C'est peu dire que les tremblements de terre nous interpellent, d'une part parce que nous sommes démunis face à ces catastrophes et d'autre part parce que les émotions qu'ils soulèvent révèlent aussi des failles humaines. La soudaineté de leur survenue, la violence de leurs secousses, les destructions et la ruine qui en découlent ont accablé et fasciné les hommes depuis l'Antiquité, nourri les croyances en une punition divine et irrigué les grands récits comme ceux de la Bible ou du Coran qui narrent l'apocalypse et la fin du monde provoquées par de puissants séismes capables de rayer de la carte des cités entières. Platon lui-même ne contribua-t-il pas à créer le mythe de l'Atlantide engloutie après un tremblement de terre ? Et le séisme de Lisbonne de 1755 ne donna-t-il pas lieu à un célèbre poème de Voltaire auquel répondit Rousseau qui pointait – déjà ! – vices de construction et mauvaises réactions des populations…
Depuis, la science a levé les doutes et apporté des explications rationnelles à ces séismes meurtriers, détaillé comment la croûte terrestre était « vivante », et pourquoi les plaques tectoniques continuaient à se mouvoir.
Face aux tremblements de terre, ces épées de Damoclès sur le monde, la communauté scientifique poursuit son travail d'observation, toujours plus précis, pour essayer de comprendre où et pourquoi les destructions se produisent. Même si l'on ne sait pas prévoir les séismes, la possibilité de prévoir les mouvements du sol qui vont se produire et les annoncer juste avant l'arrivée de vibrations destructrices est déjà un progrès considérable à partir duquel nous pouvons prendre de bonnes décisions. Décisions en termes d'aménagement des territoires, de normes anti-sismiques pour les constructions, et de préparation de la population à adopter les bons gestes lorsqu'un séisme se produit.
Bref, apprendre à vivre avec ce risque et, lorsqu'il survient, exercer une solidarité… sans faille.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du mardi 12 novembre 2019)