Accéder au contenu principal

Diplomatie intelligente

Xi Jinping et Emmanuel Macron


« Laissez donc la Chine dormir, car lorsque la Chine s'éveillera le monde entier tremblera. » La citation que Napoléon aurait prononcée en 1816 et dont Alain Peyrefitte fit le titre de son ouvrage-phare en 1973, reste toujours – à tort ou à raison – d'actualité au XXIe siècle. L'Empire du milieu inspire d'autant plus la crainte que cet immense pays et son 1,4 milliard d'habitants est devenu, par l'entremise d'un régime mi-communiste mi-capitaliste, une puissance économique incontournable et affiche désormais sans fard des ambitions militaires, géopolitiques, technologiques voire culturelles. Les fameuses « routes de la soie » lancées en 2013 par le président Xi Jinping en sont la parfaite illustration. Car ce projet appelé en mandarin « La ceinture et la route » (ceinture terrestre reliant la Chine à l'Europe via l'Asie centrale, et route maritime via l'océan indien) mobilise des sommes colossales – la Chine aurait déjà dépensé quelque 200 milliards de dollars et multiplie les investissements dans les pays traversés – au service du rayonnement et des ambitions du pays. Ce projet est-il hégémonique, agressif envers l'Occident, inamical ? Sans doute pas plus que ne l'étaient jadis les concessions étrangères en Chine pilotées par les Occidentaux aux XIXe et XXe siècles.

Il serait toutefois vain de ne voir dans les nouvelles routes de la soie qu'un outil de conquête. Elles constituent peut-être des opportunités pour tous, à condition de sortir de la défiance pour construire la confiance. Cela est d'autant plus vrai pour l'Europe que la Chine, en se développant, se rapproche de problématiques qu'ont déjà connues nos pays (vieillissement de la population, pollutions urbaines, etc.) et que, sur la scène internationale, elle peut être un allié dans la défense du multilatéralisme face à une Amérique engagée dans un protectionnisme obtus.

L'Europe – si tant est qu'elle agisse d'une seule voie – peut bâtir de nouvelles relations fructueuses avec la Chine, avec ce que Barack Obama appelait la smart policy, la diplomatie intelligente, mélange de fermeté et d'ouverture où chacun respecte la souveraineté de l'autre.

(Commentaire publié dans La Dépêche du Midi du mardi 26 mars 2019)

Posts les plus consultés de ce blog

Se préparer

Voilà un type de courbe que l’on n’avait pas vu depuis longtemps concernant le Covid-19 : une hausse, celle du nouveau variant du coronavirus EG.5. Baptisé Eris, ce cousin d’Omicron croît de façon vertigineuse dans le séquençage de cas positifs au Covid-19 en France comme dans d’autres pays. Beaucoup plus contagieux que ses prédécesseurs, Eris pourrait ainsi s’imposer et devenir majoritaire. Au point de relancer une pandémie mondiale que nous pensions derrière nous ? Nous n’en sommes évidemment pas là, mais l’apparition de ce nouveau variant, tout comme la possibilité de voir survenir des clusters de contamination comme cela vient de se produire aux fêtes de Bayonne, nous interroge légitimement. Même si la couverture vaccinale est bonne en France, la crainte de devoir revivre les conséquences sanitaires et socio-économiques d’un retour de la pandémie est bien dans les esprits. Peut-être aurions-nous dû écouter plus attentivement les spécialistes comme le directeur général de l’Organisa

Entaché

Dix ans après son départ du gouvernement Ayrault, Jérôme Cahuzac, l’ancien ministre du Budget de François Hollande, envisage-t-il son retour en politique ? En tout cas l’intéressé, condamné en appel à deux ans de prison pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, et frappé de cinq années d’inéligibilité, était hier sur le marché de Monsempron-Libos, non loin de Villeneuve-sur-Lot, la ville dont il a été le député et le maire.Fin octobre déjà il participait à une réunion, organisée à huis clos, quelques semaines après le lancement d’une association politique «Les amis de Jérôme Cahuzac». Récemment interrogé par Sud-Ouest pour savoir s’il préparait son retour politique, le septuagénaire, qui avait élu domicile en Corse où il pratiquait la médecine à l’hôpital de Bonifacio, s’est borné à répondre que «tout est une question de circonstances», faisant remarquer qu’ «on fait de la politique pour être élu et agir» et qu’il n’y avait pas d’élections avant 2026, date des prochaines m

Bien manger

C’est un petit logo qui nous est devenu familier lorsque nous faisons nos courses. Impulsé par un règlement européen (INCO) de 2014, établissant des règles pour informer les consommateurs sur la déclaration nutritionnelle ou la liste des ingrédients d’un produit, le Nutri-Score, ses cinq lettres de A à E et ses cinq couleurs de vert à rouge, est désormais bien ancré dans le paysage. De plus en plus présent sur le devant des emballages, on peut même dire que c’est un succès européen puisqu’il est présent non seulement en France, qui l’a introduit en 2017, mais également en Belgique, en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Espagne et même en Suisse, qui ne fait pourtant pas partie de l’Union européenne. Face à des étiquettes qui livrent la composition des produits écrite en tout petits caractères difficilement lisibles, certains consommateurs s’étaient déjà tournés vers des applications comme Yuka. Avec un smartphone, il suffit alors de scanner le code-barres d’un produit pour en a