Pont de Mirepoix-sur-Tarn deux jours après son effondrement |
Il y a eu le temps du choc et de l'effroi, le temps de la colère et le temps des questions. Maintenant prend place le temps du deuil pour les victimes de l'effondrement du pont de Mirepoix-sur-Tarn survenu lundi dernier. De toutes les victimes.
D'abord, bien sûr, pour la jeune Lisa, cette adolescente souriante, sans doute remplie de projets et de rêves, qui a été fauchée dans sa belle jeunesse. On ne peut qu'imaginer la peine immense de sa famille, de ses amis, de ses professeurs et camarades face à une telle injustice. Leur dignité nous oblige.
Les proches des disparus, les blessés et tous ceux qui leur ont porté secours doivent ensuite, plus que jamais, être entourés, accompagnés, soutenus et aimés pour surmonter une épreuve aussi traumatisante dans une vie. L'expérience montre que le chemin est long mais possible.
Enfin, parce qu'une vie ne peut se résumer à une faute aussi terrible et dramatique soit-elle, le chauffeur – dont le camion pesait plus de deux fois le poids autorisé sur le pont suspendu – a droit au respect dû aux défunts, ne serait-ce que parce qu'il serait indécent de rajouter à la douleur de ses proches le poids d'une culpabilité qu'il appartiendra à l'enquête – et à elle seule – de déterminer précisément.
Que l'on soit victime d'une tragédie de la route, d'un accident industriel d'ampleur comme l'explosion d'AZF ou d'un attentat terroriste comme on en a, hélas, beaucoup trop vécu à Toulouse, Montauban, Paris ou Nice, la société française sait trouver pour les siens la force fraternelle de continuer à vivre. Cette résilience – ce «tricot qui noue une laine développementale avec une laine affective et sociale » pour reprendre la définition du neuropsychiatre Boris Cyrulnik – est cette énergie collective qui doit tous nous mobiliser aujourd'hui pour soutenir ceux qui ont été marqués par le drame de Mirepoix.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du vendredi 22 novembre 2019)