Accéder au contenu principal

Voix d'or

johnny Hallyday


« La nostalgie, c’est le bonheur d’être triste » disait Victor Hugo. La nostalgie de Johnny, disparu il y a bientôt deux ans, c’est assurément le bonheur de retrouver la voix de celui qui reste LE rockeur numéro un dans le cœur des Français. Ni les disputes familiales de l’héritage entre sa dernière épouse Laeticia et ses enfants David Hallyday et Laura Smet, ni les déclarations vipérines des uns contre les autres, ni les vacheries savamment distillées par les entourages, ni l’interminable feuilleton judiciaire qui alimente la chronique people n’ont entaché l’affection des Français pour l’artiste aux 110 millions d’albums. La preuve de cette fidélité se trouve tout simplement dans les ventes de son dernier opus sobrement intitulé Johnny, sorti le 25 octobre. Près de 150 000 ventes en quelques jours : un carton, qui en appellera sans doute d’autres et qui montre, si besoin était, que le public de Johnny, celui-là même qui s’était retrouvé à la Madeleine pour des obsèques quasi-nationales, s’étale sur plusieurs générations, infuse dans tous les milieux sociaux, voire conquiert de nouveaux adeptes.

Ce succès montre aussi combien la nostalgie des grandes stars de la chanson est un business florissant pour leurs ayants droit. Michaël Jackson, Elvis Presley, Bob Marley, Prince, John Lennon, Whitney Houston ou encore Amy Winehouse n’en finissent pas de truster le top des charts ; en France, Claude François ou Dalida reviennent régulièrement sur le devant de la scène. Les héritiers exploitent le filon, souvent avec discernement lorsqu’il s’agit de sortir des inédits ou de réorchestrer les tubes. Mais parfois en laissant un sentiment de malaise lorsque sortent des compilations douteuses ou que certains font appel à des hologrammes pour faire revivre sur scène leur cher disparu…

Car pour que la flamme perdure et pour éviter le retour de flamme des fans gardiens de la mémoire, mieux vaut ne pas trahir la voix d’or des artistes disparus pour ne pas risquer que la manne s’éteigne…

(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 2 novembre 2019)

Posts les plus consultés de ce blog

Sortir des postures

Le cortège d’une manifestation ou un rassemblement pour fêter la victoire d’un club sportif qui se terminent par des émeutes, des dégradations de mobilier urbain et de vitrines de magasins, parfois pillés, et des attaques violentes des forces de l’ordre par des hordes encagoulées dans un brouillard de gaz lacrymogènes… Les Français se sont malheureusement habitués à ces scènes-là depuis plusieurs décennies. Comme ils se sont aussi habitués aux polémiques politiciennes qui s’ensuivent, mêlant instrumentalisation démagogique, règlement de comptes politiques et critiques d’une justice supposément laxiste. Le dernier épisode en date, qui s’est produit samedi soir à Paris à l’occasion de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, ne fait, hélas pas exception à la règle. Au bilan édifiant – deux morts, des dizaines de blessés, plus de 600 interpellations, des rues et magasins saccagés – s’ajoutent désormais les passes d’armes politiques. Entre l’opposition e...

La messe est dite ?

    L’entourage de François Bayrou a beau tenter d’expliquer que l’échec du conclave sur les retraites n’est imputable qu’aux seuls partenaires sociaux qui n’ont pas réussi à s’entendre en quatre mois pour « améliorer » la contestée réforme des retraites de 2023, la ficelle est un peu grosse. Car, bien évidemment, cet échec – hélas attendu – est aussi celui du Premier ministre. D’abord parce que c’est lui qui a imaginé et convoqué cette instance inédite de dialogue social et qu’il aurait naturellement revendiqué comme le succès de sa méthode un accord s’il y en avait eu un. Ensuite parce qu’il n’a pas été l’observateur neutre des discussions, qu’il promettait « sans totem ni tabou ». Il a au contraire, plusieurs fois, interféré : dès leur lancement en les corsetant par une lettre de cadrage imposant de ne pas créer de dépenses et d’équilibrer les comptes à l’horizon 2030 ; ensuite par son refus de voir abordé l’âge de départ à 64 ans, point centra...

Fragilités

Les images que les Français ont découvertes cette semaine à l’occasion des violentes intempéries qui ont frappé le Sud-Ouest étaient spectaculaires : un TGV comme suspendu dans le vide, reposant sur des rails sous lesquels le ballast a été emporté par des flots déchaînés. Inouï comme le nom du train qui transportait quelque 500 passagers qui se souviendront longtemps de leur voyage et de leur évacuation en pleine nuit à Tonneins – parfaitement maîtrisée par les secours, les personnels de la SNCF et les agents de la ville. Le jour d’après, à l’issue du remorquage du TGV, avait des allures de gueule de bois pour tout le monde devant les dégâts considérables sur la voie de chemin de fer. 200 mètres sont complètement à refaire, les pluies torrentielles ayant emporté la terre du remblai, la sous-couche et le ballast. Et si les travaux ont commencé dès après les orages, ils vont être longs, bloquant la liaison entre Toulouse et Bordeaux. La SNCF mise sur une reprise du trafic entre le me...