La scène se passe au début de cette année. Alors que des millions d’habitants du nord des Etats-Unis sont confrontés à une vague de froid historique, Donald Trump ironise sur son compte Twitter. « Dans la belle région du Midwest, les températures ressenties atteignent – 60 degrés (Farenheit, – 51 Celsius, ndlr), le plus froid jamais enregistré. […] Que diable se passe-t-il avec le réchauffement climatique mondial ? S’il te plaît, reviens vite, nous avons besoin de toi ! » Comme la plupart des climatosceptiques, le président américain estime que, puisqu’il fait très froid, le réchauffement n’existe pas. Fake news clament avec lui ceux qui abhorrent Greta Thunberg et les scientifiques du Giec. Avec la vague de froid qui touche la France depuis jeudi, nul doute que cette thèse trumpienne sera reprise par certains.
Grossière erreur évidemment puisqu’il y a là confusion entre la météo et le climat, entre l’instant T et la tendance de fond. Il n’y a qu’à voir la courbe de température des hivers depuis plus d’un siècle pour se rendre compte que le réchauffement est une réalité scientifique incontestable. Ce qui n’est en rien incompatible avec des phénomènes extrêmes mais ponctuels, intenses mais localisés, comme cette « goutte froide » – évènement rare mais pas exceptionnel – qui annonce déjà l’hiver…
Pour un pays comme la France, ces phénomènes et leurs conséquences – routes bloquées, trains arrêtés, électricité coupée, etc. – sont toujours délicats à gèrer. Trop peu nombreux pour que nous investissions dans du matériel de déneigement coûteux qui ne serait que peu utilisé, mais assez pénalisants dans les régions touchées pour que les autorités ne puissent pas ne pas s’en préoccuper. C’est ce subtil équilibre qu’il faut bâtir entre exigences financières et nécessité de maintenir activité économique et vie quotidienne face à des intempéries qui, par nature, auront toujours une part d’imprévu.
(Editorial publié dans La Dépêche du Midi du samedi 16 novembre 2019)