La sixième vague de l’épidémie de Covid-19 qui se confirme en France comme partout dans le monde – avec le retour des confinements géants en Chine – nous replonge dans cette épidémie que nous nous apprêtions pourtant à oublier. Après deux ans de pandémie marquée par les couvre-feux et les confinements, les attestations ubuesques et le clic & collect, les gestes barrières et le port du masque, les pass sanitaire puis vaccinal, les tests PCR ou antigéniques, les QR Code et les protocoles scolaire, le télétravail et les règles d’isolement, les vaccins avec ou sans ARN messager, les doses de rappels et les rendez-vous sur Doctolib, les débats sans fin avec les antivax, sans oublier la douleur inconsolable de ceux qui ont perdu des proches depuis mars 2020 et celle que ressentent au quotidien tous ceux qui ont un Covid long ou gardent des séquelles d’une contamination. Oui, tout cela, nous souhaitions le laisser derrière nous, sans l’oublier pour autant, mais avec l’envie de tourner la page et d’en finir avec cette fatigue pandémique qui nous a tous atteint à des degrés divers.
Durant ces deux années sous Covid, nous nous sommes, en effet, laissés gagner parfois par une immense lassitude, par la démotivation, ballottés entre la peur que nous inspirait la maladie, la crainte de se contaminer ou de contaminer nos proches, mais aussi par l’absence de vie sociale et la privation de liberté. Cette pression psychologique, ce stress a été mesuré par plusieurs études, touchant tous les pans de la population et notamment la jeunesse. Après la cinquième vague Omicron de cet hiver, nous pensions en avoir fini et espérions passer à autre chose. Le déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février a fini par reléguer au second plan l’épidémie de Covid-19, comme l’a justement remarqué le Conseil scientifique. La moindre dangerosité du variant Omicron, la non-saturation des hôpitaux et la décision du gouvernement de lever les dernières restrictions sanitaires ont constitué comme une rassurante méthode Coué pour nous dire que le bout du tunnel était enfin là. Rassurante mais hélas trompeuse puisque l’épidémie a continué à progresser à bas bruit, avec le sous-variant BA.2, puis à rebondir au fur et à mesure que nous abandonnions les gestes barrière, pour constituer cette sixième vague qui avance.
Certes, nous sommes mieux armés pour y faire face, la couverture vaccinale des Français est bonne, mais l’inquiétude revient. Nous apprenons peu ou prou à « vivre avec le virus », mais cette vie reste tout de même sous contraintes et nous oblige aujourd’hui à redoubler de prudence, à remettre peut-être le masque abandonné prématurément, à renouer avec la distanciation sociale. Bref à faire preuve de responsabilité individuelle et de solidarité collective. On en aura particulièrement besoin pour que dans onze jours, le premier tour de l’élection présidentielle ne se transforme pas en un immense cluster, mais se déroule sans encombre et reste bien le rendez-vous clé de notre vie démocratique.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mercredi 30 mars 2022)