournisseurs alternatifs ont été incapables d’amortir le choc, laissant de nombreux clients face à des hausses tarifaires spectaculaires.
Entre ajustements fiscaux, concurrence artificielle et investissements nécessaires dans les infrastructures de production et de transports, l’avenir du modèle électrique français soulève toujours de nombreuses interrogations… La France dispose d’un avantage stratégique indéniable : un parc nucléaire qui lui permet de garantir une production électrique bas carbone et compétitive. Cette force lui confère une position enviable en Europe, lui permettant même d’exporter son électricité. Encore faut-il assurer la pérennité de tous les modes de production (nucléaire, éolien, hydraulique…) ce qui suppose de lourds investissements pour répondre aux besoins de plus en plus importants (des véhicules électriques aux centres de données pour l’intelligence artificielle).
Le plan de 100 milliards d’euros annoncé le 13 février par RTE pour moderniser 40 000 km de lignes à haute tension d’ici 2040 est un investissement indispensable. Il permettra non seulement d’adapter le réseau aux enjeux climatiques et aux nouveaux modes de production, mais aussi de garantir la sécurité d’approvisionnement à long terme. Dans la même optique, pour que la France reste un leader énergétique en Europe, il faudra investir dans de nouvelles infrastructures d’énergies renouvelables et nucléaires – la France envisage de construire six nouveaux réacteurs EPR2 dans les 25 prochaines années.
Reste à espérer que ces dépenses colossales, à réaliser dans un contexte budgétaire déjà contraint, seront amorties de manière équilibrée afin d’assurer aux Français un prix de l’électricité à la fois stable et juste.