Ils ont beau critiquer son entre-soi germanopratin, l’emprise « galligraseuil » du nom des trois grandes maisons d’édition Gallimard, Grasset, le Seuil, les grands auteurs qu’il n’a pas su découvrir ou la faible proportion de femmes qu’il a distinguées depuis sa création en 1914 : il n’en reste pas moins que le prix Goncourt, le plus prestigieux de la dizaine décernée chaque année, reste incontestablement un temps fort de la foisonnante rentrée littéraire et une immense reconnaissance pour un écrivain et pour sa maison d’édition.
Ce lundi, après Lydie Salvayre en 2014, c’est un autre toulousain, Jean-Paul Dubois, qui a été honoré pour « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon » et qui va donc connaître la fortune. Non pas en espèces sonnantes et trébuchante puisque l’auteur ne recevra de Bernard Pivot, le président de l’Académie Goncourt, que 10 euros, mais la fortune dans les rayons des librairies où le Goncourt s’écoule à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires et rapporte quelque 3 millions d’euros en moyenne à l’éditeur.
En tout cas Jean-Paul Dubois – dont nous suivons avec délice la carrière depuis « Compte rendu analytique d’un sentiment désordonné » jusqu’à « Une vie française » en passant par « Kennedy et moi » ou « Vous plaisantez, Monsieur Tanner » – n’aura pas à connaître le revers de la médaille : l’infortune du Goncourt. Car pour certains lauréats, ce prix majuscule s’est transformé en cadeau empoisonné, changeant leur vie pour le pire et pas pour le meilleur. Une fois la gloire passée, ces auteurs se sont retrouvés comme écrasés par le prix, dévorés par la notoriété sans pouvoir la dépasser pour retrouver l’inspiration et poursuivre leur carrière. Comme certains chanteurs qui n’ont fait qu’un tube, ils n’auront été que les auteurs d’un livre.
Si l’attribution du Goncourt et des autres prix constituent un traditionnel rendez-vous de la rentrée littéraire, ils ne constituent qu’un des aspects de la passion française pour la lecture. Car au-delà des livres primés, les Français restent des lecteurs très éclectiques. Même s’ils ont le sentiment de lire de moins en moins et de manquer de temps pour la lecture, ils continuent à aimer l’objet-livre et plébiscitent tous les genres, du roman à la BD, du manga à l’essai historique, du livre pratique au… Goncourt évidemment. Avec sans doute à l’esprit ce que disait Montesquieu : « Je n’ai jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé ».
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 4 novembre 2019)
Ce lundi, après Lydie Salvayre en 2014, c’est un autre toulousain, Jean-Paul Dubois, qui a été honoré pour « Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon » et qui va donc connaître la fortune. Non pas en espèces sonnantes et trébuchante puisque l’auteur ne recevra de Bernard Pivot, le président de l’Académie Goncourt, que 10 euros, mais la fortune dans les rayons des librairies où le Goncourt s’écoule à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires et rapporte quelque 3 millions d’euros en moyenne à l’éditeur.
En tout cas Jean-Paul Dubois – dont nous suivons avec délice la carrière depuis « Compte rendu analytique d’un sentiment désordonné » jusqu’à « Une vie française » en passant par « Kennedy et moi » ou « Vous plaisantez, Monsieur Tanner » – n’aura pas à connaître le revers de la médaille : l’infortune du Goncourt. Car pour certains lauréats, ce prix majuscule s’est transformé en cadeau empoisonné, changeant leur vie pour le pire et pas pour le meilleur. Une fois la gloire passée, ces auteurs se sont retrouvés comme écrasés par le prix, dévorés par la notoriété sans pouvoir la dépasser pour retrouver l’inspiration et poursuivre leur carrière. Comme certains chanteurs qui n’ont fait qu’un tube, ils n’auront été que les auteurs d’un livre.
Si l’attribution du Goncourt et des autres prix constituent un traditionnel rendez-vous de la rentrée littéraire, ils ne constituent qu’un des aspects de la passion française pour la lecture. Car au-delà des livres primés, les Français restent des lecteurs très éclectiques. Même s’ils ont le sentiment de lire de moins en moins et de manquer de temps pour la lecture, ils continuent à aimer l’objet-livre et plébiscitent tous les genres, du roman à la BD, du manga à l’essai historique, du livre pratique au… Goncourt évidemment. Avec sans doute à l’esprit ce que disait Montesquieu : « Je n’ai jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé ».
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du lundi 4 novembre 2019)